Migrants: l’ex ministre Cécile Duflot s’oppose au préfet
Lundi, après la mise en cause des autorités françaises par des ONG dénonçant le traitement « indigne » réservé aux migrants, le préfet des AlpesMaritimes Georges-François Leclerc a opposé un ferme démenti. Une responsable du programme Open Europe d’Oxfam à Vintimille rapportait notamment des « railleries» et cas de «maltraitance» à l’égard de mineurs: « Certains enfants ont vu leurs semelles de chaussures découpées avant d’être renvoyés en Italie. » «C’est une plaisanterie! Plus c’est gros, plus ça passe», s’est exclamé le préfet sur France Bleu, dénonçant le point de vue «essentiellement politique » de ces organisations. Hier, l’ex-ministre Cécile Duflot,
désormais directrice générale d’Oxfam France, a tenu à s’exprimer dans nos colonnes: « Je pense qu’il y a un souci très important dans la manière dont est gérée la question des migrants à la frontière avec Vintimille. » Cécile Duflot s’appuie sur plusieurs décisions de justice défavorables au préfet. Dont l’annulation du refus d’entrée de dix-neuf mineurs par le tribunal administratif de Nice, le 23 février dernier, et une autre condamnation du représentant de l’État, par la même instance, pour avoir refoulé un Érythréen de 12 ans. « Le préfet a tort à la fois sur le fond et sur le ton », martèle l’ancienne secrétaire nationale d’Europe Écologie Les Verts qui juge sa « virulence» étonnante. Elle ajoute : «On voit bien qu’un certain nombre d’États européens ne font pas face à leurs responsabilités et ne respectent même pas les valeurs humaines de base. Mettre en cause les ONG, c’est une faute. » «Ce qui devrait inquiéter le préfet, c’est la relation de faits établis, recoupés, documentés», conclut-elle. Propos auxquels Georges-François Leclerc, hier soir, n’a pas souhaité réagir. Pour sa part, Cécile Duflot veut remettre « de la mesure et de la réalité» dans le débat. Elle affirme que le flux est à la baisse et indique que le total des migrants représente à ce jour 0,67% de la population européenne. Son organisation prévoit un rassemblement ce mercredi après-midi, devant le Parlement européen, « pour expliquer qu’une vision uniquement sécuritaire de la question migratoire est une impasse ».