«Gilets jaunes»: le tourisme dans la tourmente
Les violences tournant en boucles sur les chaînes de télévision étrangères, diffusent une image négative de la France et de la Côte d’Azur. Les touristes ont peur de venir à Noël
Visage de Marianne fracassé. Arc de Triomphe souillé. Scènes de violences à Paris. Pareil à Nice et dans les autres villes des Alpes-Maritimes avec, en prime, l’économie bloquée, le trafic paralysé, des lycéens qui sèment la pagaille… Un sentiment d’insécurité galopant. C’était à prévoir : la nouvelle révolution française a un impact négatif sur le tourisme. Les fêtes de fin d’année ne se préparent pas à remplir les hôtels et les restaurants de la Côte et de l’arrière-pays. Les acteurs du tourisme local sont inquiets. Les chiffres ne sont pas encourageants. Dernière semaine de novembre : « Un léger tassement de 4 à 5 % dans l’hôtellerie et la restauration », annonce Rudy Salles, adjoint au maire de Nice. Les estimations sur les premiers jours de décembre, n’engendrent pas l’optimisme : «On est sur du moins 15, moins 20 % en confirmation d’hôtel. Il ne s’agit pas de clients qui annulent, mais qui ne réservent pas ou ne confirment pas. Ils sont dans l’attente de voir si le mouvement social français ne va pas déboucher sur une guerre civile.» L’élu au Tourisme et aux relations internationales se dit « catastrophé » quant au futur, si rien ne s’améliore (lire ci-dessous). Cet immobilisme est d’autant plus regrettable qu’avant la fronde des « gilets jaunes », les témoins clignotaient au vert : «La tendance était à la hausse, abonde Denis Cippolini, président de la Fédération de l’hôtellerie, de la restauration et du tourisme NiceCôte d’Azur. Concrètement, on était à 3 points au-dessus de l’année dernière à pareille époque, soit 60 % en taux d’occupation sur Nice. » Donc, les fêtes ne s’annoncent pas bien : «Rien n’arrive, poursuit le patron des hôteliers. Après Paris, il y a Nice et lorsque ça ne va pas bien dans la capitale, ça ne va pas bien non plus ici. »
% d’étrangers
La situation actuelle préoccupe également l’office du tourisme et des congrès de Nice, dont le directeur général, Denis Zanon, extrait les deux problématiques essentielles dans le conflit avec les « gilets jaunes » : « D’abord, l’altération de la fréquentation immédiate qu’il faudra comptabiliser dans quelques semaines. Ensuite, à court et à moyen terme, l’image dangereuse de la France qu’on renvoie à l’étranger. »
Sur l’immédiat, il convient de relativiser le comportement rétif des touristes, car « la situation présente a pour cadre un moment de l’année, où la saison est calme. À partir de novembre, on entre dans le creux de la vague. » Mais après
le creux, l’industrie du tourisme redoute de payer les messages de violence qui tournent en boucles sur les télés du monde entier. «L’image véhiculée est désastreuse. » Pourquoi? Parce que Nice, c’est 62 % de touristes étrangers à l’année. « C’est cela qui fait notre force», enchaîne Denis Zanon.
États-Unis : la panique !
Premier marché étranger: le Royaume-Uni. « Ce qui se passe ne plaît pas aux Britanniques, mais en tant que voisins, ils ont l’habitude de la France. » Deuxième marché : les États-Unis. «Là-bas, la perception de la sécurité en France nous fait du mal. Les images de voitures en feu sur la chaîne CBS, traduisent dans l’esprit des Américains, une véritable guerre civile ! » Ne parlons pas des Japonais et des Chinois, pour qui la sécurité est essentielle dans les vertus cardinales d’une destination touristique. « Pour démarcher cette clientèle chinoise qui va être très importante dans les années à venir, on aura du mal à faire comprendre que Paris en feu n’est, on l’espère, qu’un épisode temporaire », pronostique Denis Cippolini. Pour les acteurs du tourisme niçois et azuréen, comme le craint Denis Zanon, « tout cela se paiera au profit de pays plus stables comme l’Espagne, l’Italie, l’Allemagne. Avec une image aussi désastreuse du pays, on aide nos concurrents.»