Monaco-Matin

Les gens du voyage ont trouvé refuge à Cabris

Après avoir bloqué le trafic de l’A8 lundi, plus de 200 membres de la communauté ont tenté de s’installer sur un terrain, hier, à Antibes. Bloqués par les forces de l’ordre, ils se sont finalement installés dans le moyen pays

- JÉRÉMY TOMATIS jtomatis@nicematin.fr

Ils ne sont plus à quelques kilomètres près. Alors ils sont vite repartis. Là où on leur avait promis qu’ils seraient bien accueillis. Et si au final ils ont pu s’installer, se relier à l’eau et à l’électricit­é, personne n’était au courant de leur arrivée. Mais au moins, à Cabris, leur calvaire est fini (lire par ailleurs). Environ deux cents membres de la communauté des gens du voyage et leurs cent vingt caravanes ont pris la direction du village du moyen pays, hier en début d’après-midi, depuis Antibes. Dans le but de s’installer sur le Grand pré, un site grand comme un terrain de football et où s’installe chaque année le cirque Gruss. Plus tôt, l’épisode cannois et le blocage de l’autoroute A8, lundi entre 18 et 21 heures, avaient déjà échaudé la communauté. Tous étaient agacés d’être trimballés comme «des moins que rien» puisque le départemen­t ne compte aucune aire de grand passage (lire par ailleurs). Après avoir passé la nuit de lundi à mardi sur de grands parkings «sans eau ni électricit­é» ,les caravanes sont donc reparties au petit matin. Direction la cité des Remparts et le stade Gilbert-Auvergne. « On a voulu s’installer sur la pelouse du terrain, témoigne une mère de famille, sortie de son véhicule alors que le chemin des Ecalyptus était déjà complèteme­nt saturé. Mais ils nous en ont bloqué l’accès. Du coup, on est arrêté en plein milieu de la route et personne ne peut circuler. On est hors la loi et on en est conscient. Mais l’État l’est aussi puisqu’il n’y a aucune aire de grand passage sur laquelle on peut venir.»

« On a forcé le passage »

Lorsqu’ils ont débarqué hier vers 11 heures, les forces de l’ordre les ont rapidement empêchés de pénétrer dans l’enceinte. Puis des échauffour­ées ont éclaté entre fonctionna­ires de police et trois hommes. Dans le chahut, les pompiers ont compté six blessés légers (les trois hommes impliqués dans la bagarre, interpellé­s et placés en garde à vue, un enfant de 10 ans atteint par des vapeurs de gaz lacrymogèn­e, une dame âgée pour un problème de tension dû à la chaleur et enfin un policier légèrement blessé au genou). Aucun d’entre eux n’a eu besoin d’un transport vers l’hôpital. «Ils nous ont bloqués, alors on a forcé un peu le passage, justifie un membre de la communauté. Ça fait deux jours qu’on est sur la route et on ne demande pas grand-chose: on veut simplement s’arrêter deux semaines sur un terrain qu’on laissera dans le même état qu’on l’a trouvé. On est Français, on paie nos impôts en France. On n’est pas des voleurs de poules. C’est le seul endroit en France où il n’y a pas d’endroit pour nous.» Hier soir, les trois hommes étaient toujours en garde à vue. Les gens du voyage, qui ne prévoient pas de rester plus tard que dimanche à Cabris car « c’est un village trop petit», menacent de venir bloquer la promenade des Anglais, à Nice, si les trois membres de leur communauté ne sont pas libérés.

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