Monaco-Matin

Olivier Beretta,  ans avant Charles Leclerc

En 1994, le Monégasque de 48 ans était sur la ligne de départ du Grand Prix. Il raconte ce souvenir et souligne son affection pour le jeune pilote local

- THIBAUT PARAT tparat@nicematin.fr

Il y a eu Louis Chiron, le pionnier. Charles Leclerc, le prometteur. Entre ces deux pilotes du pays, Olivier Beretta a porté les couleurs monégasque­s au sommet du sport automobile. C’était en 1994, sous la bannière de la modeste écurie Larrousse. À 24 ans, après une expérience en F3, F300 et des essais pour Lotus avec la 107B. « Avec un père et un oncle, pilotes de karting et de rallye, j’ai toujours été dans l’essence et les pneus. Alors courir à la maison en F1, c’était forcément un souvenir magnifique », se rappelle-t-il. D’autant que minot, l’homme de 48 ans zieutait la course de l’appartemen­t de sa grand-mère à SainteDévo­te. Ces rues, ces courbes, il les a, lui aussi, écumées en poussette, à vélo, à pied, en bus… À l’époque, le « S » de la piscine était moins rapide. Les bolides n’avaient pas de halo, ni de direction assistée, et les épaules sortaient du baquet…

« J’ai bloqué Schumacher pendant deux tours »

Parti 18e sur la grille de départ, le Monégasque achève les 78 tours en 8e position. Une belle remontada, devant ses proches, due à une succession de faits de course. « J’ai dû dépasser quelques voitures, profiter de quelques abandons. Le reste s’est fait durant les ravitaille­ments », détaille-t-il. Sur le premier freinage brusque, au volant de sa Larrousse LH94, le pilote se retrouve orphelin de ses écouteurs. Sans radio dans les monoplaces, non plus, pour échanger avec les stands. « Durant la course, j’avais Jyrki Järvilehto derrière. Quand son coéquipier Michael Schumacher a pris un tour sur tout le monde, il l’a laissé passer. Vu que je n’avais pas de radio et qu’ils avaient le même casque, j’ai bloqué Schumacher pendant au moins deux tours », sourit Olivier Beretta. Son expérience en F1 sera éphémère. Dix grands prix au compteur, seulement. Il termine 7e en Allemagne, 9e en Hongrie, 12e à Silverston­e. Mais un zéro pointé au classement, le régime de points de l’époque étant différent. « Larrousse était une magnifique structure avec des ingénieurs et mécanicien­s compétents. Mais il n’y avait pas d’argent. Sans sponsors, c’est délicat. Alors j’ai dégagé…» Et si le budget avait été là ? L’homme ne veut pas refaire l’histoire. D’autant que, depuis, son palmarès en course d’endurance parle pour lui. Moult trophées raflés aux 24 heures du Mans et aux 12 heures de Sebring. D’autant, aussi, qu’Olivier Beretta a pu reprendre le volant d’une F1 moins d’une décennie plus tard. « Pendant six ans, j’ai fait les développem­ents des pneus Michelin et pendant trois ans, j’ai roulé avec une Williams », détaille-t-il. Désormais en contrat avec Ferrari Corse Clienti – et pilote officiel de l’écurie en GT – il roule avec les anciennes Formule 1 de Gilles Villeneuve, Fernando Alonso, Alain Prost, Felipe Massa ou encore (Photo Jean-François Ottonello) Michael Schumacher. « J’effectue des tests avant que les clients, des collection­neurs, ne roulent avec. Je vérifie que toute l’électroniq­ue fonctionne bien… » En 2018, donc, « papy fait de la résistance », comme il l’avoue luimême. À 48 piges, toujours dans le circuit. Un conseil de vieux briscard pour Charles Leclerc ? « Il n’a pas besoin de conseils. Il est rapide, bien dans sa tête. Il ne fait pas d’erreur et a un excellent manager. Il ira loin et portera haut et fort les couleurs de Monaco. Lui a le talent, il faut que dans le futur, il monte dans une bonne voiture. »

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Olivier Beretta prend la pose sur un yacht amarré au port Hercule.

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