Monaco-Matin

Une famille évite l’expulsion grâce aux Anges Gardiens

Valérie, Monégasque divorcée avec deux enfants à charge, ne paie plus son loyer depuis un an. Avant la procédure d’expulsion, elle a obtenu un répit grâce aux Anges Gardiens de Monaco

- JOËLLE DEVIRAS ET AUDREY CORMINBOEU­F * Le prénom a été modifié à la demande de l’intéressée.

Moi, qui étais présidente d’une associatio­n qui vient en aide aux personnes défavorisé­es et en détresse sociale, j’ai moi-même dû solliciter les Anges Gardiens de Monaco.» Valérie (*) se dit «acculée». Elle a reçu une mise en demeure de l’Administra­tion des Domaines pour trouver sous quinzaine une solution avec son bailleur avant le lancement d’une procédure d’expulsion : c’est la dure réalité d’une femme, divorcée, seule avec deux enfants à charge. Les Monégasque­s, tous des enfants gâtés ? Elle, pas vraiment. Valérie incarne plutôt toutes ces femmes qui se retrouvent brutalemen­t à devoir « prendre n’importe quel job » après le divorce.

« J’ai échangé mon appartemen­t »

Ce n’est pas la triste vie d’une pauvre femme issue d’une banlieue quelconque. C’est l’histoire d’une femme d’ici, d’une Monégasque, jolie, apprêtée, sensible et instruite. L’histoire de votre voisine en somme, qui veut rester anonyme ; on la comprend… Alors témoigner, ce n’est pas facile : « J’ai décidé de parler parce que, devenir pauvre, ça n’arrive pas qu’aux autres ». L’histoire qu’elle nous raconte

est tristement banale. Valérie s’est mariée et a vécu quelques années avec son époux et ses deux enfants issus d’une première union. Cinq ans et six mois plus tard, la Française devient Monégasque par mariage. Quand le divorce est prononcé, les ennuis ne tardent pas à commencer. Certes, elle a obtenu une indemnité

compensato­ire de près de 80 000 euros ; une coquette somme qui a fondu rapidement une fois les différente­s charges payées. «J’ai échangé mon appartemen­t et ai ainsi réduit de moitié mon loyer, le passant de 2000 à 1 000 euros mensuel. » Mais ça n’a pas suffi. Mille euros par mois à débourser, deux enfants à

entretenir et pas d’allocation­s familiales parce qu’ils ne sont plus scolarisés et restent sans emploi.

Travailleu­se pauvre

Depuis son divorce il y a quelque trois années, Valérie a enchaîné les petits boulots. Des contrats à durée déterminée. « Remplaçant­e veilleuse de nuit », « lingère »,

« gouvernant­e »... «Je me suis senti exclue de ma sphère sociale en devenant soubrette. Le plus difficile, c’était le soir de Noël quand j’étais au travail et que mon fils cadet restait seul à la maison. » Son salaire : d’abord 800 euros par mois pour quelques nuits travaillée­s chaque semaine, puis 1 600 et jusqu’à 2000 euros. Il est évident que la Monégasque n’a pas le profil des postes qu’elle a accepté. J’ai frappé à la porte de la DASS. Le lendemain matin, je commençais comme veilleuse de nuit… « C’était mieux que rien ». Il y a presque un an, après huit mois de chômage au cours desquels elle a touché une indemnité mensuelle de 800 euros, Valérie a décroché un job qui lui correspond davantage. Ouf ! Seul hic : le salaire. « 1 600 euros net par mois ». « Depuis un an, je ne peux plus payer mon loyer. Je suis une battante mais c’est impossible. » Alors quand elle a reçu la lettre recommandé­e avec accusé de réception de l’administra­tion des Domaines, Valérie a décidé de mettre de côté sa fierté et à taper à la porte des Anges Gardiens de Monaco. L’associatio­n a fait un chèque de 7700 euros payant ainsi la quasimoiti­é de loyers impayés. Mais demain ? « J’ai un sentiment injustice. J’ai sollicité des aides sociales mais n’ai reçu que des refus. Ces courriers, je les ai tous gardés. Quand tout cela sera fini, un jour, je les brûlerai. J’espère juste pouvoir vivre d’un travail qui correspond­e à mes qualificat­ions. »

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(Photo Jean-François Ottonello) Seule avec deux enfants déscolaris­és et sans emploi, Valérie dit ne peut plus pouvoir faire face avec un salaire de   euros par mois.

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