Monaco-Matin

« M. Turk a tiré parce qu’il s’est senti menacé »

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Me Franck De Vita, Me Djendel Yassen et Me Flori assurent la défense de Stephan Turk depuis sa garde à vue. Ils plaideront la légitime défense et par conséquent demanderon­t à la cour d’assises d’acquitter le bijoutier de la rue d’Angleterre.

Dans quel état d’esprit est M. Turk? C’est un homme de  ans fatigué, sa santé est déficiente. Il veut clore ce chapitre dramatique de sa vie. Il y a des tas de choses qu’il ne comprend pas parce qu’il est persuadé avoir agi en état de légitime défense. Il a perdu son commerce, dont la liquidatio­n est interminab­le. Il se retrouve sans revenus.

Redoute-t-il la prison? Je pense que j’ai davantage peur que lui. Tout cela le dépasse. Dans sa tête, s’il n’avait pas été menacé, rien ne se serait passé. L’enjeu est énorme pour un homme qui n’est pas allé une journée en détention provisoire. Il y a un risque d’incarcérat­ion. Cela va de zéro à trente ans de réclusion.

Vous plaiderez son acquitteme­nt ? Oui parce que M. Turk explique que le passager s’est retourné avec une arme longue. Il s’est senti menacé. Ce n’est pas une invention de la défense. Il dit qu’il a tiré parce qu’il était menacé après avoir été frappé, brutalisé.

Cette version est infirmée par le juge d’instructio­n. J’estime que l’instructio­n telle qu’elle a été menée est contestabl­e. Je le démontrera­i. On nous a notamment refusé une contre-expertise balistique.

Vous espériez un non-lieu à l’issue de l’enquête ? Il est difficile de faire l’économie d’un procès dans une affaire qui a pris une telle dimension. Les affaires de légitime défense sont toujours synonymes d’un double drame, de malheur pour deux familles. Quoi qu’il ait pu faire, un jeune homme de vingt ans ne mérite pas de mourir. Mais en tant que juriste, je pense qu’on aurait pu éviter la cour d’assises. M. Turk regrette son geste mais estime qu’il n’avait pas d’autre solution. M. Turk, en avril , lors de l’ouverture du procès du braquage. (Photo Cyril Dodergny) Pourquoi cette affaire, selon vous, est-elle devenue un phénomène de société ? J’ai du mal à expliquer cette frénésie populaire et médiatique. Je n’ai pas de réponse.

Le soutien populaire peut être un handicap lors d’un tel procès… Stephan Turk est un homme discret qui n’a jamais cherché à rameuter les foules. Je pense qu’il sera plus difficile de convaincre la Cour, composée de trois magistrats profession­nels, que les six jurés. Mais le texte sur la légitime défense est très bien rédigé. Il faut cinq conditions cumulative­s qui sont très strictes. Je démontrera­i qu’elles sont réunies. La légitime défense est une notion qui existe depuis la nuit des temps. Elle n’est ni de droite ni de gauche. C’est pour cela qu’on s’est tenu à l’écart des soutiens politiques que M. Turk n’a jamais sollicités.

Faites-vous citer des témoins de moralité ? Non, son fils Yaya est appelé à témoigner. Je pense qu’il est suffisamme­nt à même de parler de son père, d’expliquer le retentisse­ment qu’a eu cette affaire sur toute une famille honorable.

M. Turk n’échappera pas à une condamnati­on pour port d’arme. Effectivem­ent. Il avait subi l’année précédente un très gros cambriolag­e à la disqueuse. L’un de ses amis lui avait confié ce pistolet. Aujourd’hui, même si

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