GRAND PRIX DE FRANCE, LE JUIN AU CASTELLET «On n’a pas le droit à l’erreur»
Principal artisan du retour de la F1 en France, Christian Estrosi s’implique totalement dans l’organisation de l’événement. Le maire de Nice veut une fête exceptionnelle du sport automobile
Dans la dernière ligne droite, moins de dix jours avant que les bolides ne s’élancent sur la piste légendaire du Castellet, Christian Estrosi, président du Groupement d’intérêt public Grand Prix de France, fait le point sur le retour tant attendu de la discipline reine des sports automobiles.
À moins de deux semaines du Grand Prix de France, les recrutements n’étaient toujours pas terminés. Ça vous inquiète ? Tout sera prêt le jour « J » ? Aucune inquiétude de ce côté-là. En réalité, tous les postes que nous avons proposés à Pôle Emploi auraient pu être pourvus par d’autres voies. Notamment en ayant recours à des volontaires bénévoles formés. Mais nous avons voulu les mettre à disposition de jeunes gens susceptibles d’être intéressés. Aujourd’hui, tout est réglé.
Quelles ont été les plus grandes difficultés à surmonter dans l’organisation de ce Grand Prix ? Je dirais toutes les questions liées à la circulation dans l’enceinte même du circuit Paul Ricard. Pour être plus clair : faire correspondre l’ensemble des badges avec les espaces réservés à telle ou telle billetterie. Les spectateurs ne doivent pas éprouver la moindre difficulté pour savoir où ils ont droit de se garer, de s’asseoir, de se restaurer… Bien sûr, pour que tout fonctionne à la perfection le week-end du Grand Prix, il a fallu insister sur la formation du personnel d’encadrement, multiplier les répétitions. L’autre gros morceau a été les certifications. Chaque jour des deux derniers mois, nous avons accueilli les organismes de certification. Que ce soit pour les nouvelles tribunes, les passerelles, la circulation des piétons, les parcs de stationnement… Et la pluie de ces dernières semaines ne nous a pas aidés.
On vous dit très présent dans la préparation de ce renouveau du Grand Prix de France. C’est la passion qui parle ou cela dénote une certaine anxiété ? Organiser pour la première fois le Grand Prix de France dix ans après la dernière édition n’est pas chose facile. Encore moins pour moi et mon équipe pour qui c’est une vraie première. Bien sûr, on fait appel à des compétences reconnues dans le milieu de la F, mais on est vraiment attendu sur cette renaissance du Grand Prix de France. On n’a pas le droit à l’erreur. C’est l’image de la France qui est en jeu, sa crédibilité à organiser de grands événements internationaux. Je suis tout à fait conscient des responsabilités qui sont les miennes. C’est la raison pour laquelle je m’implique énormément. Malgré notre manque d’expérience, on se doit d’être plus que parfait. Les patrons d’écuries, les pilotes avec lesquels j’ai pu discuter ont une telle envie de Paul Ricard qu’il ne faudrait pas qu’ils en repartent déçus. Le Grand Prix du Castellet doit être un grand prix génial. Il doit marquer le grand retour du Grand Prix de France dans le concert de la Formule .
Un coût de millions d’euros était annoncé pour cette
édition. Le budget sera-t-il respecté ? Malgré un surcoût d’investissements (il a fallu faire des aménagements, acheter de l’outillage, du barriérage, équiper le PC course en électronique et informatique…) pour cette première édition par rapport aux quatre suivantes, nous ne faisons face à aucun problème budgétaire. On a atteint tous nos objectifs. Les M de subventions publiques sont acquises. De même que les M de recettes en billetterie et en partenariats privés. On peut même espérer dégager une petite marge de à , M€!
L’équilibre économique du Grand Prix repose sur une fréquentation de personnes. Risqué quand les précédentes éditions n’ont jamais rassemblé plus de spectateurs. Comment expliquer le succès annoncé ? Avant toute chose, il y a une très forte envie de Formule . Mais plus généralement de sports automobiles. Je rappelle à ce sujet que pendant les trois jours du Grand Prix, le spectacle sera non-stop avec, outre la F, des courses de Formule , de GP, de voitures historiques. En parallèle, on a aussi prévu une fête foraine, un parcours d’accrobranche, le passage de la Patrouille de France, des démonstrations d’hélicoptères acrobatiques et des hélicoptères Caïman de la Marine nationale. Je le répète : tous les ingrédients sont réunis pour faire de ce Grand Prix de France un grand prix d’exception. Les passionnés de sports automobiles doivent en être persuadés.
Puisque la foule des grands jours sera au rendez-vous, la desserte limitée du circuit ne risque-t-elle pas de gâcher la fête ? Je ne vais pas vous dire que les approches du circuit Paul Ricard seront très fluides. Mais comme lorsqu’on va voir un match de l’OM au stade Vélodrome ou n’importe quelle grande compétition sportive, il faut prendre son mal en patience. Je peux vous garantir en revanche que les conditions d’accès au circuit sont sans commune mesure avec ce que nous avons connu dans les années . À l’époque, l’autoroute entre Le Luc et Toulon n’existait pas, pas plus que la traversée souterraine de Toulon. Quant aux approches immédiates du circuit, les nouveaux parcs de stationnement, d’une capacité de places, ne sont distants que de mètres au maximum à pied, grâce notamment à deux nouvelles passerelles piétonnes et des portes d’accès. Pour finir, le plan préfectoral de circulation permet d’éviter au maximum les croisements par une desserte en boucle à sens unique.
Est-il vrai que pour les prochaines éditions du Grand Prix, vous avez en projet d’ouvrir une nouvelle route ? Avec les collectivités locales concernées et les services de l’État, on commence à réfléchir à l’aménagement d’une voirie qui serait directement reliée à l’autoroute. Mais on se penchera (Photo Cyril Dodergny)
sur cette question une fois le bilan du Grand Prix effectué. Pour l’heure, les écuries, les services de secours, la presse, toutes les personnes concernées de près par la course pourront emprunter une voie réservée : la « Formula lane ». Mais j’insiste, comparé à MagnyCours où se sont courus les grands prix de à , la situation du Castellet est dix fois plus favorable.
C’est l’image de la France qui est en jeu, sa crédibilité à organiser de grands événements internationaux”
Où en est votre projet de créer une filière d’excellence automobile ? Le retour du Grand Prix de France au Castellet doit permettre de relancer le circuit Paul Ricard. À terme, ce circuit doit devenir un lieu d’essais pour les écuries et de tests pour les grands manufacturiers du secteur automobile. Ce voeu, nous le partageons avec les chambres de commerce et d’industrie régionale et du Var. En parallèle, on envisage donc d’implanter sur le site un grand centre d’apprentissage de dimension internationale tourné vers les filières automobile et moto, voire même aéronautique. C’est encore un peu tôt pour en parler. En revanche, lors du Grand Prix de France, avec Jean Todt, président de la Fédération internationale de l’automobile, on présentera un plan de formation sur la sécurité routière destiné aux jeunes.
Les écuries de F ont envie de Paul Ricard”