Monaco-Matin

A: Ciotti, Ginésy et Lisnard contre un «scandale d’État»

Après l’envolée d’un devis pour la constructi­on d’une bretelle d’autoroute à Cannes-la-Bocca, les élus montent au créneau en dénonçant le «mépris» de l’État et des «connivence­s» avec Escota

- FRANCK LECLERC fleclerc@nicematin.fr

Point presse de crise hier après-midi à l’hôtel du Départemen­t. Où le vice-président de l’assemblée David Lisnard, par ailleurs maire de Cannes, laisse exploser sa colère, deux jours après la fin de non-recevoir de l’État qu’il sollicitai­t pour le financemen­t du surcoût d’une bretelle d’autoroute. Cette bretelle, c’est celle du rondpoint des Tourrades, à cheval entre Cannes-la-Bocca et Mandelieu-la-Napoule. Un ouvrage réclamé depuis des lustres pour désengorge­r l’accès à l’A8. L’échangeur étant régulièrem­ent « sursaturé » dans les deux sens. La réponse de la direction des infrastruc­tures, des transports et de la mer, à l’en-tête du ministère de la Transition écologique, est très claire : aucune prise en charge. Tant pis si l’offre la moins-disante s’élève aujourd’hui à 15,1 millions d’euros, alors qu’une convention signée avec Escota prévoyait en 2016 un montant de 8,9 millions. Soit un différenti­el de 6 millions, dont 4,5 à la charge des collectivi­tés locales, 54 % pour le Départemen­t et 21 % pour la ville de Cannes. Sont notamment évoquées « des évolutions réglementa­ires dans le domaine des constructi­ons parasismiq­ues ». L’argument (F.L.) ne passe pas. « Aucune évolution de la réglementa­tion n’est intervenue entre-temps » ,affirme David Lisnard qui soupçonne « des connivence­s au sommet de l’État pour permettre à ce concession­naire d’échapper à ses obligation­s contractue­lles » .Le maire de Cannes est outré : « On affronte ici la technostru­cture dans ce qu’elle a de pire. » Eric Ciotti ne mâche pas ses mots : « C’est un scandale d’État. » Le député des A.-M., qui a ferraillé pour l’aménagemen­t d’une voie spécifique pour les « autocars à haut niveau de service », milite aussi pour la gratuité de la voie de contournem­ent de Nice. Les sociétés d’autoroutes ? « C’est la World Company qui, du haut de sa puissance, méprise la Nation tout entière et le cochon contribuab­le… »

« Erreur majeure : la privatisat­ion»

Eric Ciotti, dont la pétition en faveur de la gratuité a déjà rassemblé 35 000 signatures, fait amende honorable en déplorant la privatisat­ion des autoroutes françaises en 2004, par une majorité qu’il soutenait. Cette décision de Dominique de Villepin, à une époque où lui-même n’était pas encore parlementa­ire, est qualifiée de « faute grave ». Il s’explique : « Je n’aurais jamais voté un tel texte. C’est l’une des erreurs majeures des vingt dernières années. Dont nous payons les conséquenc­es. » Eric Ciotti juge que l’État s’est « appauvri ». Il propose donc que l’on sorte les autoroutes du secteur privé. Leur valeur serait évaluée à 50 milliards d’euros, alors qu’elles ont été cédées pour 14 milliards il y a une quinzaine d’années. « En vendant les bijoux de famille, on a privatisé quelque chose qui, pour moi, relève de l’existence de l’État régalien », conclut le député des A.-M. Pour Vinci-Escota, l’envolée de la facture du rondpoint des Tourrades est « une mauvaise nouvelle pour tout le monde, y compris pour nous » puisque la société fait partie des co-financeurs. Confirmant la nouvelle réglementa­tion sismique entrée en vigueur après la signature de l’accord, Vinci précise qu’il « respectera les termes de la convention ». Autrement dit qu’il paiera sa part du surcoût.

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Vent debout contre une fin de non-recevoir jugée choquante, où les élus voient pour Escota la possibilit­é « d’échapper à ses obligation­s contractue­lles » avec le soutien de l’État.

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