Monaco-Matin

Caroline Receveur,  millions d’abonnés

Récompensé­e par deux trophées lors des Influencer Awards à Monaco, Caroline Receveur, la blogueuse mode aux 4 millions d’abonnés, s’est confiée sur le thème des réseaux sociaux

- PROPOS RECUEILLIS PAR THIBAUT PARAT tparat@nicematin.fr

Sa nouvelle crinière aux teintes rousses, arborée sur les réseaux sociaux, a suscité pléthore de commentair­es. De like, comme on dit dans le jargon numérique. Si bien que bon nombre de ses abonnées ont envisagé d’imiter la coupe de leur idole. Voilà résumé en une situation le pouvoir de Caroline Receveur: influencer. Un temps dans l’univers de la téléréalit­é, la Française de 30 ans a très vite monté un blog de conseils mode-beauté et lancé sa propre marque de thé bien-être. Ultra-présente sur les réseaux sociaux, notamment Instagram, Caroline Receveur cumule plus de 4 millions d’abonnés sur différents supports. Une communauté qui scrute son moindre changement de look, ses humeurs du moment, son quotidien. Dimanche, celle qui est aussi l’égérie de plusieurs marques, a raflé deux trophées aux «Influencer Awards Monaco»: un dans la catégorie lifestyle (style de vie), l’autre d’honneur pour son «parcours et profil d’une grande élégance». Rencontre.

Comment en arrive-t-on à plus de  millions d’abonnés sur les réseaux sociaux ? J’étais sur les réseaux sociaux bien avant cette effervesce­nce autour de l’influence et des collaborat­ions avec les marques. J’avais un petit passé télévisuel en tant qu’animatrice et beaucoup de personnes me demandaien­t où j’achetais mes vêtements, mes rouges à lèvres… De là, j’ai lancé mon blog en , sur lequel je partageais mes coups de coeur beauté et mode, les petits passages de ma vie. Au départ, je n’étais pas du tout attirée par Instagram, c’était pour moi juste un logiciel de retouche. J’étais plus présente sur Twitter et Facebook. Finalement, je me suis prise au jeu et j’ai lancé mon compte, il y a  ans. Tout s’est fait très vite et naturellem­ent. Mon nombre de followers a grandi rapidement. Et l’idée, c’était vraiment de partager mes looks, mon lifestyle (style de vie, NDLR) au quotidien.

Au départ, vous disiez ne pas aimer ce terme d’influenceu­se. Pourquoi? C’est un peu prétentieu­x de dire qu’on influence les gens. Je me rangeais donc dans la case des blogueurs. Mais avec le temps, ce mot a pris du sens. Quand je poste des photos et vidéos, j’ai en effet un pouvoir d’influence sur les gens, malgré moi.

Les organisate­urs des Influencer Awards disent qu’il y a un manque de reconnaiss­ance pour les influenceu­rs. Vous partagez ce constat? Totalement. C’est d’ailleurs la raison de ma venue. On fait un métier nouveau, donc on manque encore de reconnaiss­ance. On n’est pas artiste, on est influenceu­r. Je trouve ça génial et honorable que les organisate­urs aient eu la volonté de créer cet événement pour mettre en lumière des acteurs du marché à l’internatio­nal qui comptent autant que des artistes dans le milieu de la musique, de la mode. Tout cela n’est-il pas éphémère ? Influenceu­r, même si je le suis malgré moi, c’est un métier. Mais je ne serai jamais épanouie si je ne faisais que cela. C’est une vitrine, c’est du partage. Je le considère plus comme quelque chose à côté de mon vrai métier qui est chef d’entreprise et de mon envie de créer d’autres business. Mon influence sur Instagram me permet de partager cela avec mon audience.

Les gens qui vous suivent sont influencés par votre style, peuvent être attirés par les marques avec qui vous collaborez. Mais c’est quoi l’envers du décor d’un compte Instagram? Je parle pour moi mais finalement je suis quelqu’un comme tout le monde. J’ai une vie très simple en soi, je fais mes courses, je fais mon shopping, j’ai un chéri, un bébé, un chien que je promène. Instagram, c’est une vitrine. On a envie de mettre des choses qui nous touchent, nos voyages, des jolies choses qui ont du sens. Je partage uniquement ce dont j’ai envie. Je ne fais pas en sorte que le public m’aime pour ce que je poste. C’est un plaisir solitaire, de base. L’envers du décor, c’est aussi bien entendu les marques avec lesquelles on collabore. Me concernant, ce sont des marques que j’affectionn­e, avec qui je travaille sur le long terme. L’idée, c’est de mettre en avant des choses qui me plaisent. Et si ça peut plaire à d’autres, tant mieux.

Comment les triez-vous ? Au coup de coeur. Je marche beaucoup au feeling. Mon rôle de chef d’entreprise, à côté, fait qu’aujourd’hui, je suis capable de refuser des collaborat­ions malgré des sommes importante­s à la clef. Car la marque ne me correspond pas, parce que je ne me sens pas en adéquation avec leur éthique. Je n’accepte que celles avec qui je me sens en totale cohérence. J’ai des rôles d’ambassadri­ces (APM Monaco, l’Oréal, Braun) depuis plusieurs années. J’ai un droit de regard, de parole. J’impose mon style, on ne m’impose rien. Je ne suis pas un outil pour la marque, c’est de la collaborat­ion.

Les réseaux sociaux, c’est aussi un défouloir pour une minorité avec des insultes, de la haine. Comment le vivez-vous ? Ce qui me dérange, c’est la bêtise de certaines personnes qui vont proférer des insultes, des propos au ras des pâquerette­s, très méchants, très négatifs. Après, j’ai mon cocon familial, amical, ma vie profession­nelle. Les gens qui me critiquent, qui viennent apporter leur haine sur les réseaux sociaux, ça me passe au-dessus. Mais parfois je leur réponds… Car ça m’énerve. Je trouve aberrant qu’on puisse encore porter des jugements sur un physique, sur la façon de vivre. Un jour, lorsque j’étais enceinte, j’avais posté une photo avec une tasse de café à la main. Certains étaient outrés. Sauf que c’était du thé à l’intérieur. On peut liker ou ne pas liker, je ne demande rien en échange. Si on ne m’aime pas, on ne me suit pas sur les réseaux sociaux. Audelà de ça, j’ai une audience très positive avec  % de bonnes personnes que je rencontre lors de meet-up. J’ai l’impression que ce sont mes petites soeurs, c’est très bienveilla­nt.

Quand on est ultra-connecté, n’oublie-t-on pas l’essentiel : profiter ? Non, car je fais quelque chose que j’aime. C’est plaisant d’y passer du temps, ce n’est pas horrible. Je prends aussi le temps de déconnecte­r, de passer du temps avec ma famille et mes amis. Sur Instagram, je ne dévoile pas toute ma vie, juste par bribes. Il y a toujours mon jardin secret. Les gens me suivent dans mon quotidien, mais ce n’est pas intrusif.

Vous avez eu un enfant ; faitesvous attention à ne pas trop l’exposer sur la Toile ? Quand j’ai envie de poster une photo de lui et moi, je le fais bien volontiers. C’est un partage. Mais je ne me verrais pas le filmer tous les jours à lui faire des gouzi-gouzi et lui changer sa couche. Ce n’est pas calculé, c’est spontané.

Vous avez aussi écrit un livre, No Filter (Sans filtre). Qu’est-ce que ça raconte ? C’est vraiment la réponse à toutes les questions que pouvaient se poser les gens : qui je suis réellement, qu’est-ce que j’ai traversé dans ma vie pour en arriver là, les étapes. C’est aussi un petit guide avec des chapitres sur l’amitié, l’amour, le travail. L’idée était d’inspirer encore une fois, d’influencer des jeunes filles qui veulent se lancer là-dedans mais aussi dans l’entrepreun­ariat. C’est un livre de conseils.

Au-delà des conseils beauté du quotidien, vous aviez relaté sur votre blog vos opérations d’hystérosco­pie et de coelioscop­ie. Vous avez là un rôle de grande soeur, en poussant les jeunes femmes à consulter… Mon blog raconte ce que j’ai traversé. J’ai eu de l’acné quand j’étais jeune, j’ai subi une opération dont on n’a pas forcément envie de parler mais qui peut aider d’autres jeunes femmes, j’ai raconté le début de ma grossesse où j’ai vécu des moments un peu difficiles. Avoir une certaine notoriété, cela peut rassurer des femmes sur le fait qu’elles ne sont pas seules dans cette situation. Je suis une nana comme tout le monde qui est passée par là aussi. Ce n’est pas parce que j’expose ma vie sur les réseaux sociaux que je suis différente.

Des projets à venir ? Oui. Il faudra rester connecté en février (rires). Ce sont des projets mûrement réfléchis, qui me tiennent à coeur, qui vont parler à mon audience. C’est aussi ça, l’envers du décor. Il y a les réseaux sociaux, certes, mais aussi de gros projets qui se travaillen­t en coulisses. Influenceu­r, ce n’est pas juste poster des photos. C’est un travail de fond, de recherches. On emploie des gens. Je ne suis pas seule à faire ma petite photo. Tout est profession­nalisé.

Les marques ne m’imposent rien ”

Une nana comme tout le monde ”

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(Photo Jean-François Ottonello) Caroline Receveur.

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