Le sous-marin argentin disparu « a implosé »
Il y a un an disparaissait le San Juan avec ses quarante-quatre membres d’équipage. La coque vient d’être localisée par 870 m de fond au large des côtes de la Patagonie
Après un an de recherches, l’épave du sous-marin argentin San Juan, disparu avec ses quarante-quatre membres d’équipage lors d’une mission dans l’Atlantique sud le 15 novembre 2017, a été découverte au fond de l’océan. « Il est entier, mais il a implosé. Il se trouve à 870 mètres de fond », adéclaré Gabriel Attiz, le commandant de la base navale de Mar del Plata, port d’attache du submersible, après avoir rencontré les familles des victimes. L’épave a été localisée par la société privée américaine Ocean Infinity, à environ 400 km des côtes de la Patagonie. A l’hôtel Tierra Del Fuego de Mar del Plata, non loin de la base navale, le commandant a montré aux familles des victimes des photos du submersible prises par des modules sous-marins. « Nous sommes émus par cette nouvelle », a déclaré Jorge Villareal, le père d’un des quarantequatre membres d’équipage.
« Nous sommes tous détruits »
Fin 2017 et début 2018, des bâtiments d’une dizaine de pays avaient mobilisé des moyens inédits pour tenter de localiser le sous-marin, puis la Marine avait poursuivi les recherches avec de faibles moyens. « Maintenant, c’est un autre chapitre qui s’ouvre. A partir de l’analyse de l’état dans lequel se trouve le sousmarin, nous verrons comment nous procédons », a poursuivi le porteparole. Avant d’annoncer officiellement la nouvelle, les autorités argentines ont prévenu les familles des quarante-quatre marins qui ont péri à bord de l’ARA San Juan. « J’avais encore un espoir qu’ils soient vivants », a confié Luis Niz, père d’un des sous-mariniers, la gorge serrée. Yolanda Mendiola est la mère d’un autre membre d’équipage, Leandro Cisneros, 28 ans. « Ils nous disent que nos jeunes sont à l’intérieur », dit-elle. « Nous sommes tous détruits. » « Remonter le sous-marin à la surface, ce n’est pas impossible, mais c’est une opération très complexe, et donc très coûteuse », a précisé à l’Agence France Presse un officier de la Marine qui a requis l’anonymat. Un sous-marin comme le San Juan ne pouvait pas descendre en dessous de 300 mètres, pour une question de résistance des matériaux. « Quelle que soit la cause, précise-til, le sous-marin a implosé à 600 mètres. » Ocean Infinity avait dépêché dans l’Atlantique Sud le navire Seabed Constructor, équipé de la technologie la plus sophistiquée, dont des caméras sous-marines capables de filmer les fonds marins jusqu’à 6 000 m de profondeur. La société américaine avait conclu un accord avec l’Etat argentin prévoyant qu’elle toucherait 7,5 millions de dollars si elle localisait le San Juan, dont la disparition a profondément ému l’Argentine. Ocean Infinity est également engagé dans la recherche des débris du vol MH 370 de la Malaysia Airlines, qui a disparu en mars 2014 en effectuant la liaison Kuala Lumpur-Pékin. La détection d’une explosion sousmarine dans la zone d’opération du submersible accrédite la thèse d’une explosion à bord, probablement des batteries qui propulsaient le sousmarin. Avant la rupture des communications, le commandant du submersible avait signalé un problème au niveau des batteries, une avarie qui, selon lui, n’était pas un obstacle à la poursuite de la navigation vers sa base de Mar del Plata, un port de l’Atlantique à 400 km de Buenos Aires.
Snorkel défectueux ?
Une entrée d’eau par une valve défectueuse du « snorkel », la prise d’air du système de ventilation lors des montées à la surface, est l’hypothèse privilégiée par les experts. « C’est un métier à haut risque, souligne un ancien commandant du San Juan, Carlos Zavalla. Je suis convaincu qu’ils n’ont pas souffert, tout s’est passé d’une manière très rapide, instantanée. » « Nous voulons savoir ce qui s’est passé », insiste Yolanda Mendiola, appelant à punir tous les responsables de la catastrophe. « Pouvezvous imaginer ? Il y avait 44 garçons, en vie en montant à bord. »