Monaco-Matin

Un appel aux dons pour restaurer la villa d’Eileen Gray

L’associatio­n « Cap Moderne » a lancé une campagne 2.0. L’argent visera à reconstitu­er l’univers de la salle à manger et du bar, là même où Le Corbusier avait « barbouillé » le mur de l’architecte irlandaise

- STÉPHANIE WIÉLÉ swiele@nicematin.fr

Dans sa villa E-1027 – bijou d’art moderne agrippé sur les rochers abrupts de Roquebrune – l’architecte irlandaise Eileen Gray a imaginé des murs blancs immaculés. Mais, l’Histoire, taquine, en a décidé autrement. Durant l’été 1938, l’architecte Le Corbusier a réalisé deux peintures murales… criardes de couleurs. Il revient l’année suivante pour en ajouter cinq. « J’ai de plus en plus une furieuse envie de salir des murs : dix compositio­ns sont prêtes, de quoi tout barbouille­r », avait-il déclaré à l’époque. Selon ses biographes, Eileen Gray – qui a découvert la patte picturale de Le Corbusier des années plus tard – n’a pas vraiment apprécié la boutade bigarrée. Elle y voyait un affront terrible, presqu’une violation.

Collecter   € via le crowdfundi­ng

Endommagée­s pendant la guerre, plusieurs peintures ont été restaurées par Le Corbusier lui-même en 1949 et à nouveau en 1963. Trois peintures ont cependant disparu. Celles conservées ont été restaurées ou sont en cours. C’est cet épisode clef que l’associatio­n « Cap Moderne » souhaite ressuscite­r en lançant une collecte de fonds sur Internet. L’appel aux dons s’élève à 50 000 euros et permettra de financer la reconstitu­tion du mobilier et de la décoration de la salle à manger, ainsi que du bar, à l’endroit même où Le Corbusier a imaginé l’un de ses dessins. « Cette restaurati­on à cet endroit même de la villa est très importante car elle se situe à la frontière entre le travail d’Eileen Gray et celui de Le Corbusier », précise Michael Likierman, président de « Cap Moderne ». Ce projet s’ajoute au vaste chantier de restaurati­on de la villa, commencé en 2014 (lire ci-dessous).

Mobilier sur mesure

Et le travail de restitutio­n sera colossal. Il faudra reproduire

la table à manger avec sa lampe électrique intégrée, ainsi que son dessus en liège qui permettait de réduire le bruit des assiettes. Un contenant à citron avait été également conçu. Pour cet espace de vie, Eileen Gray avait aussi créé une chaise non conformist­e. « Elle avait un accoudoir rembourré et incurvé et un autre en tube en acier nickelé et incliné. Car elle

s’était rendu compte que les gens avaient tendance à s’asseoir sur un côté de la chaise », précise avec fascinatio­n, Michael Likierman. À l’arrière de l’espace salle à manger, la célèbre designer avait installé une table pliante ingénieuse, qui une fois ouverte, transforme le couloir en un bar. Cette double fonction est la marque de fabrique d’Eileen Gray. Une vision avant-gardiste et une ingéniosit­é remarquabl­e qui ne doit pas tomber dans l’oubli.

Comment souscrire ? Vous pouvez faire un don qui aidera à restituer la salle à manger et le bar de la villa jusqu’à fin novembre 2018 sur le site Internet suivant : www.indiegogo.com/projects/irishfemal­e-bisexual-genius#/

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(Photos Manuel Bougot, Lucien Clergue et Michael Alesi)
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À gauche, une photo de Le Corbusier devant une de ses peintures murales dans le coin bar du salon de la villa E- en . À droite, une photo actuelle du dessin de l’architecte. L’objectif de la collecte sera de restituer le mobilier et le bar, imaginé à cet endroit, par Eileen Gray.

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