La peur comme outil romanesque
Le Parfum de la dame en noir n’est pas un roman d’épouvante, certains extraits n’en demeurent pas moins glaçants.
Exemple. «Mais quelle est cette ombre apparue? D’où vient ce spectre qui glisse sur les eaux? Debout, à l’avant d’une petite barque qu’un pêcheur fait avancer au rythme lent de ses deux rames, j’ai reconnu la silhouette de Larsan! Qui s’y tromperait, qui tenterait de s’y tromper? Ah! il n’est que trop reconnaissable. Et si ceux devant lesquels il vient ce soir étaient disposés à douter que ce fût lui, il met une si menaçante coquetterie à s’exhiber dans toute sa figure d’autrefois, qu’il ne les renseignerait pas davantage en leur criant: “C’est moi!” Oh! oui, c’est lui! c’est lui! C’est le grand Fred. La barque, silencieuse, avec sa statue immobile, fait le tour du château fort. Elle passe maintenant sous les fenêtres de la Tour Carrée, et puis elle dirige sa proue du côté de la pointe de Garibaldi vers les carrières des Rochers Rouges. Et l’homme est toujours debout, les bras croisés, la tête tournée vers la tour, apparition diabolique au seuil de la nuit qui, lente et sournoise, s’approche de lui par derrière, l’enveloppe de sa gaze légère et l’emporte.»