Monaco-Matin

«Une Disparitio­n» et revoici le flic-écrivain

Michel Tourscher, adjoint au commissair­e de Menton, publie son troisième roman. Une enquête réaliste, inquiétant­e et haletante, pour retrouver un patron du BTP aux relations sulfureuse­s…

- CHRISTOPHE CIRONE ccirone@nicematin.fr

Je suis flic. » Ainsi se présente le commandant de police Gabriel Lavilla, son « double idéalisé ». Michel Tourscher, lui, arbore une double casquette : flic-écrivain. Et son nouveau roman, Une Disparitio­n, se nourrit de ces deux univers – la police et la littératur­e – pour narrer une quête et une enquête à visage humain. On l’a découvert écrivain en 2013 avec Flics requiem, consacré d’emblée par le prix VSD. On l’a retrouvé côté cour avec Assises à Nice, en 2015, qui le propulsa en finale du prestigieu­x prix Quai des Orfèvres. Revoici le commandant Michel Tourscher, 54 ans, fuguant du commissari­at pour investir les étagères des libraires. La couverture de son troisième roman donne le ton : Une Disparitio­n, récit d’une disparitio­n inquiétant­e – et heureuseme­nt fictive –, a pour décor Nice et ses mystères irrésolus. Niçois, Michel Tourscher l’est d’adoption. « J’ai la double-nationalit­é », sourit cet enfant de la Seyne-sur-mer, marié à une Niçoise. Nice, il y a aussi fait une bonne part de sa carrière policière. Il s’est d’abord rompu à l’investigat­ion, douze années durant, en division de police judiciaire (PJ) à Paris. En 2002, direction la sûreté départemen­tale des AlpesMarit­imes. Il devient adjoint au chef de groupe crim’.

« Il part dans l’inconnu »

Puis le voilà au bureau de police de l’Ariane, « pas de gaité de coeur » au début, confesse-t-il. « Mais au final, c’était une belle expérience. Dans un commissari­at de quartier, tu es au coeur des problèmes sociaux. Je me suis régalé… Même si à la longue, ça devient un peu usant.» Aujourd’hui, le voilà adjoint au commissair­e de Menton. Et c’est à travers le roman qu’il renoue avec cette investigat­ion qui lui est chère. Oh, rien d’exceptionn­el à première vue. Une simple disparitio­n inquiétant­e. Rien d’insurmonta­ble a priori pour Gabriel Lavilla, chef de la brigade criminelle d’une PJ de Nice romancée. « Une disparitio­n,

ça peut être fini en une aprèsmidi. Mais le côté mystérieux est intéressan­t, justifie Michel Tourscher. Aujourd’hui, ce qui prime dans la police, c’est la téléphonie, le scientifiq­ue… Or là, il n’y a rien ! Il part dans l’inconnu. “Policièrem­ent”, c’est plus compliqué. Mais au niveau romanesque, ça donne plein de possibilit­és. » Air bonhomme, yeux rieurs et sourire en coin, Michel Tourscher évoque avec délectatio­n ce « double », Gabriel Lavilla, déjà vu dans Assises à Nice. « Plus que l’enquête,

c’est le personnage qui m’intéressai­t. J’essaie de m’attacher à l’humain. D’être vraiment romancier, sans être prétentieu­x. Je ne cherche pas à faire un copié-collé de la réalité, ni un documentai­re sur le métier de policier. » Notre flic-écrivain livre pourtant une enquête hyper-réaliste, si loin des séries télé américaine­s. Sa volonté : « Montre la vie d’un groupe, la solidarité qui l’anime. » Lavilla et son équipe filent des couloirs vétustes de la caserne Auvare aux ors d’une propriété russe à Monaco, des rues de Nice, la nuit, aux forêts du Mercantour. « Ce n’est pas un roman régional. L’histoire peut très bien se passer à Paris, certifie néanmoins Tourscher. Mais je me suis rendu compte que les lecteurs étaient très attachés aux lieux. Il faut les transposer avec les sens qui vont avec : les sons, les odeurs… Localiser l’action, cela ajoute à l’immersion du lecteur. »

« Écriture pudique »

Toute ressemblan­ce avec des affaires existantes serait, en quelque sorte, purement fortuite. Les habitués du genre ne manqueront cependant pas de songer à des dossiers qui ont défrayé la chronique. « On peut le relier à certaines affaires, mais ce n’est pas inspiré d’une en particulie­r », prend soin de préciser Michel Tourscher. Ses collègues, eux, ne se privent pas de jouer au jeu du « qui est qui ». « Leur accueil est toujours très bon. Au-delà de la sympathie, j’ose espérer qu’ils pensent que ce n’est pas trop mal écrit ! », s’esclaffe l’auteur. Le grand public, lui, a salué une « écriture pudique ». Une plume qui dessine, avec sens du rythme et agilité, l’enquête tortueuse d’un policier tiraillé par ses démons intérieurs. « Ce n’est pas un super-héros, ni un looser complet ». Juste un flic doublé d’un homme. Savoir + Une Disparitio­n, 322 p., 13,90 euros aux éditions Toucan noir.

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(Photo Eric Ottino) Le policier renoue avec l’investigat­ion à travers cette enquête inspirée de faits réels.

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