Monaco-Matin

 chevaux maltraités retirés d’un élevage

Hier, à St-Roman de Bellet les services vétérinair­es ont saisi à l’Elevage des Anges des poulains et juments maltraités pour les confier à des associatio­ns animalière­s. Une enquête est en cours

- VÉRONIQUE MARS

Sillonnant le vallon de Saint-Roman-de-Bellet, le chemin Candeu, jalonné de villas et d’oliveraies, mène tout droit à un élevage de chevaux au doux nom : l’Élevage des anges. Le cadre y est idyllique, en pleine nature, au calme, loin de l’agitation de la ville. Sauf que pour la cinquantai­ne de juments, étalons, poulains, doubles poneys, cela a été l’enfer. Sur ce terrain, loué par l’éleveuse, ils tournaient en bourrique sur des bouts de restanques en piétinant leurs crottins. Hier matin, leur enfer a pris fin avec l’interventi­on, dès 7h30 des services vétérinair­es de la direction départemen­tale de la protection des population­s dépendant de la préfecture des Alpes-Maritimes. Épaulés par les policiers nationaux et les adhérents d’associatio­ns de protection d’animaux – dont Les sabots du paradis, ou encore Justice pour animaux – ont procédé à des saisies administra­tives dans le cadre d’une procédure judiciaire pour maltraitan­ce animale.

Maigreur extrême, plaies, piqûres de mouches…

L’objectif était de retirer les chevaux les plus mal en point, en souffrance, pour les confier aux associatio­ns qui les ont placés dans des familles d’accueil. Pour cela, il a fallu d’abord calmer les juments et poulains apeurés, leur donner à boire et à manger, avant de les faire monter, avec force câlins, dans les vans. Tout cela s’est joué sans l’éleveuse. « Ma fille est trop secouée pour venir. Cette procédure est violente», défend sa mère qui était sur place. Et d’insister que «tout cela est outrancier. Ma fille prend soin de ses chevaux ». Sauf que le constat dressé par le Dr Jacqueline Henning, vétérinair­e du service de santé et de protection animale est tout autre. Accablant. Et de diagnostiq­uer une « misère physiologi­que ». « Les chevaux sont très maigres, ont des problèmes d’aplomb, d’équilibre, en raison des sabots qui ne sont pas entretenus correcteme­nt. S’ajoutent des plaies, des piqûres de mouches… » De fait, ils font peine à voir, avec leurs côtes saillantes et leur « robe » maculée de boue. L’exploitati­on est dans le même état : à l’abandon. Ici, les bottes de foin sont exposées au soleil et aux intempérie­s, au lieu d’être stockées à l’abri. « Ce n’est plus du foin mais de la paille pourrie! Donnez ça à manger aux chevaux et ce sont des problèmes respiratoi­res assurés », s’indigne une militante de la cause animale. Selon les constatati­ons de la vétérinair­e, rien n’est normal à l’Elevage des anges. Le terrain trop accidenté, les enclos non entretenus, au soleil, avec des outils qui traînent par terre. Ici aucune écurie, ni box pour préserver les équidés de la chaleur et des orages. Seul un étalon a été retrouvé dans un cabanon recouvert d’une tôle, sans eau ni nourriture. Lui, a été évacué, aux côtés des 25 juments et poulains. Les 16 autres dont l’état a été jugé « satisfaisa­nt pour l’instant » sont restés sur place. Le temps de l’enquête.

« Des photos de poulains morts »

Pour Martial Daugey, président de l’associatio­n Les sabots du paradis, c’est une première étape. Lui, mène l’enquête depuis 2012. « Cette éleveuse possède 80 chevaux, dont 20 sont répartis un peu partout, sur la région niçoise. Dans quel état sont-ils ? » Et d’affirmer avoir des preuves contre ce pseudo-élevage. «Nous avons pris des photos de poulains morts, d’autres, dont les carcasses pourrissen­t au fond du vallon. » Hier, les services vétérinair­es n’ont rien trouvé dans les enclos. Pas de

cadavre de chevaux ni de poulains. Même si les riverains disent vivre «fenêtres fermées. À cause d’une surabondan­ce de mouches… »

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(Photo Eric Ottino) Comme cette jument et son poulain,  chevaux en « misère physiologi­que » ont été retirés et confiés, hier matin, à des associatio­ns de protection animale.
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