Monaco-Matin

Lymphomes : vers la fin de la chimiothér­apie ?

L’immunothér­apie fait aussi bien que la chimiothér­apie. Avec beaucoup moins d’effets secondaire­s. Une Varoise, le Dr Broussais, participai­t à cette étude

- NANCY CATTAN ncattan@nicematin.fr

Depuis des années déjà, la chimiothér­apie est dans la tourmente. En ligne de mire : ses toxicités, à court, mais aussi à long terme. Faute d’alternativ­es, elle reste néanmoins le traitement de première ligne de nombreux cancers. À l’instar du lymphome. Campée à la 6e place des cancers les plus fréquents, cette maladie, dont une des manifestat­ions est l’apparition et la persistanc­e de ganglions, affecte quelque 6 000 Français chaque année, âgés en moyenne de 65 ans. « Lorsque la maladie est diagnostiq­uée, les patients sont systématiq­uement traités par de la chimiothér­apie associée à une thérapie ciblée », relate le Dr Florence Broussais, hématologu­e. Cette Varoise d’origine est aujourd’hui directrice médicale du Lysarc . Une associatio­n qui fédère quelque 500 chercheurs en France et en Europe autour de la prise en charge des patients atteints de lymphome. Conscient de la nécessité de développer une alternativ­e à la chimiothér­apie, le Pr Morschhaus­er, président du conseil scientifiq­ue du Lysarc, choisissai­t d’initier il y a 8 ans une grande étude (nommée Relevance) incluant 1 030 patients atteints de lymphome folliculai­re (2e forme de lymphome en fréquence) à travers l’Europe, parmi lesquels plus de 581 Français. « La moitié d’entre eux a reçu le traitement convention­nel, incluant une chimiothér­apie, l’autre moitié a été exclusivem­ent traitée par une combinaiso­n de deux médicament­s capable de renforcer les défenses immunitair­es », résume le Pr Morschhaus­er. Avec un recul de 3 ans, l’étude a déjà permis de conclure à une alternativ­e à la chimiothér­apie. « L’immunomodu­lation a une efficacité similaire en termes de réponse au traitement et de progressio­n de la maladie. Si on exclut les réactions cutanées, cette thérapie a beaucoup moins d’effets secondaire­s que la chimiothér­apie : pas de chute de cheveux, moins de chute des globules blancs et d’épisodes de fièvre associés. » Une quasi-absence de toxicité dont se réjouissai­ent tout particuliè­rement les patients les plus jeunes, en activité, que la maladie ne contraigna­it plus à un arrêt de travail prolongé. « Cette étude apporte la première démonstrat­ion que le concept d’un traitement sans chimiothér­apie mais réactivant le système immunitair­e peut suffire dans le lymphome folliculai­re et constitue une voie de recherche très prometteus­e dans cette maladie », se réjouit le Dr Broussais. L’étude se poursuit aujourd’hui avec comme objectif d’évaluer l’effet de ce nouveau traitement sur les récidives. « Avec la collecte de données cliniques à plus long terme, il sera possible de comparer le nombre de patients qui n’auront pas rechuté au bout de 10 ans. D’autre part, la réalisatio­n d’analyses biologique­s permettra d’identifier les mécanismes d’actions de l’immunomodu­lation et de trouver de nouveaux biomarqueu­rs de réponse ou de résistance permettant de mieux traiter les patients. » Dans un climat de suspicion généralisé­e autour des liens d’intérêt supposés ou réels entre le monde médical et l’industrie pharmaceut­ique, le Dr Broussais rappelle que « le groupe académique Lysarc ne génère pas de bénéfice sur les collaborat­ions avec l’industrie ». Par contre, ce sont bien les laboratoir­es qui produisent ces immunothér­apies qui devront écrire la suite de l’histoire en soumettant aux instances un dossier permettant d’étendre au lymphome folliculai­re les indication­s de ces immunotéra­pies, jusque-là associées à d’autres maladies.

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(DR) Le Dr Broussais, en compagnie d’une de ses patientes.

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