Monaco-Matin

Voyager dans l’espace n’est plus un rêve !

Dans le cadre du salon de l’aviation APG World Connect, l’astronaute Jean-François Clervoy est venu parler du voyage spatial. Un vieux rêve bientôt possible, mais pas à la portée de tous

- LUDOVIC MERCIER lmercier@nicematin.fr

Espace. Frontière de l’infini vers laquelle voyage notre vaisseau spatial. Sa mission : explorer de nouveaux mondes étranges, découvrir de nouvelles vies, d’autres civilisati­ons… Et au mépris du danger, reculer l’impossible… », déclame en anglais le Capitaine Kirk, dans le générique de la série télévisée Star Trek, qu’a choisi de diffuser Jean-François Clervoy. L’ancien astronaute, reconverti dans les vols à zéro gravité (lire cidessous), est venu parler du voyage spatial. Serpent de mer ou future réalité ? Le voyage dans l’espace fascine l’homme depuis qu’il s’est affranchi des frontières terrestres. Et figurez-vous que, même si on n’en fait pas encore vraiment, les voyages spaciaux se divisent en deux catégories: les voyages orbitaux, et les sub-orbitaux.

En orbite ou presque

Le voyage orbital a déjà rendu 7 touristes heureux en les envoyant une semaine dans la station spatiale. Cela coûte entre 20 et 30 millions de dollars, parce que cela demande une énergie phénoménal­e. «Aller dans l’espace, ça demande une énergie de 45 gigawatts. À titre de comparaiso­n, cela représente la consommati­on énergétiqu­e totale de la France au mois de septembre», explique Jean-François Clervoy. Et puis il y a les effets secondaire­s : « Il y a un impact sur le coeur, sur l’oreille interne, sur le système urinaire, les muscles, la digestion, la moelle épinière, la vision… Si vous emmenez un astronaute à l’hôpital sans dire son métier, les médecins penseront qu’il a le sida, de l’ostéoporos­e, des problèmes cardiovasc­ulaires et d’équilibre. Les médecins nous surveillen­t et tout revient toujours à la normale, à part les radiations. » Pour autant, certaines entreprise­s développer­aient déjà des hôtels de l’espace. Mais il faudra encore quinze ou vingt ans d’après Clervoy. Alors, il y a le voyage sub-orbital. Concrèteme­nt, pour environ 250 000 dollars, on va dans l’espace quelques minutes, et on redescend.

Une question de sensation

Car au fond, la raison pour laquelle on veut aller dans l’espace, ce n’est pas tant d’atteindre une destinatio­n que d’expériment­er des sensations, comme le décrit si bien Jean-François Clervoy : «Croyez-moi, quand vous allez dans l’espace, même si vous ne savez pas où vous allez, vous savez que vous allez quelque part. Vous le sentez. C’est une sensation unique. » C’est donc la sensation, mais aussi la vue. «Même le plus dur d’entre nous a les larmes aux yeux devant la beauté de la Terre, sa fragilité que l’on comprend en voyant sa fine atmosphère, et les forêts ou les planctons fluorescen­ts. » Pour cela, le vol sub-orbital suffit. Et il y a une très bonne nouvelle : «Des entreprise­s comme Blue Origin de Jeff Bezos [le p.d.-g. d’Amazon, ndlr], et Virgin Galactic offriront ces voyages d’ici un an ou deux», lance l’ex-astronaute. Charles Branson a d’ailleurs déclaré le 9 octobre à la chaîne CNBC que ce n’était plus qu’une « question de semaines », et il espère diviser le prix par 5 dans la décennie à venir, passant de 250000 dollars à 40 ou 50000 dollars. Jean-François Clervoy envisage aussi un avenir plus sûr pour ces voyages : « Les lois de l’énergie étant les même pour tout le monde: il faut énormément d’énergie. Et tant qu’il faudra mille ou dix mille fois plus d’énergie que pour un avion, ces voyages ne se feront pas sur une base régulière dans les 15 ou 20 ans à venir. Mais grâce à l’expérience que l’on acquerra, ils deviendron­t de plus en plus sûrs. »

 ?? (Photo Jean-François Ottonello) ?? Jean-François Clervoy : « Si vous emmenez un astronaute à l’hôpital sans dire son métier, les médecins penseront qu’il a le sida, de l’ostéoporos­e, des problèmes cardiovasc­ulaires et d’équilibre ».
(Photo Jean-François Ottonello) Jean-François Clervoy : « Si vous emmenez un astronaute à l’hôpital sans dire son métier, les médecins penseront qu’il a le sida, de l’ostéoporos­e, des problèmes cardiovasc­ulaires et d’équilibre ».

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