Les confidences intimes et drôles de Marlène Schiappa
Dans Si souvent éloignée de vous, lettre à mes filles, la secrétaire d’État en charge de l’Égalité des femmes et des hommes raconte son quotidien. Avec humour. Et parfois émotion
On la connaît pour son engagement politique et son combat pour l’égalité des droits entre les femmes et les hommes au sein du gouvernement. Un peu moins pour sa plume. Pourtant, à 36 ans, Marlène Schiappa a déjà écrit dix-huit ouvrages. Des romans, un Dictionnaire déjanté de la maternité, des essais et des guides. Souvent drôles. Toujours militants. La secrétaire d’État ne lâche jamais. Cette fois, Marlène Schiappa signe Si souvent éloignée de vous, un recueil de lettres adressées à ses filles. L’occasion d’ouvrir une porte de son intimité puisqu’elle dévoile ses relations avec les deux êtres qu’elle chérit le plus au monde : ses deux filles.
À travers ces lettres, on comprend qu’à et ans, vos filles ont déjà une conscience politique. C’est une fierté pour vous ? Oui, j’en suis très fière. Elles ont, en effet, une certaine conscience du monde qui les entoure et des grands enjeux. Je leur ai transmis un certain nombre de valeurs, c’est vrai. Mais elles ont également acquis seules certaines valeurs. Par exemple, cette conscience environnementale. Ce n’est pas moi qui les ai tellement sensibilisées. Elles ont conscience de l’eau gaspillée, des déchets accumulés, de la pollution… Le jour où elles ont compris que la viande venait des animaux, elles ont arrêté d’en manger.
Vous les grondez parce qu’elles se sont assises (elles étaient fatiguées) devant le Mémorial de la Shoah… Même chose pour une bague offerte par un enfant de ans à l’une d’elle… C’est beaucoup, non ? Beaucoup, oui. Trop, je ne sais pas. Il y a des choses qui semblent anecdotiques mais qui, pour moi, sont fondamentales. Dans l’éducation des enfants, nous les adultes, nous mettons du rationnel et de l’irrationnel. Peut-être qu’elles sont trop couvées, trop gâtées alors parfois je suis très sévère. C’est très difficile d’élever des enfants. Entre l’enfant dont on rêve, celui qu’on a et celui qu’on aurait voulu avoir…
On a l’impression que vous avez ceux que vous vouliez avoir… [rires] Oui, tout à fait.
Auriez-vous élevé des garçons de la même manière ? Non, bien sûr. Je me serais peutêtre moins investie. Des filles c’est idéal pour moi. On peut se raconter des histoires de copines. Un jour, vous avez dû choisir entre une fête de fin d’année et un séminaire gouvernemental. La mort dans l’âme vous choisissez votre travail. Vous ne le regrettez pas aujourd’hui ? Non, je ne regrette jamais rien. Appartenir au gouvernement de la puissance mondiale a des contraintes. Je n’avais pas d’autres choix. Mais c’est vrai que j’ai raté quelque chose qui ne se rattrapera jamais. Et je vais traîner ça toute ma vie. J’espère qu’elles oublieront quand elles seront adultes.
Vous écrivez « je me demande si je ne les briefe pas trop ? ». Vous avez la réponse ? Non, c’est une interrogation perpétuelle. Je reçois beaucoup de mails et de lettres de femmes qui se posent également ces questions. C’est difficile de trouver la bonne ligne entre
« laisser faire » et « trop contraindre ».
Vous écrivez : « J’ai voulu cocher toutes les cases ». C’est toujours l’objectif ? Je crois avoir coché pas mal de cases en effet. Je suis partie de rien, de zéro. Je n’avais ni relations, ni réseau, ni patrimoine, ni argent… Rien. Quand j’ai revendu ma première entreprise, j’aurais pu m’arrêter là. Mais j’ai continué. Je me suis engagée en politique, j’ai écrit des livres et j’ai obtenu des diplômes.
Reggiani, Hugo, Madame de Sévigné, Nietzsche… C’est assez classique comme références… Vous trouvez ? Il y en a d’autres ! Du rap, du cinéma… « Je ne suis jamais triste. Je n’ai pas le temps pour ça ». C’est vrai ? Oui, c’est vrai. Je ne supporte pas cela. Ni chez moi ni chez les autres. La vie est trop courte ! Je ne vais pas passer une journée à être triste ! Pourtant il arrive que des événements soient tristes… Oui mais je ne veux pas être triste plus d’une heure. Après j’essaie de transformer la tristesse en énergie et en créativité. Se complaire dans la tristesse c’est insupportable. Cynthia c’est moi qui l’ai inventée. Elle correspond à des archétypes. Ça doit être un truc de romancière. J’en invente beaucoup d’autres quand je raconte des histoires à mes enfants ! Mais Philippe ce sont elles qui l’ont inventé. Le couvert c’est juste pour pousser la blague.
Je ne regrette jamais rien ”