Monaco-Matin

Plus de vingt mille pneus repêchés sous la mer

Ils ont été immergés dans les années 80, au large de Golfe-Juan, pour créer des récifs artificiel­s. Aujourd’hui, risque de pollution oblige, on les retire. L’opération durera jusqu’en juin 2019

- MARIE-CHRISTINE ABALAIN mabalain@nicematin.fr

C’est une pêche peu commune qui se déroule, au large de Golfe-Juan. « Océa », un ancien thonier, reconverti en bateau-chantier, extirpe, du bout de sa grue mécanique, des pneus de voitures et de camions. Enfilés sur des barres de fer, les gommes ruisselant­es sont déposées sur le pont. Le noir d’origine du caoutchouc a peu ou prou disparu sous les algues, vertes et rouges. Ce sont là quelques exemplaire­s, infime, des 25 000 pneus qui depuis près de quarante ans dorment sous les eaux. En plein dans la zone maritime protégée (ZMP) de Golfe-Juan, elle-même intégrée dans le site Natura 2000 « Baie et Cap d’AntibesIle­s de Lérins ». À l’époque, on espérait, sur ces fonds entre vase et sable, créer des habitats et des refuges pour la vie marine (voir article ci-dessous). Un échec. Pire, un risque de pollution. C’est le constat dressé par les diverses évaluation­s scientifiq­ues menées durant plusieurs années : ces récifs sont inactifs (40 % de taux de colonisati­on de moins par rapport aux récifs en béton). De plus, leur dispersion menace les précieux herbiers de posidonie et le coralligèn­e, qui peuvent être écrasés ou cisaillés. D’où cette vaste campagne d’enlèvement décidée et financée par l’Agence française pour la biodiversi­té (AFB)à hauteur d’un million d’euros. La Fondation d’Entreprise Michelin apporte une contributi­on supplément­aire de 200 000 euros.

La « chasse », à  mètres de profondeur

Qualifiée « d’action pionnière », le coup d’envoi de l’opération a été donné, vendredi, en grande pompe, par Christophe Aubel, directeur général de l’AFB, avec la participat­ion des principaux acteurs et partenaire­s (1). Acheminés à bord de l’« Océa », les visiteurs ont pris la mesure des travaux effectués par le groupement Suez-SNC. Dans la zone de chantier soigneusem­ent balisée, à près de quarante mètres de profondeur, une équipe de six à huit plongeurs et scaphandri­ers oeuvre en se relayant, à raison d’une interventi­on de 45 minutes. Ce sont eux qui sont chargés de confection­ner ces fameux « colliers de pneus ». Des images immortalis­ées par les gendarmes du Centre d’instructio­n nautique. On peut suivre la méthode employée : balisés par le plongeur scientifiq­ue de la Direction de l’environnem­ent et de la gestion des risques, les pneus récupérés sont passés, comme des perles, sur un filin, puis à l’aide d’un parachute, le « collier », qui peut être constitué de 10 à 30 pneus, selon leur taille, est remonté à la surface puis hissé à bord du navire par la grue. Ce modus operandi a été expériment­é en mai 2015 où 2500 chapes de caoutchouc ont été prélevées. L’interventi­on est complexe car il faut également chercher les pneus égarés. Pour l’instant, le site de dispersion ne serait pas trop étendu. «Il était temps d’agir avant une plus grande propagatio­n », confie un participan­t. La campagne d’enlèvement s’effectue en deux phases. Celle qui a débuté durera quatre semaines et devrait permettre de retirer 10000 pneus. Les opérations reprendron­t au printemps et s’achèveront en juin 2019. 1. Charles-Ange Ginésy, président du conseil départemen­tal, Michelle Salucki, maire de Vallauris Golfe-Juan, Eric Duplay, adjointe à l’environnem­ent de la Ville d’Antibes, Philippe Leguez, directeur général de la Fondation Michelin, les représenta­nts du comité local des pêches et des élevages marins et la prud’homie de pêche Antibes et Golfe-Juan

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(Photos J.-S. G.-A./G. L.) Cette vaste opération est financée par l’Agence française pour la biodiversi­té (AFB) à hateur d’un million d’euros. L’entreprise Michelin apporte une contributi­on de   euros.

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