Identifié après ans d’enquête, le voleur d’une Porsche en fuite
Dans la nuit du 24 au 25 juin 2015, un véhicule Porsche Panamera était volé sur le parking d’exposition du concessionnaire automobile « BAC Monaco », au bas de la rue Grimaldi. Le malfaiteur défonçait la barrière amovible dans sa fuite. Comment avait-il pu démarrer ? Rouler sans être repéré ? Dans ce genre de voiture haut de gamme, le dispositif antivol est pourtant des plus sophistiqués… N’était-elle pas « géolocalisable » au tarif approximatif d’une centaine de milliers d’euros ? Visiblement son coup semblait bien préparé pour dérober cette sportive, avec autant d’assurance et de désinvolture. Le malfaiteur avait simplement fracassé et vidé le tiroir où se trouvaient les clés des véhicules… C’est le début d’un long travail pour les enquêteurs de la Sûreté publique. À la manière des bénédictins, sans relâche, ils observent les relevés d’empreintes, analysent les traces ADN. Jusqu’à comparer la moindre parcelle papillaire relevée et lancer de multiples recherches dans l’Hexagone. Au bout de trois années d’acuité d’esprit, collecte et compilation de précieux renseignements, les limiers monégasques ont mis un nom sur l’auteur des faits. C’est un Français de 21 ans, sans domicile fixe, actuellement dans la nature. Cité à comparaître devant Âgé de ans au moment des faits, le prévenu SDF risque un an de prison ferme.
le tribunal correctionnel, le prévenu était absent à l’audience.
Le coup de la panne aux abords de Nice
Le président Jérôme Fougeras Lavergnolle, après un rapide rappel des faits, met en exergue le comportement de l’individu. « Le lendemain, les inspecteurs sont informés par leurs collègues français d’une suspicion apportée par la gérante d’une station-service de Saint-Laurent-du-Var. Elle avait été intriguée par l’attitude d’un jeune homme
qui s’était arrêté pour faire le plein d’essence. Puis reparti car il manquait d’argent… » Cette disette numéraire était-elle possible quand on possède pareille berline ? À court de carburant, le voleur ne franchissait pas une très longue distance… Volée quelques heures plus tôt, la Porsche était abandonnée sur l’autoroute urbaine sud. Au cours d’une ronde, en effet, les policiers niçois repéraient la luxueuse allemande « larguée » sur le bas-côté de la voie Pierre-Mathis, à Nice, non verrouillée, (Archives MM)
avec personne à bord. Ils planquaient pendant des heures afin de capturer l’auteur du délit ... Aucun conducteur ne se manifestait… La voiture dérobée était alors restituée au concessionnaire monégasque. Non sans avoir passé l’intérieur de l’habitacle au peigne fin. « Les relevés ADN, poursuit le président, mènent les enquêteurs sur la piste d’un SDF qui a été hébergé dans un foyer de Strasbourg entre 2016 et 2017. Son casier judiciaire compte neuf condamnations pour vols par les tribunaux de Toulon, Lausanne, Béziers. Aujourd’hui, le prévenu est toujours dans la nature… »
Qui était le passager du véhicule?
À son tour, le procureur Cyrielle Colle apporte des précisions sur les investigations menées par les policiers. « Sur la vidéo, on voit bien qu’il y a un seul auteur. C’est celui dont on a retrouvé les empreintes papillaires sur le volant et à l’intérieur de la Porsche. Certes, il y a deux ADN et deux empreintes différents. Mais rien ne relie les traces laissées par le conducteur à celles prélevées sur le côté passager. En cas de doute, il faut distinguer les marques laissées sur la portière passager qui devraient correspondre à une personne prise en stop et ignorant tout du vol. Les photos obtenues n’ont rien apporté de plus avec leur comparaison avec les images vidéo… » Avant de requérir une peine d’un an de prison ferme et 2 000 euros de dommages pour la barrière, la représentante du parquet a rappelé : «Les éléments à charge dénoncent un malfaiteur défavorablement connu pour se livrer à des vols de véhicules. Ce personnage, complètement désocialisé, avait dix-huit ans au moment des faits. » L’affaire a été mise en délibéré jusqu’à mardi prochain.