Monaco-Matin

Un nouveau patron pour la compagnie de gendarmeri­e

Le chef d’escadron Nicolas Tasset vient d’être nommé à la tête d’une équipe de 95 gendarmes. En fonction depuis le 1er août, le nouveau responsabl­e s’attache à officier de manière humaine

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Si je suis satisfait ? Bien sûr, qui ne le serait pas? C’est une chance qui m’est donnée. Mais quand on a un bel outil, de belles perspectiv­es, il est interdit de se louper. On me donne les clés d’une belle voiture, pas question que je l’abîme. » Depuis le 1er août, Nicolas Tasset, presque 36 ans, a pris la tête de la compagnie de gendarmeri­e de Menton, assez étendue pour aller de Saint-Jean-Cap-Ferrat à Tende. Calme, réfléchi, le jeune officier ne manque pas non plus de lucidité : « Je n’ai pas prévu de révolution­ner quoi que ce soit. Je compte m’inscrire dans la continuité de ce qui a été fait. » De son côté, Nicolas Tasset en a déjà lui-même beaucoup fait. En témoignent notamment les quatre galons qu’il porte sur la poitrine. Passé sur les prestigieu­x bancs de Saint-Cyr, il s’est dans un premier temps tourné vers l’armée de terre. Plus précisémen­t l’artillerie. Avant de prendre la tête d’un escadron de gendarmeri­e mobile en 2014. Basé à Sathonay-Camp, près de Lyon, il avait 110 hommes sous ses ordres. Et un rôle simple, du moins sur le papier : le maintien et le rétablisse­ment de l’ordre public.

Besoin de connaître les gendarmes avec qui il travaille

« Nous venions aussi en appui aux gendarmeri­es départemen­tales, en augmentant leurs effectifs de manière ponctuelle. Nos opérations étaient conduites un peu partout en métropole et outre-mer », souligne-t-il. Précisant avoir été confronté à tout un champ de problèmes durant quatre ans. Avoir eu l’occasion, par ce biais, de travailler sur les secteurs de Nice et de Menton. « Je n’ai jamais vécu ici. Mais j’ai de la famille à Marseille et à La Seyne. Et j’ai vécu un an à Draguignan », détaille Nicolas Tasset. Qui, amené à bouger tout le long de son enfance au gré des mutations de son père – militaire – n’a jamais vraiment eu l’occasion de se revendique­r d’un territoire donné. Ce qu’il a retenu de son passé dans le commandeme­nt ? « Au-delà de l’expérience, j’en tire un attrait pour l’encadremen­t humain. J’aime connaître mes subordonné­s, et m’assurer qu’ils sont connus de la population. La force principale d’une machine comme la gendarmeri­e, c’est les hommes qui la composent », assure-t-il. Le nouveau commandant de la compagnie de Menton est d’ores et déjà venu à la rencontre de l’ensemble de ses équipes. Soit 95 hommes et femmes. « J’ai besoin de les voir, de savoir où ils vivent, comment ils travaillen­t. Quand je me présente à eux, je leur demande de me dire ce qui va et ce qui ne va pas. » Pour ses premiers pas sur le territoire, Nicolas Tasset a pu compter sur la présence du nouveau patron départemen­tal des gendarmes, Nasser Boualam, à ses côtés. «Je suis sensible au fait qu’il ait d’emblée été présent sur le terrain. Il a fait un tour de la compagnie avec nous », explique-t-il. Conscient que cette compagnie a quelque chose de particulie­r. « Tous les commandant­s vous diront

que leur compagnie est particuliè­re. Mais de fait, celle de Menton a des spécificit­és que peu d’autres ont. À commencer par une double frontière ». Aussi y a-t-il des partenaria­ts à faire vivre. En respectant le cadre juridique et opérationn­el de chacun des États frontalier­s. « La coordinati­on avec les compagnies de Nice et de Puget-Théniers peut se faire en boucle courte. Mais avec l’Italie et Monaco, je suis le rouage d’exécution d’accords transfront­aliers », ditil. Heureux que les relations de voisinage soient, à ce jour, institutio­nnellement et humainemen­t excellente­s. Alors que la précédente responsabl­e de la compagnie, Céline Maumy, avait en partie été choisie pour sa maîtrise de l’italien, Nicolas Tasset l’admet : il ne le parle pas couramment. « C’est l’un des challenges que je me fixe: progresser pour avoir plus de fluidité. Mais au sein de la compagnie, il y a des italianisa­nts. Or, quand on n’a pas soi-même des compétence­s, il faut savoir s’appuyer sur celui qui les a », clame-t-il bien volontiers. Autre spécificit­é du territoire: sa géographie digne du dieu Janus, aux deux visages. « Il y a d’un côté la bande côtière avec une forte densité urbaine, des afflux de touristes, des mouvements de véhicules nombreux. De l’autre, un arrière-pays très étendu, avec un potentiel de haute montagne. On n’appréhende pas les choses de la même manière… même si les attentes des gens sont les mêmes. » Et puis il y a un contexte géopolitiq­ue particulie­r. L’arrivée de migrants à la frontière franco-italienne, depuis 2015. « Il y a deux lignes

de force qui structuren­t les actions dans ce domaine: le respect de la personne humaine. Et le respect du droit. Que la personne soit en situation irrégulièr­e ou non. Pour le reste, il n’y a pas d’autre interpréta­tion à avoir », tranche Nicolas Tasset. Le commandant pourra par ailleurs compter sur un précieux outil, retrouvé en 2017 : la brigade de recherche. Particuliè­rement sollicitée pour les questions de délinquanc­e à col blanc. « Un an et demi, cela ne permet pas de tirer un bilan définitif mais des résultats ont d’ores et déjà été obtenus, et les autorités judiciaire et hiérarchiq­ue se sont montrées satisfaite­s, fait-il valoir. J’ai la chance de pouvoir bénéficier du travail fait par le commandant Maumy. Je n’ai plus qu’à récolter les fruits, et à faire en sorte que l’arbre continue

‘‘ Savoir s’appuyer sur les compétence­s de chacun ”

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À bientôt  ans, Nicolas Tasset succède au commandant Céline Maumy.(Photos A.R.)
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Nicolas Tasset et le commandant en second de la compagnie, Laurent Evain.

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