Le bon coup d’Ocon
Je me sens très heureux. » Difficile d’effacer le sourire du visage du Français de Force India Esteban Ocon. Le Normand, contre toute attente, est allé chercher une sixième place sur la grille de départ. Une énorme satisfaction, et un espoir fou, qui sait… Mais difficile de tomber dans le triomphalisme quand on sait la tâche qui l’attend aujourd’hui dans le circuit enivrant de Monaco, où la moindre erreur se paye cash. «Je ne m’emballe pas parce qu’il y a un long chemin à faire demain (aujourd’hui), confirme Ocon. Nous devons encore faire du bon travail en course, éviter les ennuis et ramener la voiture à la maison. » «Il est sur la troisième ligne? Je ne le savais même pas», apprenait après coup Charles Leclerc. Le Monégasque s’élancera en 14e position. « C’est super pour lui ! Il le mérite, c’est un très bon pilote. Force India a pas mal d’appui aérodynamique et cette piste leur convient bien. Il a fait un énorme job ! » Il faut dire qu’Ocon avait un peu caché son jeu cette semaine. En retrait durant les essais, il a créé la sensation en se hissant en sixième position sur la grille de départ grâce une séance de qualification rondement menée. Le pilote de Force India a porté le drapeau français jusqu’en troisième ligne. Lors de la dernière séance d’essai hier matin, Ocon n’avait accroché que le 13e temps en 1’12’’940. Bien loin de son top chrono d’1’12’’061 qui lui a permis d’être le meilleur Français hier. «L’équipe a fait beaucoup de travail pour améliorer la voiture en apportant des mises à jour à chaque course et c’est vraiment payant, avouait-il. Mon tour en Q3 ne me semblait pas être mon meilleur du weekend, mais la voiture fonctionnait bien et le temps au tour était
là. » Pour faire simple, derrière la Red Bull intouchable de Ricciardo, les deux Ferrari et Mercedes, c’est Ocon, et lui seul, qui a réussi à amener le museau de sa Force India. Améliorant de plus d’une seconde son temps de qualification de 2017. À l’époque, il n’avait pu faire mieux que le 16e chrono et n’avait pas pu passer en Q2. Dans ce rendez-vous où la position sur la grille de départ est quasiment décisive, le Français sait qu’il a une carte à jouer. Ici, tout est possible. Au final, dans les paddocks, la bonne humeur régnait côté Français. Charles Leclerc a avoué « ne pas pouvoir espérer mieux» , que cette 14e place. Pierre Gasly (Toro Rosso), 10e, était « très content d’avoir atteint la Q3. Ce qui est bien sûr un peu frustrant car on pense toujours qu’on aurait pu trouver ce dixième supplémentaire ». Seul Romain Grosgean (Haas) avait de quoi ruminer. « Ce n’est pas l’idéal pour nous de commencer 18e sur la grille», concédait-il. Le Français traînait une pénalité de trois places après sa sortie de route en Espagne. Des sorties, il y a des chances d’en voir. «Beaucoup de choses peuvent se passer, confirmait Leclerc. Quand un pilote fait une erreur, ça finit dans le mur. Il y a plus de chances de voir des abandons»… et donc des safetycar. En bord de piste, comme souvent, les stratèges vont se ronger les ongles. D’autres croiseront les doigts.
‘‘ Il a fait un énorme job ! ” Charles Leclerc au sujet d’Esteban Ocon