«Comme si le piano était une île au milieu de la mer»
Le Philharmonique, dirigé par Kazuki Yamada, donnera ce soir, en l’Auditorium, la première audition d’Impulse. Une création mondiale du Japonais Le compositeur se confie
Impulse : non, nous ne parlerons ni d’une série télé ni d’un produit cosmétique ! Impulse est ici le titre d’un concerto pour piano et orchestre du compositeur japonais Dai Fujikura, dont la création mondiale aura lieu, ce soir, en l’auditorium de Monte-Carlo, par l’Orchestre Philharmonique sous la direction de Kazuki Yamada. Les créations mondiales sont chose rare, de nos jours, dans la programmation des orchestres symphoniques à travers le monde. Aussi doit-on considérer celle de ce soir, à Monaco, comme un événement dans le monde de la musique classique.
« J’ai l’impression d’être dans un film »
Dai Fujikura est l’un des grands compositeurs japonais d’aujourd’hui. Sa production est considérable. Il est joué dans le monde entier. Mais il vient pour la première fois en Principauté. Regardant la vue sur le port, sous le soleil, il s’écriait, l’autre soir, comme un enfant : « J’ai l’impression d’être dans un film ! ». « Je compose au milieu de mon appartement, à Londres. » Dai Fujikura en toute simplicité.
La pianiste Yu Kosuge dialoguera avec le public lors d’une présentation qui aura lieu, une heure avant le concert, à 19h30. Le reste du concert sera consacré aux Roméo et Juliette de Tchaïkovsky et Prokofiev. Prestigieux voisinage pour Dai Fujikura !
Comment décririez-vous votre oeuvre ? Impulse signifie que le pianiste donne des impulsions déclenchant les réactions de l’orchestre. Il n’y a pas de “thème” à proprement parler dans cette musique mais une interaction entre le soliste
de l’orchestre qui engendre des “atmosphères” musicales. C’est comme si le piano était une île au milieu de la mer : l’orchestre produit les vagues qui attaquent l’île et sont repoussées par elle, et cela dans un mouvement permanent. (Photo A.P.)
Vous composez une musique d’« atmosphères » ? Oui, mais une atmosphère calme, à l’opposé des concertos de Prokovfiev ou de Bartok qui utilisent le piano comme un instrument de percussion. Le jeu du piano, ici, est constamment fluide.
Pour trouver ces atmosphères, vous isolezvous dans le silence lorsque vous composez? Absolument pas : je ne suis pas comme Mahler ou Brahms qui se retiraient dans la forêt. Je compose au milieu de mon appartement, à Londres, dans une pièce dans laquelle ma famille vit et fait du bruit, et où ma fille et ses camarades jouent autour de moi.
À qui est dédiée l’oeuvre ? À la pianiste qui la jouera ce soir, qui est l’une des meilleures du Japon, Yu Kosuge.
Connaissez-vous Kazuki Yamada depuis longtemps ? Oui, il y a une grande complicité entre nous. Il a déjà créé quatorze de mes oeuvres.