Beaulieu: Hélène et le jardin de curiosités
Situé boulevard Édouard-VII, ce lieu où s’accumulent jouets et trouvailles effraie ou enchante les passants depuis 2006
Il est parfois des lieux, qui pour quelques instants, vous font tout oublier. C’est le cas du jardin d’Hélène à Beaulieu-surMer. Il est bien connu des habitants du boulevard Édouard-VII et des usagers de la montée des Mandarines. Effrayant pour certains, enchanteur pour d’autres, son jardin des curiosités ne laisse pas indifférent.
Porcelaines, peluches, jouets
Au 236, boulevard ÉdouardVII, en contrebas, se trouvent trois restanques. Un portillon et quelques marches assez raides permettent d’accéder au jardin d’Hélène, qui habite en face. Un cabanon garde les objets en tout genre qu’on lui confie. Robert Mangan, son mari, y rangeait ses outils et ses graines, car il y entretenait un potager. Hélène raconte : «C’était interdiction à ma fille et moi de descendre
dans le jardin ! On n’avait permission que d’aller dans le petit triangle du haut, où
ma fille s’amusait avec les petits du quartier.» En 2006, Hélène perd son époux, mais tient à reprendre le jardin. Élevée à la campagne, elle a décidé de le transformer à son envie. « J’ai voulu en faire un mini Disney. J’achète beaucoup dans les vide-greniers et je change. » Voilà comment, au fil des ans, s’est dessiné cet espace, au gré de ses trouvailles : porcelaines, peluches, jouets… Les enfants qui passent par là pour aller à l’école lui font régulièrement des remarques : « Madame ! Mais il y a encore ça ! Quand est-ce que tu changes un peu les nounours ? » Mais c’est elle qui décide des avancées de son travail minutieux. Son jardin plaît aussi aux grands : «Surtout les Japonais, ils zooment au-dessus du grillage et toute la journée ça filme ! »
Offrandes
Voilà comment ce qui était un espace de liberté et de création personnelle est devenu le jardin de tout le monde. Au point que les passants lui laissent des trésors sur le muret. Une fois, Hélène a cru à l’incivisme en voyant un gros sac-poubelle trôner au milieu du terrain. À l’intérieur, il y avait en fait une grosse peluche. Ces offrandes, elles les met ensuite bien en vue, quand elle le peut. Le reste est rangé dans le cabanon. Du haut de ses 82 ans, Hélène peut parfois passer des journées entières dans son jardin. Et pas assise sur une chaise ! Elle prend aussi du temps pour discuter avec les passants, qui la remercient pour ce moment décalé. Ils ont raison d’en profiter, sa fille ne prendra pas le relais : « Tout ce tcharafi je l’enlèverai ! », lui a-t-elle annoncé, Hélène lui a seulement fait promettre de « tout donner aux enfants ». Alors les arbres et les légumes reviendront. Mais on se souviendra longtemps du jardin d’Hélène, de son coeur immense. Profitez-en.