Dix ans et vies sauvées au Monaco Collectif Humanitaire
Né en 2008 de la fusion de 17 ONG et structures monégasques et internationales, le MCH est devenu une référence dans la réparation des coeurs brisés et un générateur d’espoir et d’avenir
Si tu veux aller vite, marche seul mais si tu veux aller loin marchons ensemble. » Parfois éculé, ce proverbe africain a retrouvé de sa splendeur, lundi soir à l’Auditorium Rainier-III, au moment de célébrer le dixième anniversaire du Monaco Collectif Humanitaire (MCH). «Illustration de ce que Monaco fait de mieux », selon le ministre d’État, Serge Telle, «cette alliance de forces vives» a émergé lors du cinquantième anniversaire du prince Albert II, en 2008. Dix ans plus tard, le miracle a opéré grâce à la fusion de 17 ONG et 4 structures opérationnelles (Croix-Rouge monégasque, Rencontres Africaines, Aviation sans Frontières et la Chaîne de l’Espoir).
Une fibre « humaniterre »
Alors que l’objectif initial du programme était d’opérer et de transformer, voire sauver, la vie d’enfants issus de pays en développement, c’est aujourd’hui 384 opérations qui ont été réalisées dans les structures de soins monégasques et niçoise (Centre cardiothoracique, CHPG, IM2S, Fondation Lenval à Nice). « Opérer ici des enfants dont les pathologies cardiaques et orthopédiques ne sont pas traitées dans leur pays d’origine est assurément le plus bel hommage que nous puissions rendre à l’enfance, défavorisée et
éloignée, qui souffre dans sa chair », a confié le prince Albert II à la tribune, remerciant «du fond du coeur» les acteurs de ce projet : médecins, bénévoles, familles d’accueil, généreux et anonymes donateurs comme les indispensables correspondants locaux, en Afrique. Vantant la «générosité» et la «noblesse » du MCH, Serge Telle a donné, comme le Dr Jean-François Robillon, créateur de l’association Share (lire ci-dessous), une dimension politique à ces actions, évoquant la fibre «humani“terre”» du souverain, qui concilie engagement humanitaire et environnement durable. Vice-président de la Croix-Rouge monégasque – qui gère les fonds du
MCH –, Philippe Narmino a plaidé, à terme, «pour une prise en charge directement dans les pays partenaires tout en continuant d’accueillir à Monaco les enfants porteurs de pathologies qui nécessitent des soins plus complexes (lire ci-dessous)». Impensable, pour autant, de freiner le bel élan du MCH selon le souverain : «Il faut poursuivre les actions, il y a tant d’enfants qui gardent espoir ».
« Tous très bien élevés »
Des «condamnés» parfois ressuscités comme Nato, Prielle, Bernadette, Abibatou, Abygail… Tous ces enfants accueillis par Aviation sans Frontières, après avoir traversé la Méditerranée la peur au ventre,
avant de trouver réconfort dans les bras de familles d’adoption, ellesmêmes bouleversées par ces rencontres. « Ils étaient souvent timides, voire craintifs à leur arrivée, mais ils étaient tous très bien élevés» , résume une des anges gardiens avant une série de témoignages dignes et émouvants. Autant de scénarios à mettre, un jour, dans les mains du réalisateur Thomas Lilti. L’histoire de Mohamed, petit Syrien qui a soufflé ses 12 bougies en salle de réanimation et s’apprête à accueillir une petite soeur promise au même prénom que ses mamans de «substitution» : Christine. L’histoire de Iorentsoa, Malgache devenue ambassadrice du collège Charles-III et pour laquelle les élèves ont levé 20 000 euros. L’histoire de Malou, opérée par le Pr Dreyfus à 11 ans, «qui a appris les rudiments du français en seulement deux mois et découvert la neige, le froid…» et la galère pour enfiler des collants !
« Les larmes n’ont pas la même couleur»
Des souvenirs narrés par son hôte, Michel, bénévole de la bien nommée Chaîne de l’Espoir, heureux d’annoncer qu’une petite Fanta «vient de subir la première opération à coeur ouvert à Bamako… et tout c’est bien passé!» Poignant témoignage, enfin, de Rémi Campaoré, porte-parole des correspondants africains et père de Prielle. «Si je suis fier d’elle aujourd’hui, c’est grâce à vous (...) Au départ des enfants, il y a toujours des pleurs. Au retour, les larmes n’ont pas la même couleur », a-t-il confié en embrassant l’attestation de reconnaissance à son nom portant le sceau du prince Albert II. « Cette chaîne est une leçon d’humilité. Seul on n’est rien, en groupe on peut faire mieux», a conclu Michelle Faramia, famille d’accueil pour la CRM depuis des décennies qui a décidé de raccrocher après avoir écrit un livre contant l’histoire de Prielle. Un exemple.