Les malheurs de Sophie, agressée par un déséquilibré à Nice
Sophie, quinquagénaire niçoise, agent administratif, n’a eu qu’un seul tort. Celui de croiser la route, avenue de Verdun à Nice, d’un homme de 30 ans, athlétique, qui entendait des voix. De nationalité moldave, à peine débarqué en France, il a sauvagement et gratuitement roué de coups la malheureuse le 14 avril. Sophie n’a dû son salut qu’à l’intervention d’un témoin qui a lui même utilisé son casque de moto pour faire fuir l’agresseur Hier, à l’issue de l’audience du tribunal correctionnel, Sophie est repartie frustrée. Le tribunal s’est rangé à l’avis du second expert et a estimé que le prévenu n’était pas pénalement responsable de ses actes. Il sera donc soigné à l’hôpital et non en milieu carcéral. Il a été reconnu coupable de violences puis interné immédiatement. Le tribunal l’a interdit de séjour dans la région pendant cinq ans. Mais manifestement, Me Mir, l’avocat de Sophie, et Me Verrier, avocat d’une policière municipale contre laquelle Alexandru s’est rebellé, espéraient une autre décision.
Nez fracturé
Sophie s’est retrouvée avec le nez fracturé, la mâchoire abîmée, le visage tuméfié, les cervicales commotionnées… Le légiste a fixé à dix jours son interruption temporaire de travail. La victime, qui porte une minerve, a éprouvé un sentiment de peur intense voire de mort imminente. Elle n’a pu reprendre son travail. «Je suis sous antidépresseurs, explique-t-elle, entre deux sanglots à la présidente Laurie Duca. J’ai tout le temps peur quand je sors de chez moi. J’ai perdu 8 kg. Je revois la scène tout le temps, tout le temps; c’est un cauchemar…» «J’entendais une voix féminine », se justifie le prévenu. «Elle disait : frappe la, frappe la » Un premier expert n’a rien décelé lors de la garde à vue. Un second expert évoque «un épisode psychotique aigu» mais en voie de stabilisation grâce au traitement. «Il souffre de troubles mentaux graves et anciens qui le rendent dangereux pour lui-même et pour autrui». Sophie a du mal à comprendre: «Lui, il va retrouver un moment ou un autre sa liberté. Moi, les séquelles physiques et psychologiques, je les garde à vie. Je suis détruite. Je n’ai jamais fait de mal à personne. Il a traumatisé ma famille. Je lui en veux pour ça. »
« Au tribunal de nous défendre »
Me Adrien Verrier dénonce « l’amnésie à géométrie variable» du prévenu et lui tend les photos de Sophie pour le faire réagir. «Je lui présente mes excuses », murmure le prévenu. «Une fois qu’il a purgé sa peine, il doit être écarté du territoire national. Je demande au tribunal de nous défendre », exhorte Me Mir, «Il indique être venu en France pour des jours meilleurs. Il est en réalité venu pour tuer », renchérit Me Verrier. « Ça fait froid dans le dos que ce Monsieur puisse se retrouver en liberté», insiste le procureur Vinesse. «Je vous demanderai, eu égard à sa dangerosité, de retenir sa responsabilité pénale. » La magistrate requiert deux ans de prison, un maintien en détention et une interdiction du territoire national. Me Benkemoun, pour la défense, admet ne pas avoir d’autres arguments que «la maladie mentale extrêmement grave.» Une maladie qui ne permettait pas de le condamner sur le plan pénal.