Monaco-Matin

Le «basta» italien

- de DENIS JEAMBAR Journalist­e et écrivain edito@nicematin.fr

Sur un ton de donneur de leçons, Bruno Le Maire, notre ministre de l’Économie, adressait dimanche ce message aux Italiens : « Chacun doit comprendre en Italie que l’avenir de l’Italie est en Europe et nulle part ailleurs et que, pour que cet avenir soit en Europe, il y a certaines règles à respecter. » Réponse immédiate de Matteo Salvini, leader de la très très droitière Ligue, alliée désormais de Luigi Di Maio, leader du populiste Mouvement  étoiles (MS), dans la formation du nouveau gouverneme­nt italien placé sous la direction du juriste Guiseppe Conte, proche du MS : « Que les Français s’occupent de leurs affaires et ne mettent pas leur nez dans les affaires des autres!» Cet échange aigre en dit long sur l’état de l’Union européenne en dépit des efforts répétés d’Emmanuel Macron pour la remettre en marche. Car la France et l’Italie sont deux des six pays qui, en mars , lui ont donné naissance avec la signature du traité de Rome. Tout un symbole ! Après  ans de vie commune, ces deux pays fondateurs ne partagent plus la même vision de l’avenir. Triste paysage européen ! Tous ceux qui se sont réjouis du Brexit peuvent déchanter. Ce fut le signe précurseur d’un délabremen­t qui, depuis juin , ne cesse de s’amplifier. Le chacun pour soi triomphe, remplaçant le « tous pour un » pour tous qui devait rapprocher les nations composant l’UE. À l’est, la Pologne, la Hongrie, la République tchèque, l’Autriche dérivent vers l’extrême droite et n’écoutent désormais Bruxelles que d’une oreille distraite. Aussi bien en économie que dans le domaine des libertés publiques ou sur la question de l’immigratio­n, ces pays jouent à présent leur propre partition. C’est donc au tour de l’Italie de vouloir s’affranchir, avec ce nouveau pouvoir populo-extrémiste, des règles de gestion européenne­s. Plus grand monde ne croit à leur efficacité tant le pays est malade avec une dette supérieure à  % du produit intérieur brut, un chômage de plus de  %, une production industriel­le inférieure de  % à son niveau de , etc. ! Les Italiens ont donc décidé de dire «basta», de s’affranchir avec ce nouveau gouverneme­nt des contrainte­s européenne­s et d’ouvrir les vannes de la dépense. Comme les Grecs, il y a cinq ans. Athènes, on le sait, finit par rentrer non sans douleur dans le rang. Mais en partant à l’aventure parce qu’elle ne croit plus aux recettes de Bruxelles, l’Italie, troisième puissance de l’UE, ouvre à coup sûr une vraie période d’incertitud­e pour l’Union.

« Le Brexit fut le signe précurseur d’un délabremen­t qui, depuis, ne cesse de s’amplifier. »

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Monaco