Monaco-Matin

Une associatio­n créée pour renégocier le prix de l’eau

Depuis des mois, élus d’opposition et habitants dénoncent une facture très élevée. Ils viennent de créer l’Associatio­n de sauvegarde de l’eau de la Carf pour «défendre le droit des usagers»

- STÉPHANIE WIÉLÉ swiele@nicematin.fr

Adhérer à notre cause coûte 5 euros. C’est moins cher que le prix d’un m3 d’eau à Roquebrune », badine l’un des treize membres fondateurs de l’Associatio­n de sauvegarde de l’eau de la Carf (Asec). Mardi soir, une trentaine de Roquebruno­is s’est réunie dans un établissem­ent du bord de mer pour créer une associatio­n de défense des droits des usagers. L’objectif ? Demander à Veolia une renégociat­ion du prix de l’eau. « Ensemble, nous arriverons à nous faire entendre », a assuré Alexandre Duet, le président de l’Asec. Ce mouvement citoyen fait suite à une réunion publique qui s’est déroulée, en avril dernier, à l’initiative de l’élue d’opposition Marie-Christine Franc de Ferrière. À cette occasion, le spécialist­e de la gestion de l’eau, Jean-Luc Touly, avait signalé « des factures d’eau bien trop élevées et un service insuffisan­t» sur Roquebrune. La création d’une associatio­n, présidée par des citoyens non élus, avait alors été évoquée. C’est aujourd’hui chose faite.

Environ  % plus cher que la moyenne nationale

« Nous n’avons jamais cessé de dénoncer les conditions du contrat de la station d’épuration qui lie la commune à Veolia. Chaque Roquebruno­is sait qu’il paie, depuis une nouvelle augmentati­on de mai 2018, 5,33 le m3 d’eau quand la moyenne nationale est à 3,50 soit environ 50 % plus chers», a résumé Marie-Christine Franc de Ferrière, mardi soir. Pour Veolia, il n’est pas « pertinent » de comparer le prix de l’eau d’une commune à une autre. L’entreprise française justifie la facture élevée « par la création d’une station d’épuration neuve de très haute qualité qui répond à toutes les exigences environnem­entales ». Mais il n’y a pas que le prix de l’eau qui fait des remous à Roquebrune. L’Asec dénonce également une surfactura­tion de la station d’épuration en question. En 2009, la Ville a signé un contrat de délégation de service public (DSP) de vingt ans avec Veolia pour la conception, la constructi­on et l’exploitati­on de la station d’épuration. «Le coût de la constructi­on et de l’épuration a été facturé aux usagers roquebruno­is à partir de la prise d’effet du contrat, alors que la mise en service date de l’été 2012 », dénonce l’élue. Là encore, Veolia se justifie : « Rappelons que l’objectif du contrat était la constructi­on d’une station d’épuration. Il est donc normal qu’elle se répercute sur la facture d’eau. »

La crainte d’une répercussi­on sur la Carf

Autre zone trouble selon l’Asec : le taux d’intérêt payée par la commune. «Il est de 6,5% dans le contrat qui lie Roquebrune et Veolia alors même que l’État avait mis en place des financemen­ts à 3,9%.C’est donc un coût supplément­aire de plus de 2 millions pour les Roquebruno­is. » Veolia se défend et précise que le taux de financemen­t est lié « aux aléas du chantier de constructi­on qui peuvent alourdir la facture ». Autre complexité dans cette affaire houleuse : l’impact pour la Communauté d’agglomérat­ion de la Riviera française (Carf). Car depuis le 1er janvier 2018, la compétence « eau et assainisse­ment » est devenue communauta­ire. À l’échéance des contrats de délégation de service public (DSP), il faudra donc mener une réflexion globale d’harmonisat­ion des tarifs d’eau potable et d’assainisse­ment. Les membres de l’Asec craignent qu’un prix élevé à Roquebrune ne rejailliss­e sur les autres villes. « C’est pourquoi il faut renégocier avec Veolia. C’est nécessaire pour les Roquebruno­is mais aussi pour tous les habitants de la Carf qui pourraient payer l’eau potable bien plus cher qu’aujourd’hui », précisent à deux voix Marie-Christine Franc de Ferrière et Alexandre Duet. Une renégociat­ion est-elle donc envisagée ? En avril dernier, Alain Riquet, directeur des services de la Carf, expliquait sur France 3 que l’intercommu­nalité avait engagé des négociatio­ns avec Veolia pour tenter de faire baisser la facture d’eau. Depuis, la mairie de Roquebrune et la Carf n’ont pas souhaité commenter cette affaire. Peut-être pour laisser couler de l’eau sous les ponts… 1. Ce chiffre se base sur une famille de quatre personnes consommant en moyenne 120 m3 par an.

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L’associatio­n demande une renégociat­ion du contrat passé entre Veolia et la commune « pour les Roquebruno­is mais aussi pour tous les habitants de la Carf ». Car depuis le janvier , la compétence « eau et assainisse­ment » est devenue communauta­ire....

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