Monaco-Matin

Des caméras de surveillan­ce autour de la ferme d’Herrou

Le défenseur des migrants dans la vallée de la Roya a découvert trois caméras à proximité de sa ferme à Breil. La préfecture explique que des caméras peuvent être installées près de la ligne SNCF

- FRANCK LECLERC fleclerc@nicematin.fr

Dimanche, cinq agités l’enfarinaie­nt devant un cinéma de Valence où il venait présenter le documentai­re de Michel Toesca retraçant son combat. Pour les besoins de Libre, Cédric Herrou s’est laissé filmer durant de longs mois, ayant déjà une certaine expérience de la caméra. Mais depuis deux mois, il est un autre type de tournage que l’agriculteu­r de Breil-sur-Roya goûte sensibleme­nt moins. Il s’en émeut : «J’ai découvert autour de chez moi, à l’extérieur de la ferme, trois caméras de surveillan­ce. L’une d’entre elles reliée à une carte SIM pour envoyer des images en direct sur un téléphone. »

« Objets trouvés »

Cédric Herrou y voit un procédé illégal de « contrôle au faciès », estimant qu’un tel dispositif devrait être déclaré, donc officielle­ment annoncé. « On n’a pas le droit de poser des caméras comme ça, dans l’espace public, pour filmer ou photograph­ier les gens sans qu’ils le sachent », proteste le producteur d’huile d’olive qui a décroché les appareils des arbres sur lesquels on les avait installés. Laissant toutefois une caméra braquée sur la voie Cédric Herrou : « On n’a pas le droit de poser des caméras comme ça, dans l’espace public, pour filmer ou photograph­ier les gens sans qu’ils le sachent. »

(Photo Jean-François Ottonello)

SNCF, à la sortie du tunnel que les migrants empruntent à pied. «J’ai demandé aux gendarmes de Nice l’adresse des objets trouvés », précise Cédric Herrou qui, non sans une certaine ironie, indique ne pas vouloir les garder. « Je ne m’en sers pas et je les rendrai quand je serai convoqué pour la plainte que j’ai déposée contre le préfet», explique-t-il. Une plainte pour violation de domicile, « constat d’huissier à l’appui », qui remonterai­t à l’été: «J’ai utilisé de la rubalise - un ruban rouge et blanc - pour encercler des gendarmes mobiles

qui procédaien­t à des contrôles d’identité d’une durée excessive. »

« Sécurisati­on et sûreté »

Sur le fond, rien ne change. « Pourquoi obliger les gens à passer clandestin­ement la frontière ? », interroge le militant qui persiste et signe: «Cette question pourrait être gérée plus intelligem­ment. En attendant, on fait office de préfecture pour les demandeurs d’asile qui veulent déposer leur dossier. On envoie un mail avec l’identité et la photo des personnes aux gendarmes qui, le lendemain à 7

h, procèdent au contrôle à la gare de Breil-sur-Roya. Après quoi on prend le train de 7 h 23 pour rejoindre le point d’accès des demandeurs d’asile, à Nice. » Contactée, la préfecture confirme que « des caméras sont susceptibl­es d’être installées périodique­ment aux abords du réseau ferroviair­e, à des fins de sécurisati­on et de sûreté » ,etque « cela peut être le cas dans la vallée de la Roya ». En revanche, aucune trace de plainte pour des contrôles d’identité n’a été relevée. (DR)

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L’une des trois caméras décrochées de leur arbre par l’agriculteu­r de Breil-sur-Roya.
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