DES LINGOTS D’OR PRODUITS À MONACO
La société Aurum Monaco s’apprête à produire ses premiers lingots en Principauté. Une aventure inédite portée par une éthique éco-responsable et la technologie vertueuse de la blockchain
La société Aurum Monaco a pris possession de la toute première raffinerie d’or en Principauté. Chaque jour, kg du précieux métal seront bientôt raffinés, selon des procédés éco-responsables et novateurs.
Chez Aurum Monaco, on est très « low profile ». C’est donc ni vu ni connu que la société monégasque vient de boucler le chantier de la première raffinerie d’or de la Principauté ! 400 m2 de locaux hypersécurisés, au coeur d’un immeuble industriel, d’où sortiront prochainement les premiers lingots d’or made in Monaco ! Sur place, pour l’heure, pas de Picsou nageant dans le précieux métal ou de Louis de Funès s’assurant que le compte y est, mais des tests avant un début d’activité prévu fin d’été. De l’or raffiné dans un laboratoire aux airs de Fort Knox, au point que la Brink’s, partenaire de la société Aurum pour le fret comme la sécurisation des lieux, ait installé un bureau à demeure. Il faut dire aussi que l’or de Monaco attise toutes les curiosités, à commencer par son modèle de production résolument éthique et garanti éco-responsable.
« On doit être au-dessus de tout soupçon »
« Nous sommes dans une phase de tests internes de calibrage, confie Selim Fendi, associé principal d’Aurum Monaco. La concurrence nous regarde et à la moindre erreur on se fait crucifier. On doit être audessus de tout soupçon et plus propre que propre, s’assurer de pouvoir produire de l’or 9.999. » Une finesse standard de 9.999 sur 1000 (24 carats) qui serait déclinée en lingots de 250 g, 500 g, voire 1 kg. Un or pur, supérieur au standard bancaire, dit LBMA, de 9.995. De l’or barré, des « dorés » dont la particularité est d’être traités par électrolyse. De l’eau, de l’électricité et de l’acide chlorhydrique permettant de ne pas utiliser des produits chimiques dangereux, tels que les acides nitriques ou le cyanure, pour purifier le noble métal. Cuivre et métaux étant récupérés dans des bacs spécifiques. Des exigences environnementales éprouvées jusqu’à garantir, par l’utilisation de douches spécifiques, que les fumées nées du traitement de l’or seront expulsées «plus pures que l’air extérieur ». « Plus il y a d’impuretés et plus le process est long. On est peut-être l’une des seules raffineries d’Europe à savoir traiter du 65 % d’impureté, ce qui est fou, avance Azzedine Ouarab. On a jusqu’à 30 % d’impuretés dans l’or qui provient de nos mines d’Amérique latine, essentiellement du cuivre et de l’argent. Et 15 % d’impureté pour nos importations d’Afrique. » L’administrateur d’Aurum Monaco précisant l’incidence de la moindre molécule. «Les seuls qui font du 9.9999, de l’or pur où il ne manque que la dernière molécule, c’est Thalès par exemple, pour des composants qui vont dans l’espace. Cette dernière molécule fait passer le prix du lingot de 35000 à 350000 euros!»
« Un intérêt énorme » des joailliers monégasques
Du pesage à l’affinage, en passant par le contrôle qualité et la fonte, trois employés seront dédiés au process de purification. Quatre autres assurant les opérations de trading dans les pièces attenantes. Privilégiant un circuit court d’export, ils auront pour mission d’abreuver le marché européen. Des banques, investisseurs privés, voire un jour des Banques centrales… Et en premier lieu, les bijoutiers et joailliers monégasques. «Il y a un intérêt énorme », assure Selim Fendi, dont le projet n’aurait pu voir le jour sans l’appui du président de la Chambre monégasque de l’horlogerie et de la joaillerie, Claude Cardone. Pour coller à l’exigence et l’excellence de Monaco, Aurum entend associer éco-responsabilité et éthique. Contrairement à une raffinerie classique, les collaborateurs garantissent ainsi une traçabilité totale, allant chercher eux-mêmes les produits raffinés, pour moitié en Amérique latine, pour l’autre en Afrique. Uniquement du « Green Gold ». «Nous n’acceptons pas les bijoux retraités et tout ce qui n’a pas été contrôlé dès l’origine, pour éviter les risques de vols », plaide Azzedine Ouarab. Dernier détail, et pas des moindres, chaque lingot sera traité au laser et non estampillé avec des presses traditionnelles. Permettant ainsi un traitement et un suivi informatique pour intégrer la blockchain…