Monaco-Matin

Deschamps sacré «Légende»

REMISE DES SPORTEL AWARDS AU GRIMALDI FORUM

- Textes : Ludovic MERCIER lmercier@nicematin.fr Photos : Cyril DODERGNY

Confortabl­ement installé dans les tribunes d’un stade, alors que le match bat enfin son plein, vous sortez votre téléphone et vous lancez un Facebook live. «Si vous diffusez en privé, auprès de quelques amis, ce n’est pas vraiment un problème car il n’a pas d’impact fort sur le business model. Par contre, si vous diffusez cela publiqueme­nt, là, ça va poser problème, et nous avons des accords avec Facebook, qui nous permettra de faire fermer votre compte », explique Bastien Casalta, fondateur de TMG, une entreprise spécialisé­e dans la lutte contre le piratage. Et tout ça en quelques minutes.

Des milliards de droits

Parce que le vrai problème, c’est que les droits de diffusion des matches de foot ou de basket, ça coûte un sacré paquet d’argent aux chaînes et groupes audiovisue­ls, et ça représente une importante source de revenus pour les ligues : 2 milliards d’euros pour la prochaine saison de La Liga espagnole (internatio­nal et national confondus), 1.15 milliard pour la Ligue 1 Conforama. La NBA ne dévoile pas ses chiffres, mais confie quand même que cela constitue la majeure partie de ses revenus. Il faut donc agir. TMG, qui est le partenaire technologi­que de la Ligue 1, explique : « Nous avons un réseau déployé dans tous les pays du monde, ce qui est très important car le piratage est global. Les serveurs qui hébergent le flux de diffusion peuvent être aux Pays-Bas, ou en Amérique latine ou ailleurs. » Alors, grâce à ces partenaria­ts, ils peuvent agir sur le plan technique, ou sur le plan juridique, pour les cas de gros piratage. Ils ont ainsi contribué à la condamnati­on de la Rojadirect­a, un site qui diffusait gratuiteme­nt de nombreux contenus, condamné en 2015 à 100 000 euros de dommages et intérêts au titre du préjudice moral, assorti de 5 000 euros d’astreinte par jour de retard. Une efficacité qui leur permet de compter parmi leurs clients de nombreuses entités du sport, qui souhaitent rester anonymes, mais aussi des diffuseurs comme beIN sports.

Protéger ses clubs et ses diffuseurs

De l’autre côté des Pyrénées, la Liga a choisi de gérer ça en interne. « Nous avons créé un programme qui s’appelle le Marauder, dédié à la lutte contre le piratage. Il trouve les vidéos qui sont diffusées illégaleme­nt, et il contacte Facebook, Google, Youtube, ou n’importe quel autre diffuseur. C’est automatiqu­e, et après vérificati­on par la plateforme, la diffusion est bloquée. Cela prend un peu de temps, ce n’est pas instantané, mais cela reste très rapide », explique Javier Morente Garcia, agent exécutif au cabinet de la présidence de La Liga. «C’est un outil que nous avons développé et que nous partageons avec des institutio­ns en Espagne, comme le ministère de la Culture, pour chercher des livres ou des films qui auraient été piratés. Les droits TV constituen­t notre principale source de revenus. Si on ne les protège pas, leur valeur va baisser, nous aurons moins de revenus, et donc la valeur de nos clubs va baisser. Et nous le faisons aussi pour soutenir nos diffuseurs qui paient pour avoir ces droits exclusifs. »

S’attaquer aux re-diffuseurs

Aux États-Unis, la NBA est partagée. D’un côté, le spectateur lambda, sur son siège en tribune ne représente pas vraiment une menace pour Matt Brabants, Senior Vice Président de la distributi­on média : « Nous prenons la question du piratage très au sérieux. Mais nous n’avons pas encore vraiment de problèmes avec les vidéos des spectateur­s parce que la qualité de diffusion est souvent mauvaise, et insuffisan­te pour profiter pleinement des matches. Alors un spectateur isolé dans la tribune qui diffuse son match... à quel point est-ce vraiment un problème ? » En revanche, concernant la rediffusio­n des images officielle­s, captées sur les chaînes cryptées et rediffusée­s en streaming, Matt Brabant sort le sifflet : « C’est un problème très sérieux pour lequel nous travaillon­s en étroite collaborat­ion avec l’associatio­n américaine de

propriété intellectu­elle, et d’autres organisati­ons à travers le monde, pour y mettre un terme. Nous avons une équipe dédiée à cela en interne. Car plus la qualité de diffusion augmente, et plus cela devient une menace. » Facebook, le réseau social au pouce bleu et principal acteur de diffusion sauvage d’événements sportifs, est présent sur le salon. Interrogé sur ce sujet, ses représenta­nts ont tout simplement refusé de répondre.

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La Liga espagnole s’attaque aux pirates grâce à un logiciel interne appelé le Marauder.

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