Monaco-Matin

Grosse fatigue

- L’ÉDITO de DENIS CARREAUX Directeur des rédactions du groupe Nice-Matin edito@nicematin.fr

Le mythe du surhomme a vécu. Ce Président qui enchaîne les déplacemen­ts, les sommets, les réunions, les dîners et les voyages officiels sept jours sur sept, ne dormant que trois heures par nuit, aurait donc besoin de quatre jours de repos à la Toussaint, comme tout Français moyen. Quelle histoire ! Pour la première fois, nous dit-on, un chef de l’Etat décale un Conseil des ministres pour « convenance personnell­e ». Il n’en faut pas plus pour que les commentate­urs spéculent déjà sur son teint blafard, ses tempes qui commencera­ient à s’éclaircir ou sa maigreur supposée. Cela n’a rien de nouveau, la fonction présidenti­elle est éreintante. A l’Elysée, on se fait des cheveux blancs, au propre comme au figuré. Qu’un Président, même tout juste quadra, s’accorde quelques jours de vacances n’a rien d’une affaire d’Etat. A la fin de son mandat, François Hollande s’avouait épuisé par un rythme infernal. Même Nicolas Sarkozy, lapin Duracell de la politique, admettait après son malaise pendant un footing en juillet  avoir eu « une panne d’essence ». Si Emmanuel Macron a sûrement besoin de recharger les batteries avant son « itinérance » de six jours à travers onze départemen­ts à partir de dimanche, cette grosse fatigue concerne davantage la présidence Macron que l’homme. Depuis cet été, rien ne va plus dans le monde merveilleu­x de la macronie. Le rocamboles­que feuilleton Benalla, les démissions des poids lourds du gouverneme­nt, l’épisode interminab­le du remaniemen­t, les plans reportés, les dérapages verbaux, les mauvais sondages, le selfie désastreux en compagnie d’un braqueur et de son doigt d’honneur : au tournant des dix-huit mois de présidence, tout va à vau-l’eau. Les Français qui attendaien­t tant de lui le trouvent désormais arrogant. Oublient les bonnes nouvelles pour ne retenir que les mauvaises. Zappent la disparitio­n progressiv­e de la taxe d’habitation pour se focaliser sur la hausse du prix de l’essence. Or, « les gars qui fument des clopes et roulent au diesel » ,selon la formule aussi maladroite que méprisante de Benjamin Griveaux, méritent d’être respectés. Les fustiger et les matraquer n’aidera pas Emmanuel Macron à se remettre de son coup de pompe. Et continuera à donner du carburant de premier choix aux populistes de tous poils.

« Depuis cet été, rien ne va plus dans le monde merveilleu­x de la macronie. »

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