Lymphomes : vers la fin de la chimiothérapie ?
L’immunothérapie fait aussi bien que la chimiothérapie. Avec beaucoup moins d’effets secondaires. Une Varoise, le Dr Broussais, participait à cette étude
Depuis des années déjà, la chimiothérapie est dans la tourmente. En ligne de mire : ses toxicités, à court, mais aussi à long terme. Faute d’alternatives, elle reste néanmoins le traitement de première ligne de nombreux cancers. À l’instar du lymphome. Campée à la 6e place des cancers les plus fréquents, cette maladie, dont une des manifestations est l’apparition et la persistance de ganglions, affecte quelque 6 000 Français chaque année, âgés en moyenne de 65 ans. « Lorsque la maladie est diagnostiquée, les patients sont systématiquement traités par de la chimiothérapie associée à une thérapie ciblée », relate le Dr Florence Broussais, hématologue. Cette Varoise d’origine est aujourd’hui directrice médicale du Lysarc . Une association qui fédère quelque 500 chercheurs en France et en Europe autour de la prise en charge des patients atteints de lymphome. Conscient de la nécessité de développer une alternative à la chimiothérapie, le Pr Morschhauser, président du conseil scientifique du Lysarc, choisissait d’initier il y a 8 ans une grande étude (nommée Relevance) incluant 1 030 patients atteints de lymphome folliculaire (2e forme de lymphome en fréquence) à travers l’Europe, parmi lesquels plus de 581 Français. « La moitié d’entre eux a reçu le traitement conventionnel, incluant une chimiothérapie, l’autre moitié a été exclusivement traitée par une combinaison de deux médicaments capable de renforcer les défenses immunitaires », résume le Pr Morschhauser. Avec un recul de 3 ans, l’étude a déjà permis de conclure à une alternative à la chimiothérapie. « L’immunomodulation a une efficacité similaire en termes de réponse au traitement et de progression de la maladie. Si on exclut les réactions cutanées, cette thérapie a beaucoup moins d’effets secondaires que la chimiothérapie : pas de chute de cheveux, moins de chute des globules blancs et d’épisodes de fièvre associés. » Une quasi-absence de toxicité dont se réjouissaient tout particulièrement les patients les plus jeunes, en activité, que la maladie ne contraignait plus à un arrêt de travail prolongé. « Cette étude apporte la première démonstration que le concept d’un traitement sans chimiothérapie mais réactivant le système immunitaire peut suffire dans le lymphome folliculaire et constitue une voie de recherche très prometteuse dans cette maladie », se réjouit le Dr Broussais. L’étude se poursuit aujourd’hui avec comme objectif d’évaluer l’effet de ce nouveau traitement sur les récidives. « Avec la collecte de données cliniques à plus long terme, il sera possible de comparer le nombre de patients qui n’auront pas rechuté au bout de 10 ans. D’autre part, la réalisation d’analyses biologiques permettra d’identifier les mécanismes d’actions de l’immunomodulation et de trouver de nouveaux biomarqueurs de réponse ou de résistance permettant de mieux traiter les patients. » Dans un climat de suspicion généralisée autour des liens d’intérêt supposés ou réels entre le monde médical et l’industrie pharmaceutique, le Dr Broussais rappelle que « le groupe académique Lysarc ne génère pas de bénéfice sur les collaborations avec l’industrie ». Par contre, ce sont bien les laboratoires qui produisent ces immunothérapies qui devront écrire la suite de l’histoire en soumettant aux instances un dossier permettant d’étendre au lymphome folliculaire les indications de ces immunotérapies, jusque-là associées à d’autres maladies.