«Il m’a fallu un an pour rentrer dans le costume d’élue»
Un an après votre élection, pensez-vous avoir changé ?
Mon entourage avait peur que je bascule : que je devienne moins sympathique, avec moins d’empathie. Moi, je me sens toujours la même. Je pense que l’on peut perdre pied du fait du statut. Au quotidien, je suis toujours surprise – voire gênée – lorsque l’on organise un cérémonial autour de moi car je suis la députée.
Est-ce important pour vous de rester la même ?
Oui. Il faut que je conserve ma spontanéité. C’est ce qui fait mon côté un peu différent – et ce qui a contribué à ma victoire. Il est vrai que j’ai le tutoiement facile et le goût de la proximité. C’est peutêtre pour cela que les gens me parlent différemment. La Alexandra qui était en campagne doit être la même aujourd’hui. Si au bout d’un an je n’ai pas changé, j’espère que c’est gagné pour tout le mandat. Bien que j’estime qu’il faille respecter le lieu et la fonction, tout de même. Il ne me viendrait pas à l’esprit de venir en jean à l’Assemblée.
Cette élection a-t-elle bouleversé votre vie privée ?
Oui, c’est compliqué. J’ai toujours eu une vie réglée. Je suis en couple depuis dix-huit ans et nous sommes très fusionnels. Ma vie est chamboulée car je dois partir trois jours par semaine. Heureusement, je n’ai pas d’enfant et je suis encore en démarche d’adoption. Je ne suis obligée de rien mais je me mets la pression pour être sur le terrain. Or ce n’est pas Paris mais bien la circonscription qui est chronophage. Mon mari est obligé de m’y suivre de temps en temps, sinon il ne me voit pas. Heureusement, il me voit pleinement épanouie : je me sens très bien dans ce rôle de députée.
Avez-vous rencontré des difficultés dans votre fonction ?
Je me suis retrouvée parmi les cancres de l’Assemblée dans le classement du site Internet « Nosdéputés ». Ça m’a fait du mal car je travaille jours sur . De telles listes ne tiennent pas compte du travail de terrain.
Est-ce pour cela que vous envoyez maintenant vos agendas publics ?
Oui, j’ai mis du temps à le faire. Il m’a fallu un an pour vraiment rentrer dans le costume d’élue. J’ai eu ce besoin d’informer et de montrer aux gens que la députée qu’ils ont choisie ou qu’ils devaient avoir durant plusieurs années était une personne sur le terrain. C’est aussi un moyen de montrer aux maires du secteur que lorsque je ne suis pas chez eux, je suis prise ailleurs dans la circonscription.
Députée sans être maire, une faiblesse ?
Le non-cumul est une très bonne chose, je peux me consacrer pleinement à mon mandat et je représente les communes de ma circonscription sans préférence. Mais l’absence d’emprise territoriale reste compliquée, surtout pour les nouveaux, ceux qui n’ont pas été conseillers généraux ou maires avant. On n’a pas tous les leviers dont dispose un élu implanté. Je suis partie sans fichier, ni carnet d’adresses et surtout sans le staff derrière.