Monaco-Matin

Les « gilets jaunes » prêts à rempiler coûte que coûte

À la veille du troisième week-end d’action, cette fronde inédite reçoit le soutien de nombreux Azuréens. Ses partisans ne veulent rien lâcher, quoi qu’il en coûte au commerce... et aux radars

- CHRISTOPHE CIRONE ccirone@nicematin.fr

Colère jaune, acte III. Sur la Côte d’Azur comme à Paris, les « gilets jaunes » se préparent à leur troisième weekend consécutif d’actions. Essoufflem­ent ou montée en puissance ? Bien malin celui qui saura le prédire. Une certitude toutefois : ce mouvement sans précédent s’attire le soutien de nombreux citoyens. Hier après-midi à Nice, un signe ne trompe pas. Au rond-point de Saint-Isidore, des dizaines de « gilets jaunes » s’activent autour du campement où ils se relaient, jour et nuit. Pas facile de discuter : automobili­stes, chauffeurs de poids lourds et motards s’unissent pour un concert de klaxons non-stop. Pour certains, exhortés par les « gilets jaunes ». Pour bien d’autres, spontanéme­nt. Ambiance soir de victoire, à deux pas de l’Allianz Riviera. Ainsi s’expriment-ils bruyamment, ces 84 % de Français qui jugent le mouvement « justifié », selon le dernier sondage Odoxa pour France Info et Le Figaro. Certains ont sans doute signé la pétition « Pour une baisse du prix du carburant à la pompe » ,qui dépasse le million de signatures sur Change.org. « On voit qu’on a de plus en plus de soutiens. Beaucoup de personnes nous disent “Ne lâchez rien”... Même parmi les forces de l’ordre », assure Fred, demandeur d’emploi de 44 ans. Il désigne avec fierté ces cartons emplis de vivres qui débordent, sur le bas-côté. « On n’arrête pas de recevoir des dons. On peut tenir un siège, aucun souci ! »

« La cause est juste »

Ces marques de sympathie réchauffen­t Marie-Jo, 52 ans, employée de production. « Ça monte. Ça se voit, ça s’entend aussi. Je n’ai jamais vu une telle mobilisati­on sur la Côte d’Azur ! Quand on se sent soutenu, c’est que la cause est juste, qu’on est sur le bon chemin. » Les annonces d’Emmanuel Macron mardi n’ont pas fait taire les klaxons. « Ça les amplifie ! », s’exclame Marie-Jo. Elle aspire à « une vie plus juste, à une répartitio­n des richesses plus équilibrée »... et à voir tomber le gouverneme­nt. D’autres rêvent d’insurrecti­on. « On est dans une optique pacifiste. On se montre, on essaie de rallier un maximum de personnes à nous », tempère Eric, 60 ans, employé dans un centre d’appels. Fred, lui, en appelle au Président : « À un moment, il va être obligé de nous écouter. La politique de l’autruche, ça ne va pas durer... »

« Pas de blocage »

Alors, pour se faire entendre, ils appellent à manifester à nouveau. À Nice, deux rassemblem­ents sont prévus demain - 11 h a priori place Masséna et à l’Allianz Riviera. Dimanche, un défilé doit relier Lenval au théâtre de Verdure. D’autres actions s’organisent à travers le départemen­t. Comme à Cagnes-sur-mer, où un rassemblem­ent et un filtrage sont prévus autour du rond-point dit « de la ruche ». « Il n’y aura aucun blocage. Idem au péage où les barrières seront levées », préviennen­t Lucie Marfil, serveuse de 30 ans, et Jérémy Tetart, 33 ans, technicien en soins à domicile. Pas question, assurent-ils, de bloquer les centres commerciau­x. « La population est avec nous. On n’est pas là pour embêter les gens et les priver de leurs courses de Noël, ou gêner les personnes âgées qui vont à la clinique de Saint-Jean. » Pourtant, le commerce pâtit du mouvement. Certains assument, comme Eric : « Plutôt que d’aller chez les gros, allez chez les petits commerçant­s ! » Les radars souffrent, eux aussi. La plupart sont actuelleme­nt bâchés. Mais ces symboles d’un Etat trop gourmands suscitent peu de compassion. Laurent Putz, artisan niçois de 52 ans, résume un sentiment partagé : « Bâcher, c’est normal. Mais casser, ça ne sert à rien. »

 ??  ?? À Nice Saint-Isidore, un concert de klaxons salue les frondeurs. (Photo Sébastien Botella)
À Nice Saint-Isidore, un concert de klaxons salue les frondeurs. (Photo Sébastien Botella)

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