chevaux maltraités retirés d’un élevage
Hier, à St-Roman de Bellet les services vétérinaires ont saisi à l’Elevage des Anges des poulains et juments maltraités pour les confier à des associations animalières. Une enquête est en cours
Sillonnant le vallon de Saint-Roman-de-Bellet, le chemin Candeu, jalonné de villas et d’oliveraies, mène tout droit à un élevage de chevaux au doux nom : l’Élevage des anges. Le cadre y est idyllique, en pleine nature, au calme, loin de l’agitation de la ville. Sauf que pour la cinquantaine de juments, étalons, poulains, doubles poneys, cela a été l’enfer. Sur ce terrain, loué par l’éleveuse, ils tournaient en bourrique sur des bouts de restanques en piétinant leurs crottins. Hier matin, leur enfer a pris fin avec l’intervention, dès 7h30 des services vétérinaires de la direction départementale de la protection des populations dépendant de la préfecture des Alpes-Maritimes. Épaulés par les policiers nationaux et les adhérents d’associations de protection d’animaux – dont Les sabots du paradis, ou encore Justice pour animaux – ont procédé à des saisies administratives dans le cadre d’une procédure judiciaire pour maltraitance animale.
Maigreur extrême, plaies, piqûres de mouches…
L’objectif était de retirer les chevaux les plus mal en point, en souffrance, pour les confier aux associations qui les ont placés dans des familles d’accueil. Pour cela, il a fallu d’abord calmer les juments et poulains apeurés, leur donner à boire et à manger, avant de les faire monter, avec force câlins, dans les vans. Tout cela s’est joué sans l’éleveuse. « Ma fille est trop secouée pour venir. Cette procédure est violente», défend sa mère qui était sur place. Et d’insister que «tout cela est outrancier. Ma fille prend soin de ses chevaux ». Sauf que le constat dressé par le Dr Jacqueline Henning, vétérinaire du service de santé et de protection animale est tout autre. Accablant. Et de diagnostiquer une « misère physiologique ». « Les chevaux sont très maigres, ont des problèmes d’aplomb, d’équilibre, en raison des sabots qui ne sont pas entretenus correctement. S’ajoutent des plaies, des piqûres de mouches… » De fait, ils font peine à voir, avec leurs côtes saillantes et leur « robe » maculée de boue. L’exploitation est dans le même état : à l’abandon. Ici, les bottes de foin sont exposées au soleil et aux intempéries, au lieu d’être stockées à l’abri. « Ce n’est plus du foin mais de la paille pourrie! Donnez ça à manger aux chevaux et ce sont des problèmes respiratoires assurés », s’indigne une militante de la cause animale. Selon les constatations de la vétérinaire, rien n’est normal à l’Elevage des anges. Le terrain trop accidenté, les enclos non entretenus, au soleil, avec des outils qui traînent par terre. Ici aucune écurie, ni box pour préserver les équidés de la chaleur et des orages. Seul un étalon a été retrouvé dans un cabanon recouvert d’une tôle, sans eau ni nourriture. Lui, a été évacué, aux côtés des 25 juments et poulains. Les 16 autres dont l’état a été jugé « satisfaisant pour l’instant » sont restés sur place. Le temps de l’enquête.
« Des photos de poulains morts »
Pour Martial Daugey, président de l’association Les sabots du paradis, c’est une première étape. Lui, mène l’enquête depuis 2012. « Cette éleveuse possède 80 chevaux, dont 20 sont répartis un peu partout, sur la région niçoise. Dans quel état sont-ils ? » Et d’affirmer avoir des preuves contre ce pseudo-élevage. «Nous avons pris des photos de poulains morts, d’autres, dont les carcasses pourrissent au fond du vallon. » Hier, les services vétérinaires n’ont rien trouvé dans les enclos. Pas de
cadavre de chevaux ni de poulains. Même si les riverains disent vivre «fenêtres fermées. À cause d’une surabondance de mouches… »