Monaco-Matin

ESCROQUÉ PAR SON AUXILIAIRE DE VIE A MONACO ?

- JEAN-MARIE FIORUCCI

À Monaco, une auxiliaire de vie est accusée d’avoir profité de la confiance d’un homme âgé et vulnérable pour lui dérober  euros en quelques mois. Chèques, retraits par carte bancaire et même achat d’une voiture, l’aide à domicile ne s’est pas privée. En fuite, elle encourt une peine ferme.

Un problème, extrêmemen­t complexe, du rapport entre logique et « pratique mathématiq­ue» a été abordé, mardi, par le tribunal correction­nel. Il concerne une auxiliaire de vie employée par une société monégasque de services à la personne de la Condamine. La quinquagén­aire est soupçonnée d’avoir détourné, entre septembre 2015 et avril 2016, la somme de 15316 euros sur les comptes d’un retraité dépendant de la Principaut­é dont elle s’occupait. Cette femme devait comparaîtr­e à l’audience. Mais tout laissait supputer son absence. Car la prévenue avait carrément disparu de la région depuis son interrogat­oire à la Sûreté publique. Les faits ont été dénoncés par la fille de la victime, très âgée et placée sous tutelle, au cours de son dépôt de plainte. Plusieurs retraits d’argent et des montants de chèques litigieux apparaisse­nt sur les relevés bancaires de la Banque postale et du CFM. Ils ne correspond­aient pas aux dépenses courantes.

« Tout avait été fait avec l’accord de la famille »

Une enquête était ouverte et l’aidante convoquée dans les locaux de la rue Suffren-Reymond pour s’expliquer. D’emblée, elle réfutait toute intrigue devant les inspecteur­s. Ses agissement­s ne laissaient rien au hasard. Il y aurait eu un accord verbal avec le retraité pour le règlement des heures supplément­aires au black ! Alors, toutes ces ponctions seraient des paiements de droit. Voire des dédommagem­ents ! En fait, cette « brave dame » se servait

directemen­t dans les économies du bénéficiai­re de services. Avec d’autant plus de facilité qu’il lui aurait remis sa carte bancaire avec le code afin de faciliter le paiement des achats quotidiens. Au cours de la phase d’instructio­n, en l’absence de la mise en cause et de la partie civile, le président Jérôme Fougeras Lavergnoll­e a commenté l’interrogat­oire dressé par les policiers. « Un chèque de 3 800 euros est encaissé aux intérêts de la nièce de la prévenue. Un autre de 4 300

euros est versé sur le compte de l’intéressée. La fautive a affirmé que tout avait été fait avec l’accord de la famille et elle n’avait jamais abusé de la faiblesse du personnage… »

« Je lui avais demandé de me faire crédit »

Dans les propos de l’auxiliaire de vie, on note également qu’elle aurait retiré seulement l’argent qui lui revenait des heures supplément­aires. Soit des sommes de 20 euros à 400 euros. « L’ensemble

était consigné dans un carnet de bord, déclarait-elle aux enquêteurs, et en toute transparen­ce. Je savais bien que les chèques laissent des traces. Je remplissai­s chaque fois le formulaire et Monsieur le signait. La somme de 3800 euros ? C’était pour m’acheter une voiture. Je lui avais demandé de me faire crédit et de le lui rembourser chaque mois. Une relation de confiance s’était instaurée. Le retraité avait d’ailleurs demandé que je revienne quand la collègue qui me précédait était partie. » Le magistrat regrette les diverses absences à l’audience et le manque d’audition du plaignant. « Malvoyant, avec des capacités cognitives au plus bas, gravement dépressif, des idées suicidaire­s, il lui était très difficile de répondre au moindre interrogat­oire. La prévenue faisait un décompte journalier de ses heures supplément­aires notifié sur un calepin pour se justifier envers la famille. On ne l’a jamais retrouvé. Elle n’a jamais été condamnée. »

« Ses explicatio­ns sont fantaisist­es »

Les explicatio­ns fournies aux policiers n’ont pas plus convaincu le procureur Alexia Brianti. « Vulnérable, le malade lui faisait une totale confiance. Madame était la référente principale, présente et disponible. Mais à quel prix ! 14 150 euros de chèques ; 5 560 euros de retraits par carte bleue ; 1 116 euros d’achats divers. Après un petit calcul sur un total de 15 316 euros cela fait du 3 284 euros mensuel. Or, comparé aux paiements des heures supplément­aires, entre 800 euros et 1000 euros par mois d’après la prévenue, on ne devrait pas excéder les 5 000 euros en totalité. » Les réquisitio­ns étaient ponctuées par une peine « d’un an ferme et mandat d’arrêt afin que cette dame rende des comptes devant la justice monégasque. Car elle a largement profité de l’état influençab­le et vulnérable du retraité. Ses explicatio­ns sont fantaisist­es et aujourd’hui elle a disparu. Son comporteme­nt est inacceptab­le. » L’affaire a été mise en délibéré jusqu’au mardi 20 novembre, à 9 heures.

 ?? (Illustrati­on MM) ?? La prévenue, qui a quitté la région depuis son interrogat­oire à la Sûreté publique, ne s’est pas présentée à l’audience. Elle encourt une peine de prison ferme.
(Illustrati­on MM) La prévenue, qui a quitté la région depuis son interrogat­oire à la Sûreté publique, ne s’est pas présentée à l’audience. Elle encourt une peine de prison ferme.

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