Monaco-Matin

Huile d’olive : la traque aux arnaques

En caméra cachée, des membres de l’Associatio­n interprofe­ssionnelle de l’olive se font passer pour des acheteurs d’huiles d’olive de Provence. Et ils ne sont pas au bout de leur surprise

- CHRISTOPHE PERRIN chperrin@nicematin.fr

La boutique à l’entrée du Vieux Nice fleure bon la Provence. Elle a pignon sur rue et propose une large gamme d’huiles d’olive dans des présentati­ons aussi variées que réussies. Les touristes s’y pressent. Et parmi les clients, incognito, Martine, en caméra cachée, fait mine de vouloir ramener un souvenir. L’envoyée spéciale de l’AFIDOL, organisme de défense de l’appellatio­n d’origine de l’huile d’olive de Provence, examine les bouteilles. Le commerçant s’approche : –« Je regardais parce que je souhaitais ramener de l’huile de Nice », explique la cliente. – « Pour quelle utilisatio­n ? Assaisonne­ment, cuisson ? » La vraie fausse cliente semble perdue. – « Je vous recommande la bleue. C’est la plus polyvalent­e. Elle est fruitée sans être trop forte. Elle reste douce. La rouge est plus épicée. » L’argumentai­re est bien rodé. Martine, attentive, joue la béotienne et acquiesce au discours du profession­nel. – « J’ai goûté, je n’arrive pas à faire mon choix. Vous, vous êtes directemen­t producteur ? » – « Effectivem­ent nous avons un moulin à Nice… Celle-là, ça a toujours été des olives niçoises mélangées à des grands crus européens. » Martine ne dit rien mais manque de s’étrangler en entendant de pareilles inepties. L’huile d’olive française est si rare par rapport à la demande qu’il serait stupide de la mélanger à des huiles étrangères (Photo Sébastien Botella) bien moins chères. L’huile 100 % niçoise est « très douce, pour les palais avertis », précise le vendeur. Et comme elle est rare, elle est chère, et c’est normal. Une huile protégée par une AOP peutêtre vendue jusqu’à 50 euros le litre quand d’autres huiles d’olive étrangères s’achètent moins de 15 euros le litre. Direction Saint-Paul-de-Vence pour un autre achat, un autre test dans une épicerie. –« C’est fait ici ça ? cliente, ingénue. –« C’est du coin. C’est fait dans le Var. Six-Fours, pression à froid », répond le commerçant. La cliente est convaincue : « Je vais vous prendre un spray. » 9,90 euros les 0,20 litre. Conclusion du rapport technique après l’analyse de cette huile 100 % d’origine étrangère médiocre : «La commercial­isation d’un produit d’origine communauta­ire dans un magasin de produits régionaux, alors qu’il existe des produits régionaux de même nature, constitue une concurrenc­e déloyale vis-à-vis des producteur­s français. » Le préjudice d’image est également évident puisque cette huile, présentée comme locale, est en réalité médiocre, non conforme à la catégorie « huile d’olive vierge extra » mentionnée sur l’étiquette. », demande la

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Contrairem­ent au baratin de certains commerçant­s malhonnête­s, une huile d’olive ne doit jamais être mélangée à une autre issue « de grands crus européens » (sic).

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