L’ÉDITO Les G sont devenus des G
L’image vaut mieux que tout un commentaire. Ainsi retiendra-t-on de la rencontre des grands de ce monde au Canada une photographie, une seule [voir ci-contre], qui résume l’état actuel des relations entre les pays les plus industrialisées du monde et les États-Unis. On y voit Donald Trump assis derrière une table, les bras croisés, l’air dominateur, un petit sourire ironique vissé sur les lèvres. Face à lui, les six autres dirigeants du G sont restés debout face à lui. Les bras appuyés sur la table, Angela Merkel semble l’interroger sur ses intentions. Emmanuel Macron ne la quitte pas des yeux. Le Premier ministre japonais, imperturbable, écoute la conversation comme avec résignation. Une lourde atmosphère semble peser sur tous les participants. Goguenard, Donald Trump attend que la chancelière ait fini de parler. Tout est dit. Les G sont devenus G. Le Président américain n’en a que faire. Il est arrivé le dernier au Canada, il est parti le premier. Il a bien eu, avant-hier, quelques mots aimables pour Emmanuel Macron mais, depuis qu’il a mis un pied dans la grande salle de réunion, il n’a pas changé d’un pouce. On l’accuse de malmener le commerce international en changeant les règles du jeu, en taxant l’aluminium et l’acier. Il répond que ce sont les autres pays qui veulent affaiblir l’Amérique. Et que c’est à eux d’y mettre bon ordre. « America first » ,son slogan n’a pas évolué. Pour finir d’ailleurs, après avoir paraphé le
« Cela s’appelle un fiasco. Bref, Trump se fiche du G6 comme de sa première chemise ».
communiqué final, il retire sa signature, vingt-quatre heures plus tard, sur un prétexte qui ne tient pas la route. Cela s’appelle un fiasco. Bref, Trump se fiche du G comme de sa première chemise. Son seul objectif est de démontrer à son électorat américain que, grâce à lui, les États-Unis sont prospères et n’ont que faire du reste du monde. Et que le protectionnisme est la clef de l’opulence. Les chefs d’État et de gouvernement européens, canadien et japonais n’ont qu’à se débrouiller sans lui. L’Europe, en particulier, doit se le tenir pour dit. Le problème, pour elle, est qu’elle n’a jamais été aussi faible. Elle ne doit trouver qu’en elle-même la force de rebondir.