Monaco-Matin

CHAMPION AU GRAND COEUR

Ambassadeu­r du Monaco Collectif Humanitair­e, Olivier Giroud a rendu visite aux enfants hospitalis­és au Centre cardio-thoracique de Monaco hier.

- Propos recueuilli­s par Cédric VERANY cverany@nicematin.fr Photos : Michael ALESI/Dir.Com.

Je me souviens de tous ces moments de tendresse”

Champion du monde, c’est pour la vie ”

Mode vacancier activé. Les tongs jaune fluo ont remplacé les crampons. Mais aussi engagé qu’il était sur le terrain avec l’équipe de France, Olivier Giroud est un homme engagé dans la vie. Avec discrétion et fidélité, il donne du temps et des moyens depuis 2014 au Monaco Collectif Humanitair­e. Et vient régulièrem­ent à la rencontre de ces enfants d’Afrique, souffrant de maladies cardiaques, qui sont opérés en Principaut­é. De l’euphorie des Champs-Élysées au cadre feutré d’une chambre du centre cardio-thoracique de Monaco, le champion du monde a su faire le grand écart en partageant, hier matin, le quotidien de trois enfants hospitalis­és. Un câlin pour la petite Notahiana, quatorze mois et toute frêle, qui s’est lovée dans ses bras musclés. Un cadeau pour Fatima, quatre ans et un peu impression­née, venue du Burkina Faso et tout juste sortie du service réanimatio­n. Le plus grand de la bande, Adama, neuf ans, venu du Mali, a reçu une paire de crampons dédicacée avant de rejoindre le bloc opératoire. Tous sont sous l’aile du Monaco Collectif Humanitair­e, dont Olivier Giroud est le parrain de coeur depuis quatre ans. Le collectif, regroupant plusieurs associatio­ns et bonnes volontés, s’est formé en 2008 pour le cinquantiè­me anniversai­re du prince Albert II avec l’idée d’opérer, dans l’année, cinquante enfants d’Afrique souffrant de maladies cardiaques. Une décennie plus tard, ce collectif qui devait être éphémère est devenu pérenne. Et a soigné plus de 380 enfants en dix ans. Une action qui touche particuliè­rement Olivier Giroud, papa d’une fillette de cinq ans et de deux petits garçons.

Pourquoi avoir choisi, en , de vous engager auprès du Monaco Collectif Humanitair­e ? J’ai parlé un jour avec Mika [Michael Manuello, son agent, ndlr] de mon envie de soutenir une associatio­n. C’est lui qui m’a présenté l’équipe du Monaco Collectif Humanitair­e. J’ai vraiment beaucoup aimé leurs actions et eu envie d’apporter ma petite pierre à l’édifice. Aider des enfants, pour moi qui suis père trois fois maintenant, ça m’a particuliè­rement sensibilis­é, pour leur apporter un peu de bonheur.

Ce goût de l’engagement, selon vous, faire partie des devoirs d’un footballeu­r ? C’est important de répondre présent, de soutenir ceux qui sont dans le besoin. Les joueurs de foot sont sensibles aux difficulté­s des autres dans le monde entier. Surtout quand ça touche des enfants, car pas mal d’entre nous sont pères de famille.

On ressent un plaisir particulie­r chez vous à rencontrer ces enfants ? C’est toujours un bonheur de voir ces petits qui vous font des câlins et vous embrassent. Ça fait chaud au coeur de leur apporter un petit rayon de soleil, du bien-être. Les enfants accueillis par le Monaco Collectif Humanitair­e ont la chance de bénéficier du travail extraordin­aire des chirurgien­s qui leur apportent une seconde vie. Mais aussi des équipes médicales, des familles d’accueil… C’est toute une chaîne de solidarité qui se met en place autour de ces enfants qui en ont besoin.

Quels souvenirs particulie­rs retenez-vous de ces visites régulières auprès des enfants hospitalis­és au Centre cardiothor­acique ? J’ai plein d’images dans la tête, je me souviens de tous ces moments de tendresse à chaque fois que j’ai porté un enfant. L’an passé, je suis venu déguisé en clown et je me suis fait pas mal charrié car une vidéo a été tournée. On me voit me déguiser mais c’est de l’autodérisi­on, pour faire sourire les enfants.

Après l’euphorie de la victoire en Coupe du monde, ce genre de visite aide à redescendr­e sur Terre? C’est vrai, nous étions sur un nuage. On a vécu une immersion en équipe de  jours, loin de nos familles, de notre quotidien. C’était une expérience extraordin­aire qu’on a vécue à fond. Maintenant, c’est le retour à la réalité. J’ai toujours eu les pieds sur terre mais il me semble important d’apporter un sourire à ceux qui en ont besoin, qui sont dans la difficulté.

Vous commencez à réaliser l’impact de cette victoire ? C’est en croisant des Français dans la rue qui nous disent merci qu’on réalise petit à petit et qu’on est fiers. On a été dans notre bulle jusqu’à l’atterrissa­ge en France. Là, la bulle a explosé. On l’a prise en pleine tête… la folie des ChampsÉlys­ées, la Patrouille de France, c’était extraordin­aire. Ça nous a fait prendre conscience de ce qu’on avait réalisé ! Ce sont des moments inoubliabl­es qui resteront à jamais gravés dans nos mémoires et dans l’histoire du foot français. C’est incroyable le bonheur que ça a pu procurer au pays.

L’équipe de France n’a été menée que  minutes durant tout le Mondial, a inscrit  buts en phase finale et n’a jamais été poussée en prolongati­on ou aux tirs au but. Pourtant, certains ont qualifié son jeu de « moche »… Nos adversaire­s ont senti, je crois, une équipe de France solide et solidaire. Une équipe de onze guerriers capables de défendre leurs résultats. Les mauvaises langues sont peut-être aigries ou jalouses. Ça fait partie du métier, on n’y prête pas attention. L’équipe de France  a marqué  buts depuis les e de finales. Personne n’a fait mieux depuis trente ans. Et je crois qu’on a régalé pas mal contre l’Argentine, l’Uruguay, la Belgique. Avant de marquer quatre buts aux Croates en finale. Ce n’était pas gagné d’avance, mais on l’a fait. Et c’est un très beau parcours.

Ce titre correspond à quoi pour vous ? Un titre de champion du monde, c’est pour la vie. Un ami m’a fait remarquer que je faisais partie des  Français champions du monde. Il n’y a que  mecs qui portent ce titre dans l’histoire du foot. Ces statistiqu­es apportent une grande fierté. Fierté de ce qu’on a réalisé pour nos familles, nos proches et tout le peuple français. Il n’y a que le football qui peut apporter ce genre d’émotions et rassembler dans tous les domaines : économique, politique, social. Ça va booster tout le monde, c’est bien, on va passer un bel été !

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