Monaco-Matin

« Besoin d’un déclic »

Ancien défenseur du Gym (2009-2011), Grégory Paisley sera lui aussi en Russie où il officiera sur beIn Sport durant la Coupe du monde

- PROPOS RECUEILLIS PAR MATHIEU FAURE

Pas retenu dans la liste des 23 de Didier Deschamps, Grégory Paisley ira quand même en Russie pour sa première Coupe du monde. A 41 ans, l’ancien défenseur des Aiglons sera de l’aventure beIn Sport puisqu’il officiera avec Philippe Genin, avec qui il commente la Serie A italienne et les coupes européenne­s. Avant de grimper dans son avion pour la Russie, ‘‘Greg’’ s’est livré sur les Bleus. Comme souvent avec l’ancien défenseur, le plaisir était partagé.

Comment sentez-vous les Bleus à quelques encablures du match contre l’Australie ? La préparatio­n a été mi-figue miraisin mais je retiens toujours ce problème d’équilibre, que ce soit défensif ou offensif. On n’est pas encore suffisamme­nt compact. Face aux USA, on prend un but sur la première occasion américaine, juste avant la pause, ce sont des choses qu’il faut apprendre à gommer.

On a beaucoup parlé des latéraux Benjamin Mendy et Djibril Sidibé... Quand tu te fais les croisés au genou comme Mendy, on dit souvent que le délai pour prétendre au plus haut niveau, c’est un an. Je veux bien que Mendy soit une machine mais c’est étonnant de le voir titulaire si rapidement. Après, Deschamps n’est pas fou, il sait ce qu’il fait. Mais ce qui m’inquiète concernant Sidibé et Mendy, c’est qu’après leurs blessures et leur retard physique, leurs lacunes défensives sont encore plus criantes. Si tu as deux latéraux fragiles, qui se jettent vite, tu fragilises ta charnière centrale. Face aux USA, Umtiti et Varane étaient rapidement exposés car les latéraux montaient trop vite et trop haut. Et quand tu vois les rentrées très propres de Pavard et Hernandez, tu te dis qu’il y a des choix à faire. A l’heure actuelle, la défense est la grosse source d’interrogat­ion. Tu sens qu’il y a un manque de complément­arité défensif que tu peux payer cash quand tu vas rencontrer une vraie équipe dans un match à enjeu.

Le XI aligné face aux USA sera-til le même que face à l’Australie ? Dans la logique, oui. Mais tu es quand même obligé de te poser des questions après la prestation ratée de Lyon. Il y a de la fragilité à plusieurs postes, moi j’ai la sensation qu’une défense Pavard-Varane-KimpembeHe­rnandez serait plus équilibrée.

On a beaucoup parlé de Paul Pogba, est-ce un souci pour les Bleus ? Paul a un statut, qu’on le veuille ou non. On en attend monts et merveilles, sans doute trop, et on se focalise tellement sur lui qu’on en oublie les autres, y compris quand ils sont moins bien. Pobga brillera si l’équipe est équilibrée. Il faut donc trouver une certaine harmonie. Là, c’est encore timide, ça manque de cohésion. Sur le papier, un trio Kanté-TolissoPog­ba sait tout faire. Ils ont du coffre, de la technique et sont plutôt adroits dans la surface adverse. Tu peux aussi jouer avec un meneur de jeu façon Fekir derrière MabppéGrie­zmann.

Et sacrifier Giroud ? Non, pas forcément. J’ai joué contre lui quand il débutait, c’est un mec qui fait constammen­t chier une défense. Il pèse et va faire briller les autres, libérer des espaces. C’est un profil atypique et particulie­r, tu as besoin d’un Giroud en équipe de France.

Jusqu’où peuvent aller les Bleus ? Nulle part (rires). Ou au bout. C’est le souci de cette équipe, on a l’impression de jeter une pièce en l’air. Potentiell­ement, la France (Photo beIN Sports/Federico Pestellini)

peut aller en finale, tu as des joueurs qui évoluent dans les plus grands clubs européens, Varane vient de gagner une quatrième Ligue des champions au Real Madrid, etc. Mais c’est une équipe irrégulièr­e, qui n’a pas encore eu de déclic. A l’Euro, ils ont mis du temps à se mettre en route par exemple.

Un favori pour ce Mondial ? Rien d’original : Espagne, Allemagne, Brésil. Ce sont souvent les mêmes au bout dans une Coupe du monde où tu as rarement de surprises dans le dernier carré. J’ai envie de voir la Belgique, cette équipe me fait penser à la France, avec beaucoup de qualités individuel­les mais une interrogat­ion sur le collectif. Même si c’est difficile de créer des surprises en Coupe du monde, l’écart entre les pays s’est resserré. Et beaucoup de nations que l’on présente comme n’ayant aucune chance de bien figurer comptent quand même des joueurs de classe mondiale qui évoluent dans des top clubs : Salah en Égypte, Mané au Sénégal, Keylor Navas au Costa Rica.

Ça va être votre première Coupe du monde en tant Oui, et quand j’étais joueur je n’avais absolument pas prévu de me reconverti­r là-dedans, d’ailleurs. C’est le Media manager de Guingamp, mon dernier club, qui m’a avoué qu’il me verrait bien de l’autre côté de la barrière. Je me suis dit, pourquoi pas... Puis j’ai commencé en bord terrain sur la Ligue , petit à petit j’ai commenté des matches et je me suis retrouvé en binôme avec Philippe Genin sur la Serie A mais aussi en Ligue des champions et Ligue Europa. Il m’a pris sous son aile, comme un grand frère, et j’ai appris. Là, je débarque en Russie sur la pointe des pieds, avec beaucoup d’humilité et les yeux grands ouverts. On va commenter le Portugal, le Maroc, la Croatie, l’Uruguay, c’est vraiment incroyable de couvrir un Mondial dans de telles conditions.

L’impression de jeter une pièce en l’air avec les Bleus”

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Tête haute. que consultant...
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