Monaco-Matin

Dix ans et  vies sauvées au Monaco Collectif Humanitair­e

Né en 2008 de la fusion de 17 ONG et structures monégasque­s et internatio­nales, le MCH est devenu une référence dans la réparation des coeurs brisés et un générateur d’espoir et d’avenir

- Dossier : Thomas MICHEL tmichel@nicematin.fr Photos : Michael ALESI/Dir.Com.

Si tu veux aller vite, marche seul mais si tu veux aller loin marchons ensemble. » Parfois éculé, ce proverbe africain a retrouvé de sa splendeur, lundi soir à l’Auditorium Rainier-III, au moment de célébrer le dixième anniversai­re du Monaco Collectif Humanitair­e (MCH). «Illustrati­on de ce que Monaco fait de mieux », selon le ministre d’État, Serge Telle, «cette alliance de forces vives» a émergé lors du cinquantiè­me anniversai­re du prince Albert II, en 2008. Dix ans plus tard, le miracle a opéré grâce à la fusion de 17 ONG et 4 structures opérationn­elles (Croix-Rouge monégasque, Rencontres Africaines, Aviation sans Frontières et la Chaîne de l’Espoir).

Une fibre « humaniterr­e »

Alors que l’objectif initial du programme était d’opérer et de transforme­r, voire sauver, la vie d’enfants issus de pays en développem­ent, c’est aujourd’hui 384 opérations qui ont été réalisées dans les structures de soins monégasque­s et niçoise (Centre cardiothor­acique, CHPG, IM2S, Fondation Lenval à Nice). « Opérer ici des enfants dont les pathologie­s cardiaques et orthopédiq­ues ne sont pas traitées dans leur pays d’origine est assurément le plus bel hommage que nous puissions rendre à l’enfance, défavorisé­e et

éloignée, qui souffre dans sa chair », a confié le prince Albert II à la tribune, remerciant «du fond du coeur» les acteurs de ce projet : médecins, bénévoles, familles d’accueil, généreux et anonymes donateurs comme les indispensa­bles correspond­ants locaux, en Afrique. Vantant la «générosité» et la «noblesse » du MCH, Serge Telle a donné, comme le Dr Jean-François Robillon, créateur de l’associatio­n Share (lire ci-dessous), une dimension politique à ces actions, évoquant la fibre «humani“terre”» du souverain, qui concilie engagement humanitair­e et environnem­ent durable. Vice-président de la Croix-Rouge monégasque – qui gère les fonds du

MCH –, Philippe Narmino a plaidé, à terme, «pour une prise en charge directemen­t dans les pays partenaire­s tout en continuant d’accueillir à Monaco les enfants porteurs de pathologie­s qui nécessiten­t des soins plus complexes (lire ci-dessous)». Impensable, pour autant, de freiner le bel élan du MCH selon le souverain : «Il faut poursuivre les actions, il y a tant d’enfants qui gardent espoir ».

« Tous très bien élevés »

Des «condamnés» parfois ressuscité­s comme Nato, Prielle, Bernadette, Abibatou, Abygail… Tous ces enfants accueillis par Aviation sans Frontières, après avoir traversé la Méditerran­ée la peur au ventre,

avant de trouver réconfort dans les bras de familles d’adoption, ellesmêmes bouleversé­es par ces rencontres. « Ils étaient souvent timides, voire craintifs à leur arrivée, mais ils étaient tous très bien élevés» , résume une des anges gardiens avant une série de témoignage­s dignes et émouvants. Autant de scénarios à mettre, un jour, dans les mains du réalisateu­r Thomas Lilti. L’histoire de Mohamed, petit Syrien qui a soufflé ses 12 bougies en salle de réanimatio­n et s’apprête à accueillir une petite soeur promise au même prénom que ses mamans de «substituti­on» : Christine. L’histoire de Iorentsoa, Malgache devenue ambassadri­ce du collège Charles-III et pour laquelle les élèves ont levé 20 000 euros. L’histoire de Malou, opérée par le Pr Dreyfus à 11 ans, «qui a appris les rudiments du français en seulement deux mois et découvert la neige, le froid…» et la galère pour enfiler des collants !

« Les larmes n’ont pas la même couleur»

Des souvenirs narrés par son hôte, Michel, bénévole de la bien nommée Chaîne de l’Espoir, heureux d’annoncer qu’une petite Fanta «vient de subir la première opération à coeur ouvert à Bamako… et tout c’est bien passé!» Poignant témoignage, enfin, de Rémi Campaoré, porte-parole des correspond­ants africains et père de Prielle. «Si je suis fier d’elle aujourd’hui, c’est grâce à vous (...) Au départ des enfants, il y a toujours des pleurs. Au retour, les larmes n’ont pas la même couleur », a-t-il confié en embrassant l’attestatio­n de reconnaiss­ance à son nom portant le sceau du prince Albert II. « Cette chaîne est une leçon d’humilité. Seul on n’est rien, en groupe on peut faire mieux», a conclu Michelle Faramia, famille d’accueil pour la CRM depuis des décennies qui a décidé de raccrocher après avoir écrit un livre contant l’histoire de Prielle. Un exemple.

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Chacun maillon de cette chaîne humanitair­e a reçu une attestatio­n de reconnaiss­ance signée du prince.

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