Monaco-Matin

Monaco : Vasilyev se confie sans langue de bois

Le vice-président de l’AS Monaco Vadim Vasilyev fait le bilan d’une saison éprouvante. Le mercato qui n’a « pas été idéal » a beaucoup pesé sur les performanc­es de l’équipe

- RECUEILLI PAR FABIEN PIGALLE

L’AS Monaco a terminé sa saison en apnée. Une deuxième place arrachée dans les ultimes journées, grâce au travail, au mental, et avouons-le, un alignement des planètes favorable. Hier, le vice-président de l’ASM Vadim Vasilyev a accepté de prendre le temps de faire un bilan. Un jugement sans concession sur la difficulté de réussir un mercato. Une part d’incertitud­es et un pari sur l’avenir jamais gagné par avance. Une chose est sûre : Leonardo Jardim sera bien l’entraîneur de Monaco la saison prochaine. Pour le reste, la loi de l’offre et la demande s’en chargera. « Mais avec la volonté de construire une équipe plus compétitiv­e que la saison passée », assure-t-il.

Auriez-vous pu mieux faire cette saison ? On aurait pu terminer au moins troisième en phase de groupe de Ligue des champions, c’est vrai. Sinon, c’est une énorme satisfacti­on d’avoir cette régularité au sortir d’une saison exceptionn­elle avec le titre de champion. Cette deuxième place, c’est une fierté. La récompense de notre travail.

Un miracle ? Non. On s’est beaucoup investi. Derrière, c’est beaucoup de travail. Ce n’est pas un miracle. Mais on savait que ça allait être difficile, donc c’est une satisfacti­on et un soulagemen­t d’avoir atteint nos objectifs.

Avez-vous des regrets sur le dernier mercato ? Oui. Au niveau des arrivées, ça n’a pas été idéal. On a peut-être quelques regrets. Mais je tiens à souligner qu’un mercato ne peut pas se juger à l’issue d’une seule saison. Souvenezvo­us de Bakayoko, Bernardo Silva etc. Ils ont tous mis du temps à s’installer à Monaco. Il faut laisser du temps.

Mais peut-être auriez-vous dû garder plus de joueurs ? Je ne pense pas... Avec le recul nous n’aurions pas pu. Vous avez retenu contre leur volonté Fabinho et Thomas Lemar. Quelles leçons à tirer de tout ça ? On s’est dit qu’on ne pouvait pas laisser tout le monde partir. On en a retenu quelques-uns contre leur volonté. Avec le président (Dmitri Rybolovlev), on se pose la question de quelle position adopter dans le futur sur ce type de cas. Il n’y a pas de réponse évidente. On a constaté avec ces joueurs une baisse de performanc­e en les retenant. Même si ce sont des tops joueurs. Le mental est vraiment très important dans le football. C’est difficile à appréhende­r. Et nous devrons avoir bien ça en tête quand nous aurons à prendre des décisions dans des dossiers futurs. Personnell­ement, je ne pensais pas que ça pouvait avoir autant d’incidence dans la performanc­e. Mais en même temps, on ne peut

pas laisser partir tout le monde. Il n’y a pas de règle. Il faut marcher à l’intuition.

Y avait-il un problème Falcao en fin de saison ? Avez-vous passé un pacte avec lui en vue de la Coupe du Monde ? Non. Il avait des problèmes. On a pris en compte sa situation spéciale. Il était blessé, mais on ne voulait pas le forcer. Est-ce qu’on devait le forcer, au risque de le blesser pour plus longtemps ? Humainemen­t, pour moi , pour le coach (il pose sa main sur le coeur et grimace), je n’aurais pas pu vivre avec ça (qu’il rate la coupe du monde à cause d’une blessure). Je l’ai vécu avec lui il y a quatre ans. J’étais dans l’avion qui l’a amené à Porto pour se faire opérer (d’une rupture des ligaments croisés). Je savais, le coach savait aussi, qu’il n’était pas à %. De le forcer, s’il s’était blessé... (il grimace).

Vous en aviez parlé avec Falcao ? Oui. Lors du dernier match il a tenu à rentrer. Il a dit qu’il était prêt, qu’il se sentait à entrer. On savait qu’il n’était pas apte à jouer  minutes donc c’était inutile de le titularise­r. Mais je le félicite parce qu’il aurait pu ne pas entrer lors du dernier match (à

Troyes). Mais il nous a assurés avant la rencontre qu’il était prêt à aider l’équipe.

Peut-il partir cet été ? Nous souhaitons le garder. Après, si il y a une bonne offre et que c’est sa volonté... ça se discute. Nous n’en avons pas discuté. Comme pour les autres joueurs, ce n’était pas le moment. Il fallait rester concentré sur le championna­t.

Comment voyez-vous le mercato ? On va avoir des départs. Pas mal même. Mais aussi des arrivées. Le but étant de construire une équipe compétitiv­e. Plus que la précédente. On est déterminé, du président jusqu’au kiné, à faire mieux en Ligue des champions. C’était un échec cette année. Malgré les mouvements, on veut faire mieux.

Cela passe par le recrutemen­t de joueurs expériment­és ? Oui et non. Je ne suis pas convaincu. Vous savez, c’est l’une des raisons qui m’a poussé à faire venir Jardim à Monaco. Il avait réussi à être deuxième du championna­t du Portugal avec l’équipe la plus jeune de l’histoire du

Sporting. Il faut un équilibre, on ne peut pas parier uniquement sur les jeunes. Mais ça dépendra aussi des opportunit­és. Leonardo Jardim sera-t-il l’entraîneur de l’ASM la saison prochaine ? Oui!

Ça vous agace qu’on se pose la question à chaque fin de saison ? Oui ! Ça m’agace beaucoup.

Pourquoi pensez-vous ? Je ne comprends pas. Sûrement parce qu’il fait du bon travail. Il n’y en a pas tant que ça de top entraîneur en Europe.

Du coup, cela doit coûter cher de garder un entraîneur de cette qualité ? Je pense qu’il a un très bon contrat.

Que vous allez prolonger ? Ça se discute... On n’a pas à se précipiter, il a encore deux ans de contrat. Mais on en parlera un jour.

N’avez-vous pas peur qu’il se lasse ? Non, je le connais. Je sais qu’il est ambitieux. Mais il peut avoir l’ambition de coacher un club qui garde ses meilleurs joueurs ? Mais c’est justement la marque Jardim. Sa signature. Il est capable de s’adapter aux mouvements des mercatos. Je ne connais pas d’autres coaches capables de faire ça. Dans le futur, il pourrait avoir envie de faire comme les autres, mais pas dans l’immédiat. Mais c’est la marque Jardim, la marque AS Monaco.

Quelle est l’importance de la montée en D du Cercle Bruges dans le projet de l’AS Monaco, un club que vous avez racheté l’an dernier ? Il ne faut pas sous-estimer l’importance de ce projet. C’est une des grandes réussites cette saison. Le moment le plus fort que j’ai vécu cette saison, ça a été la montée du Cercle. Les huit dernières minutes, le penalty. Mon coeur a souffert. C’était important de monter rapidement. Le résultat, nous le verrons dans le temps. Vous, vous écrivez dans l’immédiat. Moi, je dois m’inscrire dans le futur en tant que dirigeant. Si on fait les choses bien, nos joueurs pourront évoluer là-bas et rentrer à Monaco ensuite pour aider le club. Nous n’aurions plus à dépenser  ou  millions pour un joueur.

Les affaires judiciaire­s de Dimitri Rybolovlev pourraient-elles avoir des répercussi­ons sur le club ? Non. Ce sont des affaires privées. Il est toujours impliqué dans le club, ambitieux. Il veut aussi faire mieux sur la scène européenne. Il m’a demandé de faire très attention au mercato et de renforcer l’équipe. Je le rappelle, il a pris la décision d’investir près de  millions d’euros dans le centre de performanc­e (centre d’entraîneme­nt de La Turbie). Preuve que nous nous inscrivons toujours sur le long terme.

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 ??  ?? Vadim Vasilyev, vice-président de l’ASM, entouré de Nicolas Holveck directeur général adjoint (à gauche), et Michael Emenalo (à droite) directeur sportif . (Photo EPA/MaxPPP)
Vadim Vasilyev, vice-président de l’ASM, entouré de Nicolas Holveck directeur général adjoint (à gauche), et Michael Emenalo (à droite) directeur sportif . (Photo EPA/MaxPPP)

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