L’opposition veut faire entendre une autre voix
En tant que conseillers municipaux de la liste « Mentonnais ensemble », Philippe Briand et Claude Calvin, tâchent de démontrer que des alternatives aux choix de la majorité existent
On les désigne souvent, vulgairement, comme « l’opposition » à Menton. Quitte à caricaturer un peu le trait en leur collant une étiquette de gauche. Alors que l’un est affilié au Modem, l’autre au PRG. N’en demeure pas moins qu’il est difficile d’exister quand la majorité est… très majoritaire. Unis au sein de la liste « Mentonnais ensemble » après que Pascale Gérard a démissionné, Philippe Briand et Claude Calvin assurent pourtant tout mettre en oeuvre pour « faire une vraie opposition ». Comprendre: non pas mener une lutte permanente, mais faire office de « garde fou ».
Réveiller la ville
«Le FN est absent ou vote tout. Quant à l’autre groupe d’opposition, il critique mais vote », souligne Philippe Briand. Qui regrette cela dit principalement l’attitude de la majorité. « Ils n’ont pas l’habitude de délibérer. Les conseils sont conçus comme une chambre d’enregistrement, les décisions sont déjà prises… » lâche-t-il. Précisant préférer, de son côté, travailler avec quelqu’un qui ne partage pas toujours son avis, mais se soucie comme lui de «l’intérêt public et général ». Dans le chapitre des critiques, ledit Claude Calvin n’y va pas avec le dos de la cuillère. Agacé, notamment, par la tendance de la ville à se séparer de ses biens patrimoniaux. « Menton agit comme une agence immobilière. On prend un bien, on le laisse se dégrader, et on décide à qui le vendre. Je crois que le maire n’aime pas la ville en soi. Mais ce n’est pas aux Mentonnais de s’imprégner des Guibal, c’est l’inverse… » Autre condamnation: le manque de dynamisme de la commune. «De mon point de vue, la ville se meurt, souffle le pharmacien. Les jeunes ne peuvent rien faire après 21 h. Alors ils vont à Monaco, mais ce n’est pas le même budget… » Et une fois encore, l’identité du présumé coupable ne tarde pas à être suggérée. « Après 35 ans, il faut partir. À un moment on a fait son temps. D’autant qu’il y aura toujours des choses à finir… Le maire est quelqu’un d’intelligent mais il fait désormais partie du passé ». Et Philippe Briand de rebondir : «Le premier mandat était dynamique, mais après… Menton est devenue une belle endormie à réveiller ». Aucun des deux élus d’opposition ne souhaite pourtant se réfugier dans la critique systématique.
« Nous avons voté plusieurs délibérations relatives à des délégations de service public, et nous faisons aussi des propositions ! », clament-ils. Pistes cyclables, installation d’un espace étudiant plutôt que d’un hôtel cinq étoiles à Garavan… «Moi, je regrette qu’il n’y ait pas assez de concertation. Alors qu’il arrive que le maire prenne certaines de nos propositions à son compte. C’est parfois humiliant », dit Claude Calvin. «On arrive tout de même à instiller, complète Philippe Briand. Au début, à Jeanne d’Arc, l’emprise était énorme. La ville a été contrainte à la revoir à la baisse, après que nous avons alerté la population. Notre poids, c’est de faire connaître certaines choses… ». Et faire comprendre que les orientations prises par la majorité ne sont pas forcément l’unique solution qui se présente à la ville, insistent-ils. « Il faut que les Mentonnais sachent que d’autres choix sont possibles. Pour l’aménagement de la baie ouest, par exemple : piétonnisera-ton, comme le font beaucoup de grandes villes à ce jour? Utilisera-t-on des techniques modernes et écolo pour l’endiguement ou le feronsnous à la manière des années soixante-dix?», questionne Philippe Briand. Mécontent que le choix ait été fait, selon lui, « de tout mettre sur les Sablettes et de laisser le reste en jachère ».
Plus d’équipements
En termes de priorités, Claude Calvin note pour sa part la nécessité de proposer plus d’équipements pour les Mentonnais : « Une piscine correcte, un vrai service de bus. De manière à avoir une ville belle… et fonctionnelle ! ». La priorité jusqu’aux prochaines élections? « C’est d’amender, de continuer à être vigilants. Des habitudes ont été prises mais il y a tout de même des lois à respecter », résume Philippe Briand.