Monaco-Matin

Les JO vus par Depardon au musée du Sport à Nice

Sur plus de 500 mètres carrés, 138 clichés en noir et blanc retracent les Olympiades couvertes, en tant que photorepor­ter, par l’un des plus grands photograph­es français : Raymond Depardon

- N. R.

Le sport est peut-être la spécialité qui apprend le mieux à bien “voir”. Un photograph­e de sport est armé pour s’aventurer sur n’importe quel autre terrain. Au bord des stades olympiques, j’ai un peu eu l’impression de devenir moi-même un athlète. Avant une grande course ou un grand concours, je ne mangeais plus, je ne buvais plus, je ne parlais plus. Pour le champion, c’est un an de préparatio­n pour un exploit. Pour moi, c’était une demi-journée d’attente pour une photo.» L’exposition à découvrir au musée national du Sport est chronologi­que : Tokyo 1964, Grenoble 1964, Mexico 1968, Munich 1972, Montréal 1976 et Moscou 1980. Les photograph­ies ne sont pas encadrées. C’est un souhait du photograph­e, puisque toutes ses prises de vue étaient vouées à alimenter les journaux et pas à devenir des photos d’art, pour se retrouver dans un musée. Chaque série est accompagné­e de citations de Depardon reproduite­s en grosses lettres sur les murs. Comme s’il nous guidait dans cette visite, nous expliquait son état d’esprit, sa manière d’appréhende­r l’événement. Raymond Depardon n’a que 22 ans lorsqu’il est envoyé par l’agence Dalmas à Tokyo en 1964. «Cette première expérience a été pour moi, jeune photograph­e, qui découvrait beaucoup de choses à la fois, une sorte de séance d’entraîneme­nt», présente le fondateur de l’agence Gamma, membre de Magnum Photos depuis 1969. Loin de cacher les clichés «ratés», Depardon les dévoile à Nice. Ce qui permet de laisser éclater de quelle manière il a progressé au fil des Olympiades, mieux su se positionne­r dans les stades et déclencher au bon moment. Il met en lumière la concentrat­ion, les moments de complicité entre athlètes, les muscles en tension pendant les épreuves, la douleur après l’effort, les effusions de joies, les déceptions... Mais, à travers cette exposition, on saisit aussi à quel point Raymond Depardon ne cherchait pas les seules performanc­es sportives. Bien plus que cela, ce sont des époques qu’il a immortalis­ées, des moments d’Histoire qu’il a saisis sur pellicule. Comme le poing levé des athlètes afro-américains à Mexico ou la prise d’otage d’athlètes israéliens par un commando palestinie­n à Munich en 1972.

«L’oeil du photograph­e» : un espace ludique

Au centre de l’exposition, un espace baptisé «L’oeil du photograph­e» a été aménagé. Ouvert à tous et accessible aux plus jeunes, il permet de découvrir les modèles d’appareils photos qu’utilisait Depardon, des anecdotes, des explicatio­ns plus précises de certaines photograph­ies, un petit lexique de termes techniques (portrait, cadrage, plan...). Des «kits de reporter» sont remis gratuiteme­nt à l’entrée du musée aux enfants (et à leurs parents) afin qu’ils découvrent l’exposition comme de vrais journalist­es. Tablettes en mains (prêtées par le musée), ils devront répondre à des questions, relever des challenges, auront des explicatio­ns adaptées à leur âge. À l’issue de la visite, après s’être fait prendre en photo, les enfants peuvent même repartir avec leur (fausse) carte de presse !

 ?? (©Raymond Depardon/Magnum Photos) ?? Mexico City, Jeux Olympiques,  octobre . Les athlètes américains manifesten­t contre la discrimina­tion raciale. Ici, l’Américain Lee Evans.
(©Raymond Depardon/Magnum Photos) Mexico City, Jeux Olympiques,  octobre . Les athlètes américains manifesten­t contre la discrimina­tion raciale. Ici, l’Américain Lee Evans.

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