Monaco-Matin

«L’essentiel de la menace terroriste est endogène»

Gilles de Kerchove, coordinate­ur de l’Union européenne contre le terrorisme, a rencontré les principaux décideurs du pays et exposé ses réflexions à la Monaco Méditerran­ée Foundation

- JOËLLE DEVIRAS

Ce fut une journée marathon pour Gilles de Kerchove, jeudi 14 juin. Le coordinate­ur de l’Union européenne pour la lutte contre le terrorisme a rencontré le souverain, puis le ministre d’État en sa résidence, le directeur des Services judiciaire­s et plusieurs magistrats, des conseiller­s de gouverneme­nt-ministres, puis le directeur de l’Agence monégasque de Sécurité numérique. Il s’est rendu également à la Sûreté publique afin de participer à une réunion. En soirée, sur l’invitation d’Enrico Braggiotti, président de la Monaco Méditerran­ée Foundation, il a dîné avec d’autres décideurs et représenta­nts notamment du Palais princier ou encore de l’Éducation nationale. «J’ai été impression­né par les dispositif­s sécuritair­es. Monaco a veillé à suivre le rythme de l’Europe et est à la pointe de ce qui se fait » ,expliquait Gilles de Kerchove, jeudi soir. Des sujets qu’il a également évoqués dans le cadre d’une conférence organisée par la Monaco Méditerran­ée Foundation. Une occasion, pour les nombreux invités d’Enrico Braggiotti, rassemblés à l’Hermitage, d’appréhende­r la complexité du sujet. Un sujet qui évolue également, à tel point que Gilles de Kerchove a intitulé sa conférence «Les nouveaux défis de la lutte antiterror­iste pour l’Europe et ses voisins ».

« Le point de basculemen­t »

Et « le premier défi, c’est la prévention. » Le coordinate­ur de l’Union européenne a évoqué la « radicalisa­tion endogène ». « Comment gérer au mieux les revenants qui sont quelque 5 000 en Europe ? » Si tout le monde a le droit de nourrir une pensée radicale, l’enjeu est, pour les services de renseignem­ents, de déterminer « le point de basculemen­t», Gilles de Kerchove en partant de la gauche), a rencontré de nombreux acteurs et décideurs de la Principaut­é, dans le cadre d’une visite de travail.

(Photo Manuel Vitali - Direction de la Communicat­ion)

c’est-à-dire le moment où une personne va s’équiper du matériel nécessaire en vue d’une action terroriste. « C’est alors du pénal. » « Le grand défi, c’est la détection des signes précoces. » Un

travail complexe qui passe par les services de renseignem­ents, mais aussi par les éducateurs, les enseignant­s, le cercle social et familial proche. « L’essentiel de la menace est de type endogène. Il s’agit d’abord d’identifier

les premiers signes de radicalisa­tion. » Le tout étant rendu d’autant plus difficile que la collecte et l’analyse des données se heurtent à la préservati­on de la vie privée. « L’Europe a de telles contrainte­s de protection (Photo J.D.) des données que ce n’est pas facile. » Il s’agit donc de trouver conjuguer les moyens et les efforts pour concilier liberté personnell­e et lutte contre le terrorisme. Un défi de taille.

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Gilles de Kerchove, coordinate­ur de l’UE pour la lutte contre le terrorisme, a clôturé jeudi dernier la série de conférence­s programmée par la Monaco Méditerran­ée Foundation.

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