Le mal-aimé
Peut-être, sûrement même, suis-je terriblement naïf. Les deux fois où j’ai croisé Laurent Wauquiez un peu longuement, je n’ai pas décelé chez lui plus de roublardise que chez ses pareils, les grands fauves. Au contraire, oserai-je l’avouer, il m’est apparu sous un jour sympathique. Ce n’est pas le cas pour nombre de mes confrères qui en dressent volontiers un portrait détestable. J’en suis toujours surpris. Les mêmes se montraient moins virulents à l’endroit de Nicolas Sarkozy. Or, s’il est un reproche majeur à adresser à Wauquiez, c’est bien d’avoir enfilé les patins usés de l’ancien Président, sans les renouveler. Sur la quasi-totalité des sujets, il tient un discours à la veine analogue. Sans doute, en creusant bien, le Sarkozy de était-il un brin plus social. L’enfer de Wauquiez, ce sont en fait les autres qui l’attisent. Macron et ses prosélytes, d’abord. En faisant main basse sur la thématique libérale, ils l’ont contraint à se rabougrir autour du seul enjeu migratoire. Un sujet sur lequel il n’est en rien nouveau, depuis la perle du juin de Jacques Chirac en
– «Si vous ajoutez à cela le bruit et
l’odeur... » –, que la droite goûte régulièrement, avec une plus ou moins longue fourchette, la tambouille du FN. Pardon, du RN. L’autre drame de Wauquiez tient à sa confrontation au trop-plein qui succède toujours au vide, à une cohorte d’ambitieux qui affichent leur nausée et convoquent les grands principes lorsqu’il parle, sans proposer pour autant une autre voie de manière intelligible. Et pour cause, leur divergence première relevant du goulet élyséen.