Psychiatrie à Nice : un projet
Vivaliance, branche non-lucrative du géant de la santé privée Vivalto, est sur les rangs pour sortir l’hôpital Sainte-Marie de la crise. Hier, cette annonce a suscité des réactions houleuses chez les salariés
La nouvelle a fuité sur Facebook samedi matin. Une bombe pour les salariés, sous la forme d’un tract de la section CGT de l’hôpital Sainte-Marie. « Nous apprenons qu’un groupe privé à but non lucratif semble bien décidé à prendre la direction du CH Sainte-Marie à Nice ! » De quoi susciter des débats électriques, hier, lors de l’assemblée générale convoquée à cet effet. Cela couvait depuis quelques jours, c’est désormais officiel : un nouvel acteur de la santé, Vivaliance, « propose de prendre en charge la psychiatrie à Nice ». Vivaliance, c’est une association à but non lucratif régie par loi de 1901. C’est surtout une branche du groupe Vivalto, géant de la santé privée. Il n’en fallait pas plus pour susciter craintes et perplexité chez les salariés... Pour justifier ses intentions, Vivaliance plante le décor. Il décrit la « situation particulièrement dégradée » de la psychiatrie à Nice, « situation critique depuis près d’une décennie ». Et d’évoquer les neuf rapports successifs de l’Igas (inspection générale des affaires sanitaires), pointant les dysfonctionnements du centre hospitalier de Nice-Est : décès suspects, suivi hors les murs aléatoire, manque chronique de personnel, vétusté des locaux édifiés en 1876...
« La santé mentale n’est pas à vendre »
Pour y remédier, Vivaliance propose de ramener « professionnalisme, sécurité et qualité ». Avec un plan d’investissement estimé à 60 millions d’euros sur trois ans. Et un projet médical porté par un comité scientifique où figure Xavier Emmanuelli, le fondateur du Samu social de la ville de Paris. Pour autant, Vivaliance marche sur des oeufs. Et se refuse à évoquer un projet de reprise en bonne et due forme, préférant parler d’ «accompagnement » des acteurs en place. C’est que, de son côté, l’association hospitalière SainteMarie sonne la contre-attaque. « À Nice, la santé mentale n’est pas à vendre », a assené la direction dans un communiqué publié hier. Elle y brocarde (Photos Eric Ottino) les « rumeurs tendant à faire croire à la cession de son activité à Nice », et annonce un dépôt de plainte en diffamation. Elle fustige les stratégies de groupes commerciaux constituant des structures associatives « pour des raisons de circonstances, leur but restant le résultat et le bénéfice au profit des actionnaires ». La direction revendique sa légitimité historique, et l’appui, désormais, de l’Agence régionale de santé (Ars). C’est son directeur qui donnera, ou non, son feu vert au projet de relance de Vivaliance. Sollicitée, l’ARS n’a pas souhaité commenter ce délicat dossier.