Des caméras de surveillance autour de la ferme d’Herrou
Le défenseur des migrants dans la vallée de la Roya a découvert trois caméras à proximité de sa ferme à Breil. La préfecture explique que des caméras peuvent être installées près de la ligne SNCF
Dimanche, cinq agités l’enfarinaient devant un cinéma de Valence où il venait présenter le documentaire de Michel Toesca retraçant son combat. Pour les besoins de Libre, Cédric Herrou s’est laissé filmer durant de longs mois, ayant déjà une certaine expérience de la caméra. Mais depuis deux mois, il est un autre type de tournage que l’agriculteur de Breil-sur-Roya goûte sensiblement moins. Il s’en émeut : «J’ai découvert autour de chez moi, à l’extérieur de la ferme, trois caméras de surveillance. L’une d’entre elles reliée à une carte SIM pour envoyer des images en direct sur un téléphone. »
« Objets trouvés »
Cédric Herrou y voit un procédé illégal de « contrôle au faciès », estimant qu’un tel dispositif devrait être déclaré, donc officiellement annoncé. « On n’a pas le droit de poser des caméras comme ça, dans l’espace public, pour filmer ou photographier les gens sans qu’ils le sachent », proteste le producteur d’huile d’olive qui a décroché les appareils des arbres sur lesquels on les avait installés. Laissant toutefois une caméra braquée sur la voie Cédric Herrou : « On n’a pas le droit de poser des caméras comme ça, dans l’espace public, pour filmer ou photographier les gens sans qu’ils le sachent. »
(Photo Jean-François Ottonello)
SNCF, à la sortie du tunnel que les migrants empruntent à pied. «J’ai demandé aux gendarmes de Nice l’adresse des objets trouvés », précise Cédric Herrou qui, non sans une certaine ironie, indique ne pas vouloir les garder. « Je ne m’en sers pas et je les rendrai quand je serai convoqué pour la plainte que j’ai déposée contre le préfet», explique-t-il. Une plainte pour violation de domicile, « constat d’huissier à l’appui », qui remonterait à l’été: «J’ai utilisé de la rubalise - un ruban rouge et blanc - pour encercler des gendarmes mobiles
qui procédaient à des contrôles d’identité d’une durée excessive. »
« Sécurisation et sûreté »
Sur le fond, rien ne change. « Pourquoi obliger les gens à passer clandestinement la frontière ? », interroge le militant qui persiste et signe: «Cette question pourrait être gérée plus intelligemment. En attendant, on fait office de préfecture pour les demandeurs d’asile qui veulent déposer leur dossier. On envoie un mail avec l’identité et la photo des personnes aux gendarmes qui, le lendemain à 7
h, procèdent au contrôle à la gare de Breil-sur-Roya. Après quoi on prend le train de 7 h 23 pour rejoindre le point d’accès des demandeurs d’asile, à Nice. » Contactée, la préfecture confirme que « des caméras sont susceptibles d’être installées périodiquement aux abords du réseau ferroviaire, à des fins de sécurisation et de sûreté » ,etque « cela peut être le cas dans la vallée de la Roya ». En revanche, aucune trace de plainte pour des contrôles d’identité n’a été relevée. (DR)