Bientôt un «centre basse vision» à Nice pour tous les malvoyants Actu
Dans un futur proche, Azuréens et Varois handicapés par des troubles visuels pourront bénéficier d’un bilan complet et d’une évaluation de leurs besoins par une équipe pluridisciplinaire
Un centre capable d’accueillir et d’aider les dizaines de milliers d’Azuréens et Varois qui ont une vue très basse en dépit des corrections et qui, pour certains, n’osent même plus sortir de chez eux de peur de chuter, au risque de se retrouver dans un grand isolement. Sous l’impulsion de Max Bouvy, ancien président départemental de l’« Association Valentin Haüy », cette structure, très attendue par les personnes handicapées dans leur vie quotidienne par des troubles visuels, va bientôt voir le jour. Le Pr Stéphanie Baillif, responsable du pôle ophtalmologie du CHU de Nice, et partenaire du projet, décrit les besoins: «La malvoyance, qu’elle soit liée à une très forte myopie, à une rétinopathie pigmentaire, à un glaucome terminal ou encore à une Dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA) touche un nombre considérable de personnes. Et ce chiffre ne cesse d’augmenter avec l’allongement de l’espérance de vie. Nous, médecins, sommes dans le fonctionnel: nous traitons ces patients. Mais nous ne les accompagnons pas dans leur vie quotidienne, dans les difficultés d’organisation qu’ils rencontrent. »
Améliorer le quotidien
Les patients auxquels le futur centre basse vision est destiné se situent entre deux populations : d’un côté, les personnes qui, grâce à des lunettes, voient parfaitement Seuls les patients déjà diagnostiqués et « étiquetés basse vision » pourront être accueillis au centre niçois. (Photo d’illustration archives David Latour)
bien ; de l’autre, les non-voyants, équipés de canne blanche, accompagnés d’un chien, et aidées par les associations telles que l’« Association Valentin Haüy ». « Ces personnes qui, en dépit de corrections, ont une vue très basse (de l’ordre de deux dixièmes), forment une cohorte importante qui ne bénéficie n’entend pas faire de captation de patientèle. « Le but est de proposer un bilan complet, et d’évaluer les besoins : on pourra par exemple recommander séances d’orthoptiste ou conseiller l’acquisition d’un équipement particulier, mais les patients devront ensuite se tourner vers des professionnels en ville. » Tous les ophtalmologistes du Var et des A.-M. pourront adresser leurs patients.
d’aucun accompagnement structuré. L’ambition de ce centre est de leur proposer une aide pour potentialiser leur vision résiduelle, prévenir une aggravation de leurs troubles mais aussi leur fournir des outils et des conseils pratiques pour améliorer le quotidien. » Les patients pourront ainsi rencontrer des psychologues, des nutritionnistes, des orthoptistes, des ergothérapeutes, etc. «Grâce aux exercices de rééducation orthoptique, les patients peuvent apprendre à mieux utiliser, muscler et stabiliser leur vision résiduelle. Exemple : les personnes atteintes de DMLA vont créer, grâce à des exercices, un nouveau point de fixation. » Le but de l’ergothérapie est d’aider à organiser
l’habitation (placer les objets différemment) et les déplacements en fonction de sa vision. « Il s’agit aussi de réapprendre les gestes du quotidien », accompagné d’un psychomotricien. Pr Stéphanie Baillif et Max Bouvy
Des facteurs d’aggravation liés à une mauvaise alimentation
La dimension psychologique sera également prise en compte : « On ne peut pas négliger la part de souffrance psychique liée à la perte de vision », insiste Max Bouvy. Enfin, des conseils de prévention seront dispensés, notamment par un nutritionniste. «Il existe de grosses erreurs au niveau de la nutrition, pourtant essentielle dans certaines pathologies, DMLA en tête. Beaucoup ignorent par exemple qu’un régime riche en viande ou en graisses est un facteur d’aggravation de la maladie. Pour limiter le risque et l’évolution, on recommande une alimentation riche en fruits, légumes et poissons gras (oméga 3). À bannir également : le tabac et l’exposition solaire à outrance, autres facteurs de risque d’aggravation. »
Tester les dispositifs grossissants
Outre ces services, les patients accueillis au CBV auront accès à tous les dispositifs grossissant généralement vendus par les opticiens : « Si on les envoie directement chez un opticien, souvent ils n’essaient pas avant, et ne choisissent pas nécessairement la machine adaptée. Là, tous les dispositifs pourront être testés et ils seront accompagnés, aidés, conseillés dans le choix du dispositif le plus pratique et le plus utile. Ils pourront ensuite se rendre chez leur opticien pour l’acquérir. » Il n’est pas question en effet que le CBV entre « en compétition » avec les offres existantes en ville. «Il s’agit d’une plateforme de bilan, de service et d’accompagnement. » Déjà modélisé, et fortement soutenu par les instances politiques locales et le Centre d’innovation et d’usages en santé (CIU), le Centre basse vision intégrera le « 27 Delvalle » (un espace dédié à l’innovation et au numérique au service de la santé) à Nice. Il deviendra alors la troisième structure de ce type en France, après Paris et Nîmes.