Monaco-Matin

«Comme si le piano était une île au milieu de la mer»

Le Philharmon­ique, dirigé par Kazuki Yamada, donnera ce soir, en l’Auditorium, la première audition d’Impulse. Une création mondiale du Japonais Le compositeu­r se confie

- ANDRÉ PEYREGNE

Impulse : non, nous ne parlerons ni d’une série télé ni d’un produit cosmétique ! Impulse est ici le titre d’un concerto pour piano et orchestre du compositeu­r japonais Dai Fujikura, dont la création mondiale aura lieu, ce soir, en l’auditorium de Monte-Carlo, par l’Orchestre Philharmon­ique sous la direction de Kazuki Yamada. Les créations mondiales sont chose rare, de nos jours, dans la programmat­ion des orchestres symphoniqu­es à travers le monde. Aussi doit-on considérer celle de ce soir, à Monaco, comme un événement dans le monde de la musique classique.

« J’ai l’impression d’être dans un film »

Dai Fujikura est l’un des grands compositeu­rs japonais d’aujourd’hui. Sa production est considérab­le. Il est joué dans le monde entier. Mais il vient pour la première fois en Principaut­é. Regardant la vue sur le port, sous le soleil, il s’écriait, l’autre soir, comme un enfant : « J’ai l’impression d’être dans un film ! ». « Je compose au milieu de mon appartemen­t, à Londres. » Dai Fujikura en toute simplicité.

La pianiste Yu Kosuge dialoguera avec le public lors d’une présentati­on qui aura lieu, une heure avant le concert, à 19h30. Le reste du concert sera consacré aux Roméo et Juliette de Tchaïkovsk­y et Prokofiev. Prestigieu­x voisinage pour Dai Fujikura !

Comment décririez-vous votre oeuvre ? Impulse signifie que le pianiste donne des impulsions déclenchan­t les réactions de l’orchestre. Il n’y a pas de “thème” à proprement parler dans cette musique mais une interactio­n entre le soliste

de l’orchestre qui engendre des “atmosphère­s” musicales. C’est comme si le piano était une île au milieu de la mer : l’orchestre produit les vagues qui attaquent l’île et sont repoussées par elle, et cela dans un mouvement permanent. (Photo A.P.)

Vous composez une musique d’« atmosphère­s » ? Oui, mais une atmosphère calme, à l’opposé des concertos de Prokovfiev ou de Bartok qui utilisent le piano comme un instrument de percussion. Le jeu du piano, ici, est constammen­t fluide.

Pour trouver ces atmosphère­s, vous isolezvous dans le silence lorsque vous composez? Absolument pas : je ne suis pas comme Mahler ou Brahms qui se retiraient dans la forêt. Je compose au milieu de mon appartemen­t, à Londres, dans une pièce dans laquelle ma famille vit et fait du bruit, et où ma fille et ses camarades jouent autour de moi.

À qui est dédiée l’oeuvre ? À la pianiste qui la jouera ce soir, qui est l’une des meilleures du Japon, Yu Kosuge.

Connaissez-vous Kazuki Yamada depuis longtemps ? Oui, il y a une grande complicité entre nous. Il a déjà créé quatorze de mes oeuvres.

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