Monaco-Matin

Les jeunes de Monaco prêts pour la sobriété?

Le pape de l’agroécolog­ie et de la sobriété heureuse était de passage hier. Il a répondu aux questions d’élèves de Monaco sur notre mode de vie et l’avenir de la planète

- LUDOVIC MERCIER lmercier@nicematin.fr

Avez-vous déjà entendu parler de la sobriété heureuse? C’est l’idée de vivre mieux avec moins. Ou du moins de se contenter de ce que l’on a, et de freiner la course à la consommati­on. Une idée que porte Pierre Rabhi, agroécolog­iste qui préfère le mot « paysan », également auteur de plusieurs ouvrages. Il est aussi à l’initiative du mouvement des Colibris, inspiré d’une légende amérindien­ne, qui consiste à dire que chacun doit « faire sa part », c’està-dire agir à son échelle.

Contraste des cultures

Voilà un portrait ultrarapid­e qui, je l’espère, vous aura convaincu de l’intérêt du sujet. Car s’il y a bien un environnem­ent dans lequel on ne se serait pas attendu à trouver Pierre Rabhi, c’est bien la principaut­é de Monaco. Et pour cause. Hier après-midi, à l’espace Léo-Ferré, il a été question de la surconsomm­ation de produits technologi­ques, alors qu’on va lancer la 5G pour la première fois à l’échelle nationale. On a aussi parlé du caractère néfaste de la compétitio­n entre êtres humains (qui n’encourage Pierre Rabhi a répondu d’abord à des questions préselecti­onnées, puis à des élèves qui l’ont interrogé directemen­t. (Photo Michael Alesi Dir’Com)

pas vraiment les individus à travailler les uns avec les autres, dans un pays où les compétitio­ns sportives sont légion, voire presqu’une religion). Il a également été question de l’abondance de consommati­on de produits en tous genres qui profite à l’univers de la finance, qui a une place de choix à Monaco.

Jeunesse passionnée

Il faut bien avouer que, même si les enfants n’étaient pas tous captivés par l’événement,

certains se sont avérés passionnés, et passionnan­ts. «Avez-vous une vision optimiste de l’avenir?» Réponse: «S’il n’y a pas d’amour et de bienveilla­nce, l’humanité va continuer à se détruire stupidemen­t. La nature s’en sortira, mais pas l’espèce humaine.» Autre question: «Faut-il manger moins de viande rouge ?» Réponse: «Notre société consomme trop de protéines animales. Avant, on disait “gagner son pain”, aujourd’hui on dit “gagner son steak”.»

Les échanges ont parfois été intenses, comme avec deux lycéens de classe de 1ère, récemment passionnés par l’agroécolog­ie, convaincus qu’il existe des OGM vertueux. Ce qu’a réfuté Pierre Rabhi.

Bons mots

Le vénérable paysan, qui a un sens aigu de la formule, n’a pas hésité à distiller quelques phrases bien senties. «La société nous pousse de plus en plus à acheter des choses Pierre Rabhi a quitté Paris il y a plus de  ans, avec sa compagne, pour «retourner à la terre».(Photo L.M.)

non essentiell­es à la vie : on bouffe des hamburgers qui sont toxiques pour notre corps, mais on ne peut pas se passer des technologi­es.» Ou encore : «On a des brigades de pousseurs de caddies qui font leurs courses dans des jolis supermarch­és avec une jolie musique, et qui enrichisse­nt les multinatio­nales pendant que les petits commerces meurent de faim. » Du bon sens paysan, trop souvent perdu de vue. Saupoudré d’une grosse pincée

de politesse : interrogé sur l’extension en mer, Pierre Rabhi a botté en touche. Il a estimé que cela « relève de la politique », tout en confessant que son « côté écologiste serait froissé si l’environnem­ent n’était pas respecté ». Mais il a vite été rassuré sur ce point par Laurence Genevet (Epi communicat­ion) qui animait la session. Et tout est rentré dans l’ordre.

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