Monaco-Matin

Carl Nixon a reçu les clés de la résidence Mansfield

Chaque année, au printemps, un auteur néo-zélandais reconnu par ses pairs est invité à travailler dans les lieux où s’installa la grande Katherine Mansfield, pour y trouver l’inspiratio­n

- ALICE ROUSSELOT arousselot@nicematin.fr

Carl Nixon prend naturellem­ent la place du marié. Sa femme, tout aussi naturellem­ent celle de la mariée. Côte à côte pour observer les époux de Cocteau. Dans leur dos, un public franco-anglais ravi par l’union qui se prépare – un brin atypique. Lauréat du prestigieu­x « Katherine Mansfield Menton Fellowship », le romancier et dramaturge Carl Nixon vient en effet, ce vendredi, prêter le serment d’occuper (avec amour) une petite maison de Garavan. Comme de nombreux représenta­nts de la littératur­e kiwi l’ont fait avant lui, depuis 1969. Car la villa en question était autrefois habitée par Katherine Mansfield, célèbre écrivain du début du siècle, dont toute la Nouvelle-Zélande revendique l’héritage.

Résidence d’auteur pour un mois à Garavan

La coutume veut qu’on lui remette officielle­ment la clé du mémorial en mairie, dans l’emblématiq­ue salle des mariages. À la fois vitrine de Menton et espace où se tissent des liens puissants. « Nous espérons que vous allez apprécier votre séjour ici, déclare en anglais l’adjointe en charge de la culture, Martine Caserio. Vous allez découvrir l’état d’esprit particulie­r des Mentonnais. Mais je pense que vous l’aimerez… » Pour lui permettre de rencontrer du monde et de s’intégrer au mieux dans le monde culturel mentonnais, l’élue propose à Carl Nixon de remettre la Fougère d’argent Katherine-Mansfield au lycéen lauréat, samedi prochain (lire ci-dessous). Invitation à laquelle il s’empresse de répondre par l’affirmativ­e. « C’est très agréable de voir autant de monde », commente par ailleurs l’auteur, précisant être désolé de ne pas pouvoir parler français (personne ne l’étudiait lors de sa scolarité). «Je suis ici pour un mois. Et j’ai déjà testé l’état d’esprit dont vous parlez. Il est chaleureux et sympathiqu­e », s’esclaffe-t-il après avoir observé les réactions. « Vous semblez surpris… mais c’est vrai ! enchaîne-t-il. Et sachez que c’est le rêve de tout écrivain néo Zélandais de venir ici. Cela signifie qu’on est arrivé en haut de l’échelle. D’ailleurs, tous les grands écrivains de mon pays sont venus à Menton. C’est vraiment un grand honneur. » Et de prendre, un instant, le ton de la confidence. « Je dois vous dire un secret : la clé m’a déjà été remise. J’ai déjà commencé à travailler, Menton m’inspire. ». Dans une interview accordée il y a six mois au journal néo-zélandais Stuff, il expliquait travailler en ce moment sur un roman ayant pour décor l’Angleterre. Aussi sa prochaine étape devrait-elle être Londres, pour réaliser quelques recherches. Un autre secret, également confié à Stuff ? Il n’a jamais été particuliè­rement passionné par les écrits de la légendaire Katherine Mansfield. « J’aime et je respecte les nouvelles, mais, peut-être parce que je suis un homme, je ne me suis jamais retrouvé dans l’univers de Katherine Mansfield. Quand je cherchais de l’inspiratio­n auprès d’auteurs, j’ai plus volontiers regardé du côté d’Owen Marshall ou de Maurice Gee. Tous deux sont d’une génération postérieur­e à celle de Mansfield, ils écrivaient quand j’étais adolescent. » Désormais adulte, Carl Nixon s’inspire assurément de sa propre expérience. Et pourquoi pas des lieux où il est entré en résidence…

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(Photo A.R.) Carl Nixon, entouré de sa femme et de ses enfants, ainsi que de l’adjointe à la Culture, Martine Caserio et du représenta­nt de la fondation Mansfield, William Rubinstein.

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