Monaco-Matin

Saint-Laurent : la case prison pour des convoyeurs de fonds

Deux employés d’une société laurentine ont été condamnés à trois ans de prison ferme par le tribunal correction­nel de Grasse. Ils avaient détourné 500 000 euros. L’un d’eux est en fuite

- JEAN STIERLÉ

Quelle est la différence entre une liasse et une botte de billets de banque ? Une liasse en contient cent et une botte… mille de même valeur ! En billets de 500 euros, cela représente un magot de 500 000 euros qu’ont dérobé deux employés d’une société spécialisé­e de Saint-Laurent-du-Var (ProségurTt­raitement de valeurs Azur). Le 13 mai 2016, Hatim Chebli, 27 ans et Bouaza Nedjadi, 37 ans, se rendent sur leur lieu de travail comme à leur habitude. Salariés modèles, ayant pour l’un d’eux plus de dix ans d’ancienneté, ils manipulent des caisses de billets à longueur de temps. Une manutentio­n qu’ils effectuent dans un sas pour passer d’un local sécurisé à un autre. En l’occurrence la salle des coffres. Des lieux très sécurisés, et vidéo surveillés. Et pourtant, de retour du weekend prolongé de Pentecôte, le directeur constate qu’une botte a disparu le vendredi précédent. Il suspecte deux salariés qui ont quitté leur poste à la fin de la journée. L’un deux s’est éclipsé sans prévenir : il a filé à l’anglaise au Maroc via l’Espagne. L’autre a posé des jours de congés pour passer un week-end prolongé en famille du côté de Nîmes. Tous deux se feront appréhende­r par les policiers de la BRB de la PJ de Nice. Le premier en Espagne après plusieurs mois de cavale, sous le coup d’un mandat d’arrêt européen. L’autre, dès le 17 mai à son retour au travail, feignant d’ignorer toute implicatio­n dans le tour de passe-passe auquel les deux compères se sont livrés ! Hatim Chebli est en détention provisoire depuis janvier 2018. Bouaza Nedjadi, après huit mois de détention provisoire, a obtenu une libération conditionn­elle.

Dissimulé sous un vêtement

Le tribunal correction­nel de Grasse, présidé par Martin Delage, a visionné les images vidéo : on constate que les voleurs portent un vêtement noué autour de la taille ou autour des épaules dont ils se sont servis pour dissimuler une botte. Les deux prévenus s’en défendent, nient obstinémen­t les faits, expliquent qu’ils ne sont pas amis, juste collègues. Pourquoi un départ précipité de France ? « Je suis juste parti, j’étais en dépression, je suis allé rejoindre ma fiancée au Maroc via l’Espagne, se défend Hatim Chebli. Je me sentais visé, j’ai appris l’affaire par les médias. » Cela ne convainc pas le procureur de la République, Valérie Tallone, qui requiert trois ans ferme avec mandat de dépôt contre les deux prévenus. La partie civile réclame le remboursem­ent de la somme dérobée et 20 000 euros pour le préjudice commercial. Me Elodie Cardix plaide que son client ne s’est pas enfui puisqu’il aurait pu rester au Maroc indéfinime­nt, que les perquisiti­ons à son domicile et chez sa mère n’ont rien donné. Le conseil de Bouaza Nedjadi, Me Julien Blo, pense que son client n’a rien dérobé, ayant «les mains encombrées d’une bouteille d’eau et d’un paquet de cigarettes à la sortie de son travail ». Le butin, qui tient dans une boîte à chaussures, n’a jamais été retrouvé. Tous deux ont été condamnés à trois ans de prison ferme. Mais Nedjadi a profité du délibéré pour disparaîtr­e. Un mandat d’arrêt a aussitôt été lancé à son encontre.

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