Monaco-Matin

Dominique, victime de son addiction aux sucreries Témoignage

En janvier 2017, Dominique, une Niçoise de 56 ans, 115 kg à l’époque, découvrait qu’elle souffrait de la «maladie du foie gras». La conséquenc­e d’une mauvaise alimentati­on

- NANCY CATTAN ncattan@nicematin.fr

Un litre de lait et jusqu’à 5 litres de glace par jour. Des nuits interrompu­es pour engloutir des yaourts sucrés. Et pendant la journée, des bonbons, des biscuits absorbés sans fin ni faim… « Je suis accro au sucre », confie sans détours Dominique. Une addiction que cette Niçoise de 56 ans paye très cher. «Je souffre d’obésité depuis de longues années ». Après avoir atteint 115 kg, Dominique décide il y a 14 ans de se faire poser un anneau gastrique. Une technique consistant à réduire la capacité de l’estomac et accélérer ainsi la satiété. Elle parvient à perdre beaucoup de poids – «j’ai atteint 67 kg» –, mais tolère mal le dispositif. « Je vomissais beaucoup, ça ne se passait pas bien… Aussi, en 2013, j’ai décidé de l’enlever. »

« Je connaissai­s cette maladie grâce à Pierre Ménès »

Dominique reprend beaucoup de poids. Dans le cadre de son suivi, son médecin lui prescrit fin 2 016 des analyses de sang. Les résultats sont très mauvais: « Gamma GT, ASAT, ALAT, tous les enzymes hépatiques, habituelle­ment élevés, étaient au plafond. Mon médecin m’a aussitôt adressé à un gastro-entérologu­e. “Ça ne me plaît pas, il faut que vous consultiez rapidement un hépatologu­e.” » On est en janvier 2017, Dominique rencontre le Pr Rodolphe Anty, hépatologu­e au CHU de Nice et expert de cette pathologie. « On va voir ce qui se passe.» Les résultats de la biopsie diagnostiq­uée il y a moins de deux ans.

du foie laissent peu de place au doute. « Vous avez une Nash non alcoolique (Dominique n’a jamais bu une goutte d’alcool, Ndlr)», lui annonce-t-il. La maladie du foie gras. Ou encore maladie du soda, une affection liée à une mauvaise alimentati­on, qui touche aujourd’hui, à des degrés divers, quelque 6 millions de Français. «Fan de foot, j’avais quelque connaissan­ce de cette maladie grâce à Pierre Ménès (le célèbre chroniqueu­r de Canal Football Club a raconté dans un livre comment il a

survécu à cette maladie, après avoir bénéficié d’une double greffe, foie et pancréas, Ndlr) ». D’emblée, les médecins proposent à Dominique de participer à un essai clinique, aucune thérapeuti­que contre la Nash n’ayant encore été développée. « Mon cas a été soumis, mais il a fait l’objet d’un refus. Les promoteurs de ce protocole, en Hollande, avaient en effet estimé que mon foie était fichu.» Le Pr Anty ne se décourage pas et recherche d’autres essais. Dont un coordonné par une équipe danoise. «Trois semaines plus tard, j’ai appris que mon dossier avait été accepté. » Depuis un an (le protocole est prévu sur 18 mois), Dominique s’injecte le produit « tous les matins à la

même heure» dans le ventre. «J’ignore si je fais partie du groupe placebo, mais je vais bien et mes dernières analyses de sang sont parfaites », confie Dominique. Il faut dire que la quinquagén­aire a décidé de se prendre en main et elle est déjà parvenue à perdre 22 kg depuis l’annonce de sa maladie.

« J’ai changé d’alimentati­on »

(Photo DR) « Ma fille m’a motivée en me proposant un voyage en Laponie finlandais­e en mars dernier. Je me suis dit qu’il était cruel d’imposer aux chiens de traîneaux de tirer mes 115 kg! J’ai eu honte, ça m’a dopée.» Volontiers dans l’autodérisi­on, Dominique redevient sérieuse lorsqu’il s’agit d’évoquer sa maladie. «Mes enzymes ont beaucoup diminué, j’ai changé d’alimentati­on, j’absorbe de moins en moins de sucreries… Je vais beaucoup mieux.» Quelques mots sobres qui ne font pas seulement référence à sa Nash. Il y a 10 ans, Dominique, âgée alors de 46 ans, a dû faire face à un cancer du sein et une cohorte de traitement­s lourds: chimiothér­apie, radiothéra­pie, hormonothé­rapie… « Dans la même période, j’ai divorcé après 30 années de mariage. J’ai fait une tentative de suicide en absorbant de nombreux médicament­s qui n’ont fait qu’aggraver mon état de santé. » En prolongean­t la discussion, nous découvriro­ns que Dominique n’a pas toujours été en surpoids. Elle était même une jeune fille très mince, très sportive – elle pratiquait notamment l’athlétisme – qui se destinait à une carrière de professeur de gymnastiqu­e. Jusqu’à ce très grave accident de moto qui va abîmer son corps – elle mettra plus de deux ans à retrouver la marche – et broyer tous ses projets. La consommati­on boulimique de sucres a-t-elle représenté un exutoire pendant cette période ? Quelle que soit la réponse, le temps a heureuseme­nt passé et Dominique a retrouvé le plaisir de vivre auprès de son nouveau compagnon, soutenue par ses parents et entourée de ses deux enfants. Et aussi l’envie de se battre pour terrasser cette maladie, vestige de ses excès passés. (1) Dominique doit subir à la fin du mois une nouvelle biopsie du foie qui permettra d’évaluer l’efficacité de la thérapeuti­que.

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« Fan de foot, j’avais quelque connaissan­ce de cette maladie grâce à Pierre Ménès », relate Dominique,

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