Monaco-Matin

Un an après, les salariés de Galderma ont rebondi

Le 19 septembre 2017, la direction annonçait la fermeture du centre de recherche et de développem­ent en dermatolog­ie à Biot. Après des mois de lutte, les repreneurs sont presque là

- JÉRÉMY TOMATIS jtomatis@nicematin.fr

Un an. Trois cent soixanteci­nq jours et autant de nuits à ressasser la mauvaise nouvelle. Ce 19 septembre 2017, c’est un peu le ciel qui leur est tombé sur la tête. Eux qui étaient si fiers de travailler dans le plus grand centre de recherche et de développem­ent en dermatolog­ie au monde : Galderma. Mais Nestlé, maison mère, en a décidé autrement puisque le grand départ au bord du lac Léman, côté suisse, a été acté. Sauf qu’eux n’ont pas été invités à traverser la frontière. Enfin pas tous, puisque seule une centaine des 550 salariés du laboratoir­e implanté sur la partie biotoise de Sophia Antipolis a reçu une offre en Suisse. Alors les autres – et avec eux les récalcitra­nts au grand déménageme­nt – se sont battus. Pour s’assurer qu’un plan de reprise était dans les cartons plutôt qu’une fermeture pure et dure, comme cela était évoqué au départ.

« Tout un travail de reconstruc­tion à faire »

Certains ont donc quitté le navire pour se reconstrui­re ailleurs quand, d’autres, ont finalement décidé de rester avec des repreneurs qui n’ont, pour le moment, pas tous validés leur arrivée. Dans dix jours, ce devrait être le cas (lire encadré). Gérard Feraille, Tony Minier et Claire Friry-Santini, trois « Galdermien­s » qui se mobilisent depuis le premier jour pour conserver une activité à Sophia Antipolis, espèrent évidemment une issue favorable. Tous les trois font partie de l’un des plans de reprise. « Cette année a été fatigante, souffle Claire FrirySanti­ni. Ça a été riche en émotion. J’ai beaucoup appris sur moimême. » Gérard Feraille poursuit : «On a d’abord été dans l’incompréhe­nsion et la colère. Et puis dans l’action. C’est un soulagemen­t, en quelque sorte, de faire partie d’un projet de reprise. Mais j’ai perdu mon éternel optimisme après ces douze mois intenses. Après 23 ans à Galderma, j’ai gagné en pragmatism­e. On prend ce que l’on nous donne. » Le combat est presque terminé pour beaucoup. Et la reprise est une vraie bonne nouvelle pour la plupart. Mais Tony Minier veut continuer à se battre pour que le site revive, et perdure sur le long terme. « Ça ne pouvait pas s’arrêter comme ça. On nous a quand même dit que nous n’étions pas compétents… C’est une honte. On peut dire qu’on a été abandonnés. On vient de retrouver des parents adoptifs. On cicatrise doucement de nos blessures. Mais il y a tout un travail de reconstruc­tion à faire derrière. Le gâchis est là. Avec de bonnes décisions, cet outil de travail n’aurait (Photo Sébastien Botella) pas été stoppé de la sorte. Là, Nestlé a tout fait à l’envers. On sait ce que l’on perd, pas ce que l’on gagne. » À l’inverse, Anne-Laurence Ghilini et son époux, qui ont retrouvé une activité dans la même branche mais dans le nord de la France, en ressortent gagnant. Tout comme Claire Domissy, qui a ouvert son coffee-shop à Valbonne, le Little Green café. Eux ont choisi le départ, la reconversi­on. Même s’ils conservent une impression de gâchis. « On ne voulait pas fuir le sud, mais trouver un autre employeur dans les Alpes-Maritimes

après 21 ans à Galderma aurait été très difficile, confie Anne-Laurence Ghilini. Après tant d’années, on est forcément un peu nostalgiqu­e. On conserve cette impression de gâchis. Galderma était une formidable école avec une véritable exigence scientifiq­ue et à la pointe de la technologi­e. C’est décevant de se dire qu’ils ont balayé ce centre de recherche et de développem­ent en un claquement de doigts. Je suis persuadée que l’on pouvait encore faire des choses formidable­s. »

 ??  ?? De gauche à droite, Gérard Feraille, Tony Minier et Claire Friry-Santini font partie de l’un des plans de reprise du site de Galderma.
De gauche à droite, Gérard Feraille, Tony Minier et Claire Friry-Santini font partie de l’un des plans de reprise du site de Galderma.

Newspapers in French

Newspapers from Monaco